AFP, 20 février 2009
La Macédoine essaye de sauver le lynx des Balkans
MONTAGNE DE GALICICA (Macédoine) (AFP) — La Macédoine tente de sauver le lynx des Balkans, l’un des symboles du pays, victime des braconniers et menacé d’extinction avec une population réduite aujourd’hui à quelques dizaines d’individus dans l’ensemble de la région.
Dans le parc national de Galicica, dans l’ouest du pays, non loin de la frontière avec l’Albanie, des caméras disposées à travers la montagne par la Société écologique de Macédoine observent le moindre mouvement du félin.
« Le lynx n’a pas d’autre ennemi naturel que l’homme », estime Georgi Ivanov, un écologiste chargé de recenser la population se déplaçant encore dans le parc.
Dix-neuf caméras en tout observent les habitudes de l’animal en liberté qui, avec les ours et le chamois, est l’une des espèces les plus gravement menacées dans le pays.
Selon les estimations, il ne reste plus qu’une quarantaine de lynx des Balkans encore en liberté dans les montagnes de Macédoine et d’Albanie, contre une centaine encore il y a moins de trois ans, un nombre indispensable pour assurer la reproduction de l’espèce.
Au Monténégro et au Kosovo voisins, on en compte une trentaine et l’animal a totalement disparu de Serbie.
« Cela s’explique principalement par la chasse illégale, la destruction incontrôlée des forêts et la pollution », explique à l’AFP Dime Melovski, un biologiste de la Société écologique de Macédoine. Mais l’animal dispose aussi d’un « faible potentiel reproductif ».
Dans cette région très pauvre, le lynx des Balkans est apprécié des braconniers pour le prix de sa fourrure jaunâtre tachetée, semblable à celle d’un léopard.
Le lynx des Balkans est une espèce protégée depuis 1948 et les chasseurs risquent gros en tuant l’animal : des peines de prison allant de cinq à huit ans. Théoriquement tout du moins, car personne jusqu’à présent n’a été jugé pour de tels faits.
Long d’environ un mètre, atteignant 65 cm de hauteur et pouvant peser de 12 à 35 kg, le lynx des Balkans est d’un naturel farouche et s’enfuit à la moindre alerte. Il ne s’attaque pas à l’Homme.
Dans le cadre du même projet de protection de l’animal, des caméras d’observation ont été placées dans le parc national de Mavrovo, dans l’ouest de la Macédoine, ainsi qu’en Albanie, en coopération avec l’organisation KORA basée en Suisse, Euronatur (Allemagne) et avec l’Institut norvégien pour la nature.
« Le projet sera achevé d’ici la fin 2009. Au cours des trois dernières années, nous avons effectué plusieurs études et disposé des caméras en plusieurs endroits », a indiqué M. Melovski.
Pour l’écologiste Aleksandar Stojanov, le seul moyen de sauver le lynx des Balkans est de « réduire les menaces et d’augmenter le nombre des espaces montagneux protégés, en leur donnant le statut de parcs nationaux ».
La collaboration des villageois de la région est également nécessaire, certains d’entre eux considérant le lynx des Balkans comme un véritable « fléau qui tue le bétail », précise-t-il.
« Nos données montrent cependant que l’animal a provoqué des dégâts à quatre occasions seulement. Et c’était tout à fait minime », ajoute-t-il.
Certaines méthodes, telles que la reproduction artificielle appliquée notamment en Suisse, ne peuvent être appliquées dans le cas du lynx des Balkans.
« Un tel programme nécessiterait qu’un certain nombre d’animaux soit retenu en captivité le temps de leur reproduction, mais nous ne pouvons appliquer cette méthode ici sans perturber d’avantage un équilibre déjà fragile », a indiqué M. Melovski.
Le lynx des Balkans fait presque figure de symbole national dans le pays et les autorités de Macédoine, indépendante depuis 1991, ont choisi de représenter l’élégant félin sur la monnaie nationale, le denar, ainsi que sur des timbres.