La population de loups gris présente sur l’Isle Royal, une île située dans la région des Grands Lacs, proche des côtes canadiennes, est en danger d’extinction. Si elles venaient à mourir, cela remettrait sérieusement en doute la pérennité de la population de loups gris qui vit sur l’île. Après avoir été au nombre de 50 dans les années 80, la population de loups y a lentement diminué. En cause, une épidémie de parvovirus qui a décimé 12 loups dans les années 80 et plus tard (en 1998) une exceptionnelle mortalité d’élans (leur nourriture) qui en a décimé 14. On ne compte aujourd’hui plus que deux femelles sur un total de 16 loups. Le hasard semble être la seule raison de ce déséquilibre entre les sexes qui s’apparente à un bien malchanceux coup du sort biologique.
Depuis la migration de leurs ancêtres sur cette île dans les années 40, les loups ont toujours réussi à surmonter tant bien que mal les conditions hostiles (climat rigoureux, isolement), les épidémies et les famines qui ont freiné leur progression. Mais la situation actuelle est jugée très préoccupante, l’espérance de vie des loups ayants atteint l’âge adulte est comprise entre 4 et 6 ans seulement, et on est sans nouvelles des 2 louveteaux qui sont nés cet hiver. John Vucetich, un biologiste de la faune de l’Université Technologique du Michigan, a déclaré : « Si les deux femelles venaient à mourir avant d’avoir donné naissance à des petits, ce serait la fin ». Il a aussi ajouté : « La population devrait persister pendant quelques années mais son sort serait presque définitivement scellé. »
Ce constat a fait ressortir un vieux débat : faut-il réintroduire sur l’île des loups provenants de la terre ferme? Il est acquis qu’un loup venant du Canada, « The Old Gray Guy », avait réussi à se frayer un chemin jusqu’à l’île dans les années 90, revigorant ainsi le patrimoine génétique de la population de loups insulaire. Il avait déjà été question de réintroduction, afin de répondre au problème de consanguinité qui semble être responsable de la courte espérance de vie dont bénéficient les loups sur l’île.
Chez les scientifiques, deux camps s’affrontent : certains pensent qu’il faut laisser faire la nature, quitte à voire disparaître l’espèce, et d’autres assurent que la présence de loups est indispensable au maintien de l’écosystème de l’île. Sans prédateurs, la population d’élans exploserait, ce qui aboutirait à l’appauvrissement de la végétation dont ils se nourrissent et en particulier du sapin baumier.
– « Female shortage endangers wolves », AJC.com (29/03/11)
Lire aussi : « Des loups insulaires sauvés de la consanguinité aux Etats-Unis », Maxisciences, (3/04/11)
2 commentaires sur “La population de loups de l’Isle Royale pourrait s’éteindre prochainement”
Les loups, en plus d’être décimés par les maladies et affaiblis par la consanguinité sont traqués partout en Amérique du nord. Du loup à crinière au Mexique jusqu’au loup d’Alaska par la chasse aérienne. J’ai lu avec attention le commentaire de Patrick, surtout en ce qui concerne l’impact humain et ne peux qu’avoir des soupçons quasiment identiques. La nature s’est toujours débrouillée avec ses espèces et l’humain cherche à réguler du haut de son piédestal de « sur-espèce ».
L’Isle Royale, même en revendiquant une intervention minimale de l’homme sur leur site, montre bien que depuis l’implantation humaine sur l’île, il y a eu une suite de catastrophes pour l’espèce. Lorsqu’on lit l’article wikipedia en anglais sur l’Isle Royale, on tombe sur cette phrase « However, the introduction of canine parvovirus by a guest’s (illegal) dog to the wolf population led to steep declines in the early 1980s. » donc la contagion est liée à un homme et son chien. Sans cet homme irresponsable, l’épidémie n’aurait sans doute pas existé.
Chaque jour, en me tenant au courant des nouvelles sur les loups, en particulier aux Etats Unis mais aussi partout en Europe, je me rends compte que l’homme ne pense qu’à son petit nombril et ne veut pas cohabiter avec le loup. Il serait temps de bannir l’image du grand méchant loup. Ils font partie d’un écosystème réglé et élaboré, surtout lorsqu’on regarde l’Isle Royale où le système prédateur-proie se régulait de lui même avant cette hécatombe.
Cessons de nous penser les maîtres du monde et réparons déjà nos dégâts.
« certains pensent qu’il faut laisser faire la nature, quitte à voire disparaître l’espèce »
Je me pose une question : pourquoi n’y avait-t-il pas de loups sur cette île avant les années 1940 ? Était-ce naturel, ou bien par la faute de l’Homme ? Et dans ce dernier cas (s’il y avait des loups insulaires autochtones qui ont disparus avant 1940 par notre faute), est-ce qu’on peut penser que l’éventuelle population lupine originelle était mieux adaptée aux conditions de vie de l’île ? Et que si elle se serait maintenue (au lieu de disparaître avant d’être remplacée par des loups des années 40) elle ne serait donc pas retrouvée actuellement au bord de l’extinction ? Si c’est le cas, cela justifierait à mes yeux un renforcement de population.
« un loup venant du Canada a réussi à se frayer un chemin jusqu’à l’île dans les années 90, revigorant ainsi le patrimoine génétique de la population de loups insulaire »
Autre question : est-ce que les activités humaines sur la rive du lac ont limitées les « apports » de loups « étrangers », et ont donc freinées la « revigoration » du patrimoine génétique lupin insulaire, ou même le maintient du nombre de loups ? Si c’est le cas, là encore l’Homme serait indirectement responsable du déclin observé, ce qui à mes yeux appellerait également à un renforcement de population.
« En cause, une épidémie de parvovirus qui a décimé 12 loups dans les années 80 … »
Est-ce qu’on connaît l’origine de cette épidémie ? Car dans l’article de Wikipédia parlant du Parc national de l’Isle Royale, il est dit « Pour protéger les loups contre les maladies canines, l’accès au parc est formellement interdit aux chiens », ce qui me fait penser que le risque d’une contamination d’origine humaine ne serait donc pas nul.
Si éventuellement cette épidémie de parvovirus aurait été induite par l’Homme, là encore est-ce que cela ne justifierait pas un lâcher de loups ?