Printemps 2011
Editorial par Thierry de Noblens
Le Loup dans les Pyrénées : Une réalité pour l’instant discrète. Et aussi un mal-aimé parmi beaucoup d’autres.
Les lecteurs de La Gazette des Grands Prédateurs ont pour la plupart suivi la progression du Loup venant d’Italie à travers les Alpes, le Massif Central et maintenant les Pyrénées : massif des Madres et du Carlit en Pyrénées-Orientales, versant espagnol de la Catalogne et récemment la Haute-Ariège, puisqu’un loup aurait peut-être tué une brebis dans ce département. L’affaire a été traitée le 16 novembre 2010 et indemnisée au bénéfice du doute en Commission d’Indemnisation des Dégâts d’Ours.
Je ne veux pas m’étendre sur la nécessaire protection des troupeaux en montagne, tout ayant déjà été dit (et pour partie seulement mis en place), suite à la réintroduction des huit ours slovènes de 1996 à 2006. Seul détail d’importance, cette protection devra se développer fortement, le loup étant contrairement à l’ours un carnivore pur et un chasseur en meute.
Il faudra cependant attendre plusieurs années, peut-être une décennie ou deux pour qu’il occupe à nouveau l’ensemble de la chaîne pyrénéenne. Des individus venant de l’ouest peuvent aussi déjouer les prévisions, s’ils arrivent à franchir le Pays Basque espagnol.
Mais je voudrais surtout mettre l’accent sur la mauvaise réputation du loup en général, et auprès des éleveurs en particulier, qui fantasment sur le coté « prédateur impitoyable, destructeur de troupeaux », que l’on a déjà attribué auparavant à nos ours d’« origine slovène ».
Pour défendre (farouchement) le loup ou l’ours, il me semble important de comprendre à quel point l’homme peut devenir intolérant et destructeur dès qu’un animal le gène et quel que soit cet animal, c’est-à-dire que point n’est besoin de « décimer des troupeaux » pour avoir droit à un mauvais sort. Avez-vous réfléchi au fait que même les animaux dénommés utiles ou « sympathiques » n’ont pas le droit de perturber notre confort. Ainsi les hirondelles de fenêtre, dont les simples déjections entrainent la destruction de milliers de nids partout en France, idem pour les chauves-souris, auxquelles nous interdisons l’accès à nos greniers, et avez-vous remarqué le nombre de poisons qui remplissent les rayons des magasins et qui sont destinés aux taupes, aux loirs, aux lérots, etc. Quel empressement n’a-t-on pas mis à détruire les pigeons bisets dans certaines villes, suite à l’épisode de la grippe aviaire ?
Ne parlons pas d’animaux tels que les renards, les martres, les blaireaux, les hérons, les grands cormorans, voire les buses variables, tous cordialement détestés par certaines catégories de la population (éleveurs, chasseurs, pêcheurs…).
En réalité la liste des animaux qui « dérangent » peu ou prou est considérable.
Nous ne supportons pas ces « perturbateurs » car nous ne nous supportons pas en tant qu’animal humain.
Dans ce contentieux psychiatrique, bien sûr les prédateurs sont en haut de la liste rouge et le loup en tête de liste. Pour redevenir raisonnables, c’est-à-dire ne pas détruire tout ce qui bouge, tout ce qui vit autour de nous, et retisser le lien qui nous relie aux autres êtres vivants, l’acceptation du loup est incontournable.
Thierry de Noblens
Membre du Comité Écologique Ariégeois, secrétaire général adjoint du CIAPP (Conseil International Associatif pour la Protection des Pyrénées)
Sommaire :
Petit point sur le loup dans le Var, par Hervé Boyac et Mathieu Krammer
Extrait : L’annonce du retour du loup sur le massif de la Sainte-Baume en 2009 a largement été relatée dans le milieu naturaliste, et dans une moindre mesure dans la presse locale. Pour rappel, plusieurs crottes récoltées dans le sud-est du massif, avaient permis d’identifier un loup mâle, non suspecté jusqu’alors.
Actus loup/lynx : « Double plainte de FERUS »
Extrait : L’enquête ouverte pour le braconnage du lynx ayant eu lieu à Molunes (39) en novembre dernier a permis d’identifier un suspect. On a par la suite appris que ce suspect avait été mis en examen. Son procès aura lieu le 11 mars prochain à Lons-le Saunier, FERUS y sera représenté en tant que partie civile par l’intermédiaire de Maître Richard. (Source : Le Progrès du 17 et 25 décembre)
Actus ours : « Un espoir pour l’ours en Béarn… Le lâcher d’une femelle en 2011 », par Sabine Matraire
Extrait : En 2010, sur une mortalité en estive estimée à 20-30 000 bêtes d’élevage, seules 167 bêtes sont des dégâts d’ours. Depuis 1996 (et même depuis 1979 en Béarn), la démonstration est faite que ours et bergers peuvent vivre en – semble et que les mesures pour la cohabitation ours/élevage profitent à tous, y compris aux éleveurs dans leurs conditions de vie et de travail en estive.
Le bilan de l’action pastoraLoup, édition 2010
Extrait : Seize éleveurs essentiellement d’ovins sédentaires ont bénéficié de l’aide des bénévoles de FERUS. En moyenne, leurs troupeaux comptaient de 500 à 700 moutons et étaient localisés en Zone de Présence Permanente du loup. 62% des troupeaux ont été touchés par la prédation en 2010.
Le chacal doré, bientôt une nouvelle espèce de mammifère en France? par Mathieu Krammer
Extrait : Le chacal est-il toujours en expansion en Slovénie ? Oui, le chacal est toujours en expansion en Slovénie bien qu’elle soit plus lente depuis ces 10 dernières années. Nous avons des groupes familiaux territoriaux, confirmés pour la première fois il y a 2 ans grâce à l’étude de la Dinaricum Society.
Les grands carnivores de Slovénie, par Miha Krofel
Extrait : La Slovénie est l’un des quelques pays européens où les trois espèces de grands carnivores coexistent encore aujourd’hui. La plus grande partie des populations d’ours brun, de loup gris et de lynx boréal vit dans le sud du pays – dans les Monts Dinariques.
La forêt en Slovénie, par Vincent Vignon
Extrait : Entre 1985 et 1990, je suis allé quatre fois en Slovénie. J’ai voulu prospecter les forêts sans avoir à priori de sites ciblés. Avec quelques naturalistes, nous avons trouvé des forêts remarquables autour de Ribnica, Kocevje et la Kolpa (frontière croate) avec des futaies jardinées ou mélangées comprenant des grands arbres. Nous avons observé le grand tétras, la gelinotte (régulière sur certaines lisières), le chat sauvage, l’ours, le lynx, ou encore d’importantes populations d’amphibiens…
Comment ont disparu les ours pyrénéens, par Jean Lauzet
Extrait : L’année 2010 aura vu la disparition du dernier ours pyrénéen. Il y a pourtant moins de 20 ans, il existait en Pyrénées occidentales une petite population comparable à celle des Pyrénées centrales avant les lâchers de 2006. Comment en est-on arrivé là ?
Résultats des analyses génétiques ours : seconde session 2010, par Mathieu Krammer
Extrait : Le laboratoire d’Ecologie Alpine de Grenoble a fourni en janvier 2011 les résultats des analyses génétiques des échantillons de poils et de crottes d’ours collectés entre le 1 février et le 29 septembre 2010 pour les Pyrénées occidentales et entre le 1er mai et le 29 septembre 2010 pour les Pyrénées centrales et orientales.
Et toujours, les rubriques Brèves internationales, vie associative, la vie des réseaux…
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1 commentaire sur “La Gazette des grands Prédateurs n°39 (mars 2011)”
eh oui !! le plus grand prédateur ou plutôt devrais je dire destructeur de la planète ce n’est pas le loup ou l’ours ni même le lynx, non c’est bien l’homme.
L’homme, qui ce dit être l’être vivant le plus intelligent de la planète. Donner moi une seule espèce animale qui détruit son environnement, qui éradique la totalité de ses proies, ou de ces ennemis prédateurs, je n’en vois aucun.
et vous ???
alors messieurs les chasseurs-éleveurs, attention, votre intolérence envers ces animaux, devient insupportable.