Hiver 2011
Editorial Daniel MADELEINE
ENTRE CHIENS ET LOUPS…
« Le premier art de l’homme a été l’éducation du chien et le fruit de cet art, la conquête paisible du monde » écrivait Buffon au XVIIIe siècle. Notre grand naturaliste semble bien s’être trompé. En effet, la domestication du loup n’avait pas pour but d’en faire un animal de compagnie, mais bien d’utiliser ses aptitudes naturelles de prédateur pour en faire un auxiliaire de chasse puis un animal de défense, d’attaque et même une machine de guerre. Dans sa mission de valet des chasseurs, le chien a même donné un sacré coup de main pour l’extermination de son ancêtre sauvage et naturel.
Aujourd’hui en France, la population des chiens serait de 8 millions d’individus, autant que la population des moutons français !
Si j’en crois diverses associations pro-pastorales, la cohabitation entre l’élevage et les grands prédateurs est impossible, ils aimeraient nous persuader que 8 millions de chiens font moins de dégâts en France que 150 loups, 20 ours et 150 lynx ! Comment croire que tous ces chiens capables d’échapper à la surveillance de leurs maîtres pour se rendre coupables de tant d’attaques sur des humains ne sont pas capables de faire encore plus de dégâts sur des populations animales domestiques et sauvages.
Le Chasseur français de septembre 2001 dans un article intitulé « Le fléau des chiens errants » explique que chaque année, c’est plus de 1% du cheptel national, ovins et caprins, qui est décimé par les chiens, soit prés de 100 000 animaux. Les statistiques sont très variables et très floues selon les sources et vont de 0,25% du cheptel national victime des chiens à 5%. La vérité se situe certainement entre ces 2 chiffres.
En cas de prédation douteuse, le doute doit profiter à l’éleveur. Autrefois, au Groupe Loup France et maintenant à FERUS, nous avons toujours milité pour cela. En cas d’attaque sur un troupeau, on a des certitudes sur un peu moins de 50 % des cas : loups ou chiens ; et soit on indemnise soit on n’indemnise pas, les 50% restant étant indemnisés au bénéfice du doute…et comptabilisés loup en fin d’exercice ! Certains ont tant de facilité à transformer un doute en certitude, cela leur permettant de transformer les prédateurs en coupables idéaux, que nous approchons, je pense, des limites de ce système.
Par rapport aux intérêts humains, la nature est toujours coupable… Jamais les hommes ou ses meilleurs amis.
Aujourd’hui, dans notre société moderne, nous sommes capables de supporter toutes les contraintes que nous avons inventées mais nous sommes incapables de supporter la moindre contrainte qui vient de la nature.
Face à l’ambiance délétère qui règne sur tous les massifs, face au poison et aux braconnages de plus en plus importants soi-disant justifiés par une croissance énorme de la prédation et l’inefficacité de la prévention, NOUS AVONS BESOIN DE VOUS pour nous aider à rétablir la vérité sur les dégâts des chiens divagants.
A l’aube de cette nouvelle année, je voudrais vous souhaiter à tous, au nom du conseil d’administration de FERUS, une année de militantisme, de joie, bonheur et santé… et souhaiter à Mère Nature que l’ensemble de l’humanité prenne conscience de sa fragilité pour le bien commun de tous les êtres vivants.
Daniel MADELEINE, administrateur de FERUS
Sommaire
« Cadavres de louves à la pelle » par Gilbert Simon et Sandrine Andrieux
« Un berger en colère » par Jean
« A l’attention de Madame la Ministre » par Sabine Matraire
« Le loup dans 10 ans » par Mathieu Krammer
« Parole d’ours – Paroles d’encadrant » par Renaud de Bellefon
« PastoraLoup, retour sur la saison 2011 » par Julie Bonnet
« Le loup ibérique: une perspective globale du conflit autour de la cohabitation » par Rubén Portas
« Sur les traces du lynx ibérique » par Daniel Madeleine
« Les programmes pour la conservation de l’Ours brun dans les Asturies : Une nouvelle perspective pour la sauvegarde de la population d’Ours brun dans les Pyrénées ? » par Marie Barneix
« Pastoralisme et ours : un autre regard » par Alain Reynes
« Flashback : 1983, lâchers des lynx dans les Vosges » par Anthony Kohler
– Et toujours, les rubriques Brèves internationales, vie associative, la vie des réseaux…
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2 commentaires sur “La Gazette des grands prédateurs n° 42 (décembre 2011)”
Chaque fois que l’on fait le bilan des pertes annuelles de moutons et autres animaux d’élevage, dues au loup il faudrait mettre en face, et de manière bien apparente, le nombre d’animaux de même type tués ou morts à cause des chiens errants.
Les chiens ont tous les droits , ils sont les symboles de la civilisation et de la domestication . Ils appartiennent , surtout dans les pays riches, au règne tout puissant de l’homme sur la planète et rien ne sera fait contre eux . Il sera beaucoup plus facile de s’attaquer à la grande faune , ours , loup, lynx ,vautours etc … car ils représentent les symboles d’une nature dont la domination ,la maîtrise et la gestion sont depuis toujours un leitmotiv pour l’homme . Certains humains se croient investis d’une mission de conquête perpétuelle sur la nature et le sauvage qui la caractérise et sont en lutte permanente contre les espaces qui soi-disant se ferment . La mauvaise herbe et la mauvaise graine étant l’injure suprême faite à la domestication des territoires et à la survie de l’homme ! Dans ce cercle vertueux où gravitent les extrémistes pastoraux et où la biodiversité est choisie pour des raisons purement économique , il sera plus facile de mettre la nature en pot et d’enfermer à double tour les loups et les ours que d’enfermer les chiens ou de les tenir en laisse … Quand , avec l’appui des élus locaux, les arguments de trop d’éleveurs sont des divagations et des errements les chiens ne peuvent faire que de même avec hélas les résultats et les perspectives que l’on connait . Il y a dans la nature, comme en politique , des boucs émissaires qui font la fortune d’ambitions hégémoniques qui ont bien peu de légitimité éthique et de raison d’être .
Je vous adresse moi-même pour 2012 des souhaits que je voudrais écologiques pour la biodiversité et notre patrimoine naturel dont les futures générations porteront l’héritage . Mais ne soyons pas trop naïfs nos concitoyens sont dans leur majorité beaucoup plus préoccupés par la perte du triple A que par la perte de notre grande faune dont l’ours béarnais est depuis des années l’exemple le plus significatif . Qu’importe que le toit de notre Maison Mère s’écroule si les murs de la banque tiennent bon .