D’après le résumé du rapport « L’expansion du lynx dans les Alpes » (Kora, avril 2010)
L’Agence de l’Environnement bavarois (Bavarian State Agency of Environment) a demandé aux experts du SCALP (Conservation et statut de la population de lynx alpine) de faire le point sur les données existantes concernant la dispersion de l’espèce et de discuter de la probabilité d’une recolonisation naturelle des Alpes bavaroises par le lynx. Les données en question concernent 60 animaux. Les distances de dispersion peuvent dépasser les 400 km ; toutefois, 68 % des cas documentés concernent des dispersions de moins de 50 km. La population de lynx alpine est actuellement constituée de 5 sous-populations plus ou moins isolées. Pendant ces 10 dernières années, l’aire occupée par le lynx dans toutes les Alpes a augmenté d’environ 6000 km² soit 50 %.
Actuellement, la sous-population du nord-est de la Suisse est la plus proche des Alpes bavaroises. Avec une distance de 70 km, les Alpes bavaroises se trouvent dans l’aire de dispersion de la sous-population du nord-est de la Suisse. Par ailleurs, la probabilité qu’un lynx atteigne les Alpes bavaroises dépend hautement de la disponibilité d’habitats adéquats et particulièrement de leur fragmentation. Parce qu’un lynx dispersant de la sous-population du nord-est de la Suisse pour atteindre les Alpes bavaroises doit franchir 2 autoroutes, il est probable que la plupart des animaux prendront des directions de dispersion différentes. Et parce que la probabilité que même un seul lynx atteigne les Alpes bavaroises est faible, la recolonisation naturelle et l’établissement d’un noyau de population viable dans ce secteur dans les prochaines décennies semblent vraiment incertains. Et plus un animal disperse du cœur d’un noyau de population et moins il aura de chance de trouver un partenaire.
Une analyse de viabilité de population a montré que d’un point de vue démographique, au moins 10 femelles et 5 mâles sont nécessaires pour fonder et développer une population viable. Il serait important d’analyser les mouvements des lynx face aux obstacles pour évaluer la perméabilité de ces obstacles créés par les autoroutes et voir comment les lynx « gèrent » le franchissement de tels obstacles. Enfin, il faudrait également modéliser la viabilité des sous-populations alpines existantes et évaluer leur probabilité de persistance ou d’extinction (grâce aux données de survie et de reproduction disponibles). Ces analyses pourraient fournir les bases des efforts de conservation et de gestion du lynx dans le futur.
Source : Kora