Communiqué de presse ASPAS
Le 25/02/2009
La martre et la belette piégées par Sarkozy
Une nouvelle fois, la martre et la belette changent de statut juridique. Sorties en 2002 de la liste des espèces dites « nuisibles », puis réintégrées, puis ressorties en 2008 grâce à Jean-Louis Borloo (1), elles sont à nouveau précipitamment intégrées par le ministère de l’écologie ! Ce qui reste du Grenelle prend un nouveau coup. La réalité biologique du statut de « nuisible » aussi.
Nul argument technique ou scientifique à ce revirement, mais une simple raison politique. Le président Sarkozy, à l’approche des élections européennes, est à la chasse aux voix. Et celles des chasseurs lui ont été promises par la puissante Fédération nationale des chasseurs en échange de quelques cadeaux, aux rangs desquels le retour immédiat de ces deux mustélidés sur la liste des espèces « nuisibles ». Nicolas Sarkozy a assuré les chasseurs de son soutien dans un courrier qu’il a adressé aux chasseurs le 16 février. Les décisions n’auront pas tardé.
Camouflet pour le ministre de l’Ecologie. Coup de poignard présidentiel dans SON Grenelle de l’Environnement. Mais victoire sur toute la ligne pour la tendance la plus extrémiste de la chasse française.
Cette valse hésitation du statut juridique de deux espèces démontre en tout cas le manque total de fondement biologique de la notion de « nuisibilité ». Toutes les études scientifiques réalisées en Europe prouvent que le régime alimentaire de ces deux mustélidés n’est en rien dommageable à la biodiversité ni aux élevages. Au contraire, ces gros consommateurs de rongeurs sont très utiles à l’agriculture et à la sylviculture. La seule chose qui motive la destruction de ces deux animaux, c’est le fait de pouvoir s’amuser à les piéger toute l’année. Le nombre des piégeurs est en hausse permanente depuis des années, mais pas celui des mammifères : on ne connaît même pas l’état des populations de martre dans la plupart des départements.
Curieux décalage entre le monde de la chasse et les réalités biologiques. Curieux décalage entre le président de la République du Grenelle de l’Environnement et celui de la chasse aux voix des chasseurs.
(1) En 2003, Roselyne Bachelot avait réintégré la martre et la belette, mais aussi le putois, dans la liste des espèces « nuisibles » d’où Yves Cochet les avait sorties en 2002, comme Jean-Louis Borloo en décembre 2008. De quoi en perdre son latin.
7 commentaires sur “La martre et la belette piégées par Sarkozy”
« Dans de nombreux pays européens ( Pays-Bas, (…) il bénéficie du statut d’espèce protégée »
la Hollande, parlons en ? comme par exemple pour les oies sauvages qui y sont protégées ? on voit où ça mène : ils sont obligés de les gazer (tiens, on a le droit de détruire une espèce protégée ?) ! c’est effectivement une très grande victoire de l’écologie bobo !
Moralité, la protection est une chose trop sérieuse pour la laisser aux mains de soi disant « protecteurs »…
Un certain nombre de chasseurs refusent la notion de nuisible et la pratique de la chasse, dont beaucoup de jeunes ayant f ait le bta gestion de la faune sauvage. Une solution pour avoir le permis de chasse, obligation en cours du soir au même niveau en biologie écologie que le bta gestion de la faune sauvage. Je pense qu’on retrouvera alors en chasse que les vrais chasseurs, pas les faux chasseurs qui ne pensent qu’à tirer et rentabiliser leur permis de chasse. Et annuler la notion de nuisible, rendre exceptionnel le piégeage (et interdit sur faune indigène).
pour répondre à Bernard, des actions sont en cours au niveau juridique : elles seront sur le site en temps voulu. bon we à tous !
PETITION
Non à la journée départementale de déterrage en Haute-Marne du 27 juin prochain
Monsieur le préfet de Haute-Marne
Malgré les protestations que nous n’avions pas manquées de proférer l’an dernier dans pareilles circonstances, la fédération des chasseurs de la Haute-Marne renouvelle le 27 juin prochain sa journée départementale de déterrage. Cette opération particulièrement traumatisante pour les animaux, consiste à acculer un blaireau au fond de son terrier à l’aide de chiens, puis à creuser une tranchée avec des pelles ou autres outils de terrassement, pour le saisir après plusieurs heures d’acharnement à l’aide de pinces métalliques. Nous nous insurgeons que de telles pratiques existent encore à l’heure du Grenelle de l’Environnement et alors même que la France s’est fortement engagée pour le maintien de la biodiversité. En effet, s’il est encore chassé en France, le blaireau ne fait pourtant plus partie de la liste des espèces nuisibles depuis 1988. Dans de nombreux pays européens ( Belgique, Pays-Bas, Espagne, Italie, Irlande, Grèce, Grande-Bretagne, Luxembourg…) il bénéficie du statut d’espèce protégée dans la mesure où il est considéré comme indicateur de biodiversité et du bon fonctionnement de grands ensembles paysagers. Il facilite la régénération et la dispersion de certaines graines. Il participe sans doute à la régulation de pullulation de rongeurs en forêt. Espèce patrimoniale fragile, elle est référencée par l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature parmi les espèces à surveiller. Nous nous étonnons donc de la tenue d’une telle journée en pleine période de reproduction. En outre, la destruction des terriers impacte également sur d’autres espèces ( chat forestier, chauves-souris, amphibiens…) qui profitent également de ces abris lorsqu’ils sont abandonnés par leurs premiers occupants.
Notamment accusé de véhiculer l’échinococcose, le renard est également concerné par ce type de chasse. Il est pourtant loin d’être prouvé que l’éradication du renard ferait disparaître ou même diminuer la fréquence de cette maladie qui peut être contractée par l’homme et avoir des conséquences graves ( une dizaine de décès par an ). On peut avancer, sans grand risque, que cette éradication dans notre région, aurait pour conséquence un appel à l’arrivée des renards contaminés venus d’Europe Centrale (notamment de Suisse, d’Autriche et d’Allemagne où se trouve le foyer de la maladie) qui occuperaient la niche écologique ainsi laissée vacante. D’autre part, le renard joue lui aussi un rôle indéniable dans la régulation des populations de rongeurs puisque chaque individu en consomme plusieurs milliers par an. Sans cette prédation, il est à craindre que les populations de rongeurs et notamment des campagnols viendraient à exploser. Or ces petits mammifères sont également des vecteurs importants de cette maladie qui verrait alors son aire de propagation s’étendre davantage.
Rien ne justifiant donc une telle opération, nous vous demandons donc de l’interdire considérant qu’elle va nuire à la faune sauvage en perturbant un nombre important d’animaux et en détruisant leurs terriers.
En vous remerciant par avance et avec nos salutations les plus distinguées.
Cette pétition est conjointement menée par la LPO Champagne-Ardenne et l’association Nature Haute-Marne
http://www.lapetition.be/en-ligne/non-la-journe-de-dterrage-du-blaireau-en-haute-marne-3940.html
Bonne réponse. Alors, qu’en est-il de l’ours, par exemple ? LE 27 mars 2008, le Fiep et Sepanso ont déposé une plainte contre l’Etat Français. Vu la tournure que prend le GNO, allez-vous suivre le pas ?
Salut Greg
Même si Ferus peut soutenir les initiatives des associations amies en faveur du déclassement des nuisibles, notre association reste concentré sur ses objectifs : l’ours, le loup et le lynx (et il y a déjà fort à faire…)
une fois que cela est dit, qu’est-ce que les associations ROC, FNE, Ferus, WWF attendent-elles pour faire fléchir le président et les chasseurs, via une pétition une manifestation, une campagne publicitaire ?????