La Gazette des Grands Prédateurs n° 37 (septembre 2010)

La Gazette des Grands Prédateurs n° 37 (septembre 2010)

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Automne 2010

Éditorial par Gérard Caussimont (Naturaliste, Président du FIEP- Groupe  ours Pyrénées)

Le 26 juillet 2010, Chantal Jouanno a indiqué devant le Comité de massif Pyrénées quelles étaient les orientations de son ministère concernant la poursuite (ou non) du plan de restauration de l’ours de 2006-2009. Ces orientations ont été englobées dans « une stratégie pyrénéenne pour la valorisation de la biodiversité » concernant aussi d’autres espèces comme, le gypaète barbu, le desman, le grand tétras, le bouquetin, l’aster des Pyrénées…

Depuis 3 ans, le mouvement associatif  a participé activement au Groupe national ours dans les Pyrénées, où seuls les « anti-ours » extrêmes ont refusé de siéger. Les associations ont multiplié les propositions, répondu aux sollicitions des inspecteurs généraux, lors de la mission d’évaluation du plan 2006-2009, participé aux voyages à l’étranger avec les autres partenaires, etc.

Plusieurs associations ont fait valoir, lors d’entrevues avec la ministre, leurs arguments en faveur de la poursuite d’un vrai plan de restauration de l’ours avec  des lâchers, moins nombreux et moins médiatisés.

Aujourd’hui, à l’annonce de ce qui est prévu, nous sommes partagés : D’un côté, nous sommes  très déçus car le ministère a privilégié le « pas de vagues » avec la minorité agissante des « antis » à un véritable plan de restauration à durée illimitée que nous réclamions. Un plan où seraient prévus : la sécurité des ours, la préservation des habitats, le renforcement continu jusqu’à atteindre « un état favorable de conservation » et donc une population viable. D’un autre côté, l’annonce d’un lâcher d’une femelle en Béarn est un pas dans le bon sens. Il va permettre d’éviter l’inéluctable extinction de l’ours dans les Pyrénées occidentales françaises et espagnoles où ne survivent que trois mâles.

C’est aussi la moindre des choses car même à l’IPHB, en octobre 2004, après avoir recompté les ours, il avait été décidé, au niveau local, de lâcher deux femelles, alors que Cannelle était encore vivante. C’est la mesure que l’Etat aurait dû prendre en 2004, à la mort de Cannelle. Localement même les plus réticents nous ont avoué s’y attendre. Aujourd’hui, à cette annonce, il y a eu vraiment très peu de réactions dans la presse béarnaise.

Nous serons vigilants pour que ce lâcher devienne une réalité au printemps 2011.

Mais ne nous y trompons pas, lâcher une femelle empêchera sans doute le « noyau relictuel » occidental de disparaître dans l’immédiat. Mais on en revient à la situation de 2004, au bord de l’extinction. Le mouvement associatif n’a cessé et ne cessera de réclamer au moins 2 femelles en Béarn et à promouvoir la poursuite d’autant de lâchers qu’il faudra sur l’ensemble des Pyrénées jusqu’à obtenir  une population viable.

Éditorial Gazette n° 37 :

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Edito 37

Sommaire :

Actus loup « Sarkozy, le loup et l’agneau »

Extrait : Dans le cadre du Plan Loup, une enquête a été organisée pour mesurer, auprès des personnes les plus concernées, la portée du dispositif mis en place pour assurer la compatibilité de la présence du loup et des activités pastorales. Confiée à Anne Lalo, cette enquête ne s’adresse pas au grand public, ce n’est pas un sondage classique. Elle concerne des populations-cibles,  les éleveurs bien entendu, mais aussi les agents de l’ONCFS, des parcs nationaux et régionaux, les élus locaux, les chasseurs et les protecteurs de la nature. Pour « incarner » cette dernière catégorie, Anne Lalo a retenu la FRAPNA et FERUS.

Actus ours « Oui à l’ours dans les Pyrénées ! (ter)». Par Sabine Matraire

Extrait : Précisons que la décision de lâcher une ourse en Béarn en 2011 n’est pas un désir de l’État français de sauver l’ours mais uniquement une volonté de satisfaire la commission européenne qui exige que le noyau béarnais ne disparaisse pas, l’Europe menaçant en toile de fond de supprimer ou suspendre en 2013 les aides à l’agriculture en montagne, et donc aux éleveurs pyrénéens, si la France ne prend pas un minimum de mesures pour restaurer la population d’ours dans les Pyrénées. L’Etat français affiche donc une volonté d’obtenir une population viable d’ours dans les Pyrénées à partir de l’existant, sans renforcement par de nouveaux lâchers, mais ne prend aucune mesure concrète pour aider le développement de la population présente …

Tribune ours. Par François Arcangeli

Extrait : D’un point de vue purement biologique, il faudrait probablement relâcher d’une seule fois 9 ou 10 plantigrades, comme l’ont fait avant nous les Italiens avec succès. Mais parce qu’en montagne les chemins les plus courts sont souvent les plus rudes, en recherchant donc aussi la voie la plus « partagée», les associations environnementales avaient fait de leur côté des propositions particulièrement mesurées. Nous attendions donc un plan dynamique inscrit sur la durée, avec le lâcher d’un ours (ou deux) chaque année, jusqu’à avoir reconstitué une population viable d’ours. Nous en sommes donc loin.

PV de l’Assemblée Générale, 2ème partie

Bilan du suivi hivernal loup 2009-2010

Extrait : Pour l’hiver 2009-2010, on compte 27 ZPP (Zones de présence permanente) contre 26 l’hiver précédent. Parmi ces 27 ZPP, 20 sont constituées en meute. Si on peut se réjouir d’une 27ème ZPP (nommée Céüse-Aujour, Hautes-Alpes), 5 ZPP ont un statut incertain car aucun indice de loup n’a été récolté cet hiver : Lure (04), Taillefer-Luitel (38), Galibier-Thabor (73), Bauges (73) et Monts du Cantal (15). Si l’absence d’indices devait se confirmer l’hiver 2010-2011, ces secteurs perdraient leur statut de ZPP. L’Effectif minimum hivernal (EMR, il s’agir des loups sédentaires) recense 62 à 74 loups soit une diminution par rapport à l’hiver précédent (EMR : 73 à 80). En ligne !

Nouvelles de terrain des ours. Par Mathieu Krammer

Extrait : La génétique a par ailleurs apporté la confirmation que les deux premières oursonnes de Hvala nées en 2007 (Pollen et Bambou) ont été conçues en Slovénie. Pour rappel, Hvala fut lâchée le 17 mai 2006, c’est-à-dire en pleine période de rut. Le fait que ces ourses ne soient pas des descendantes de Pyros est une bonne nouvelle, mais ne doit pas masquer le risque de faible variabilité génétique de la population qui ne manquera pas de poser des problèmes dans les années à venir.

Comment assurer la tranquillité indispensable aux ours des Pyrénées ? Par Jean Lauzet

Extrait : Pour ce qui est de l’exploitation forestière, les forêts pyrénéennes ne sont pas non plus les seules concernées. Si l’on considère certains secteurs de la taïga d’Europe du nord, il est même surprenant de constater que l’ours survit dans des forêts de production où, par portions de plusieurs dizaines d’hectares, la quasi totalité de la forêt est coupée à ras, puis laissée tranquille pendant une trentaine d’année avant d’être à nouveau exploitée. Ces vastes milieux uniformes n’ayant que peu à voir avec les Pyrénées, il serait osé d’affirmer que les ours s’accommoderaient chez nous des coupes rases. Par contre, la gestion des forêts slovènes très semblables à la notre, démontrent que les ours sont capables de s’adapter à cette exploitation qui consiste à prélever les plus beaux arbres sans bouleverser le milieu. En ligne !

Des rencontres inoubliables. Par Olivier Güder

Extrait :  Bientôt le jour décline fortement, et la vision diminue progressivement. Heureusement la journée avait été fort belle, et la neige permettait de maintenir longtemps une certaine visibilité dans les sous-bois. Il est presque 20h, et nous commençons à nous poser des questions, car nous sommes immobiles depuis 2 heures, la visibilité devient limite, et malgré notre équipement le froid commence à se faire bien sentir… Et soudain un mouvement …Dans nos jumelles sont apparues 1, puis 2, puis 3 grandes silhouettes passant entre les arbres et se détachant nettement sur la neige…Les loups !!!  Ils sont là !!!

Préparons le retour possible du phoque moine. Par Stéphane Nataf

Extrait : Contre toute attente, il y a cependant peut-être une toute petite lueur d’espoir : premièrement parce que la population atlantique du Cap blanc (Mauritanie) reprend peu à peu une dynamique de croissance après une mortalité catastrophique des deux tiers due à un virus ou à une algue toxique en 1997. Ainsi la population qui était tombée de 300 à une centaine d’individus est remontée à environ 150 phoques (la barre des 50 naissances a même été dépassée en 2009). Il est à noter que c’est le seul endroit où le phoque moine de Méditerranée a pu conserver son comportement social en constituant des colonies. De plus, pour la première fois en 2009, une femelle a mis bas et allaité sur une plage, ce qui tend à prouver que l’espèce pourrait reprendre son comportement naturel si elle était durablement protégée.

Le projet phoque moine. Par Gilbert Simon et François Moutou

Extrait : Puis le ministère entreprit la recherche d’un lieu pour la reproduction en captivité. Des installations adaptées n’existaient pas à Océanopolis, La Rochelle, trop exigu, avait décliné, Pieterburen (centre néerlandais qui soigne les phoques de mer du Nord) aussi. Construire et faire fonctionner ex nihilo un tel centre auraient été trop coûteux. Finalement, c’est le Marineland d’Antibes qui s’est proposé, car son directeur Mike Riddell était passionné de mammifères marins et connaissait bien le directeur du PN de Port Cros de l’époque. Cela aurait de plus redoré son blason. Le ministère signa un accord avec le Marineland qui prenait tout en charge. Le bassin et la zone de vie des phoques moines ne devaient en aucun cas être accessibles à des non-scientifiques. En 1987 les divers accords nécessaires furent  obtenus, France (CNPN), Maroc et Mauritanie (les grottes ne sont pas en Mauritanie mais on part de Mauritanie pour y accéder), accord du comité scientifique. De violentes critiques ont alors été émises, y compris par des partenaires, contre ce volet de création d’un groupe captif de reproduction. Ce fut le cas du centre de Pieterburen et de ses scientifiques, puis du WWF, de la Fondation de Bellerive et de la SPA au nom du caractère « inacceptable » des spectacles de cétacés. Selon le cas, c’était le principe de la capture ou le lieu de détention qui posait problème.

Un nouveau centre du loup : uomini e lupi. Par Daniel Madeleine

Extrait : C’est à Entracque, dans le « Parco naturale delle Alpi Maritimi », ancienne réserve de chasse du roi Victor Emmanuel, le versant italien du parc national du Mercantour, qu’un nouveau lieu pédagogique dédié au loup vient de voir le jour. Il a été officiellement inauguré le 12 juin 2010, après plusieurs années d’attente de décisions, de travaux, de recherche d’animaux … Gaston Franco, le dynamique maire de St Martin de Vésubie, grand artisan du parc Alpha situé dans sa commune, a participé aux festivités, les 2 structures étant jumelées.

Galerie « Jeunes ours en Val d’Aran » par l’association DEPANA et Oriol Alamany

Et toujours, les rubriques Brèves internationales, vie associative, la vie des réseaux…

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