Juillet 2020
Éditorial par Yves Paccalet, vice-président de FERUS
Prédateurs, protecteurs, séducteurs
La population humaine explose, vaque, brasse et se mêle. Les migrations s’accélèrent. Les guerres et les glorieux assassinats jettent sur les routes des cortèges de réfugiés. Dans le même temps, nous saccageons les ultimes milieux naturels de la planète. Nous rasons les forêts. Nous pillons les océans. Nous modifions les climats.
Nous ouvrons ainsi une boîte de Pandore bien plus menaçante que celle de la mythologie grecque. Depuis des millénaires, nous avons appris à vivre avec une cohorte de parasites qui nous veulent du mal, mais que notre système immunitaire contrôle à peu près. Aujourd’hui, des virus et des bactéries confinés (mais oui !) dans le sol ou dans de discrets « réservoirs » animaux, entrent en contact avec nous. S’ensuivent des « pestes » nommées sida, chikungunia, zika, singe vert, Marburg, Ebola, Lassa, West Nile, hantavirus, SRAS, H1N1, etc., désormais coronavirus, alias Covid-19.
Face à ces périls, nous avons peu d’armes : « distanciation sociale », lavage des mains, masque, confinement (à notre tour !), avec un arsenal réduit de médicaments, dans le meilleur des cas un vaccin. Or, nous disposons d’un autre système de défense : les milieux naturels en bonne santé. Il n’existe pas mieux pour nous protéger de nos petits parasites. Ces espaces comprennent un grand nombre d’espèces, parmi lesquelles des « clés de voûte » : les grands prédateurs. Ceux-ci garantissent la cohésion et la solidité de l’édifice. Les loups, les ours, les lynx, les requins ou les orques, en format plus modeste les renards, les chacals ou les mustélidés, sous d’autres latitudes les lions, les tigres ou les pumas, occupent ces postes décisifs.
Les prédateurs nous protègent à condition que nous les protégions. Mais il y a davantage… Comment évaluer, pour nos enfants, l’importance de savoir que le loup du Petit Chaperon rouge trotte encore « pour de vrai » dans la forêt ? Ou que les héros des Trois petits ours hantent réellement la montagne ?
Les grands prédateurs incarnent des séducteurs. Et le spectacle de leur beauté est gratuit… En les anéantissant, ainsi que la faune et la flore qui leur sont associées, nous nous passerions d’espèces uniques, que l’évolution a perfectionnées durant des millénaires. Nous nous couperions surtout des racines de notre culture. Nous renierions une large part de notre civilisation. Nous nous séparerions de ce qui nous a fait hommes bien avant l’invention du fusil, de la tronçonneuse ou du bulldozer. Nous nous isolerions de nombre de nos récits mythologiques, de nos livres, de nos peintures, de nos films, de nos bandes dessinées ou de nos jeux vidéo. Nous priverions nos enfants de leurs plus beaux rêves.
Sommaire :
- Info asso
- Dernière minute : un ours abattu en Ariège et une manifestation à Toulouse
- Actus loup. Tirs de loup : pas de répit pendant le confinement. Par Sandrine Andrieux
- Actus Ours. Gros ours et gros sous. Par Patrick Leyrissoux
- Actus lynx. Destruction illégale de lynx, ça continue ! Par Olivier Guder
- Le loup dans les bulles. Par Annie Moreau et Karim Sébastien
- Les dernières nouvelles d’Api Ours
- Comment suivre une population de loups et pourquoi ? Par Roger Mathieu
- 52 ours, 5 portées, 10 oursons en 2019. Par Sabine Matraire
- Brèves du monde
- Le festin des loups. Par Quentin Sabatier
- Instant privilégié. Par PF
- Galerie. Lynx dans le Jura. Armand Tillet et Emile Wantz
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