Alors que débute aujourd’hui le voyage d’étude en Slovénie (après les Asturies et le Trentin) dans le cadre du bilan à mi-parcours du plan de restauration de la population d’ours dans les Pyrénées…
Communiqué de FERUS, 11 février 2008
Le beau projet italien du retour du « Seigneur des forêts »
Alors que le Ministère de l’Ecologie, du Développement et de l’Aménagement Durables dans le cadre du bilan à mi-parcours du plan de restauration de la population d’ours dans les Pyrénées, organise un troisième voyage d’étude à l’étranger, cette fois-ci en Slovénie, l’association Ferus revient sur le séjour en Italie (province alpine du Trentin), auquel elle a participé au mois de décembre 2007, car l’expérience italienne est réjouissante à bien des égards.
En effet, alors que les derniers ours autochtones des Alpes étaient, faute de femelles, condamnés à disparaître, nos voisins italiens ont donné un joli coup de pouce à la nature : grâce à 10 ours d’origine slovène, lâchés de 1999 à 2002, la population est aujourd’hui forte de 22 ours au minimum, après de nombreuses naissances d’oursons. Les Alpes du Trentin sont donc encore accueillantes pour « il signore dei boschi », le seigneur des forêts, comme l’appelle fièrement les Italiens, et, fait encourageant pour l’avenir, de jeunes mâles ont parcouru de belles distances jusqu’aux Grisons suisses et jusqu’en Bavière. Car les Italiens voient loin avec le désir de connaître une population de 40 à 60 ours, qui, nous l’espérons avec eux, sera un jour reliée à celle de Slovénie occidentale, qui recolonise déjà la province italienne du Frioul.
Ferus se félicite aussi de la bonne acceptation locale des ours (72% d’opinions favorables, comme dans les Pyrénées malgré la propagande orchestrée par quelques-uns), a rencontré des maires très heureux du retour de l’ours, a écouté comme toute la délégation le président des apiculteurs de la province parler des très faibles dégâts commis par les ours (ceux causés par les pesticides dans les vergers de la basse vallée sont infiniment supérieurs, a-t-il dit) et a même applaudi le président des chasseurs de la province de Trento après son plaidoyer généreux et sensible pour la grande faune, ours, loup et lynx réunis ! Comme il fallait s’y attendre, les éleveurs pyrénéens présents n’ont retenu qu’une chose : l’élevage ovin est faible dans le Trentin, qui accueille bien plus de vaches. Oui, mais il nous a été démontré, grâce à un cas bien renseigné, que la pose de clôtures et l’utilisation de chiens de protection font considérablement baisser les pertes, faibles malgré tout puisque pour 8 ours différents repérés autour du même alpage !, seules 30 brebis sur 1 000 (soit 3%) ont été tuées. L’aveu d’un éleveur des Hautes-Pyrénées interrogé par un guide de pays au retour du Trentin est lourd de sens : « On ne voyait pas comment des bergers pouvaient s’adapter à ce qu’on veut faire dans les Pyrénées ». Et pour cause, ces pastoraux ne veulent plus garder leurs bêtes domestiques et demandent d’enfermer ou rejettent les animaux sauvages ! Cherchez la logique !
Le retour du Seigneur des forêts n’est pas une cerise sur le gâteau ou une lubie d’écolos urbains, c’est un retour à la normale, celui d’une vie sauvage dans un monde qui voudrait tout équiper, tout contrôler et éradiquer tout ce qui gêne. Un monde effrayant qu’il nous faut combattre. Les Italiens l’ont bien compris puisqu’on lit sur l’affiche du service de la Forêt et de la Faune, ces phrases qui en disent long sur la fierté éprouvée pour leurs ours : « L’ours a partagé les grottes avec nos aînés, les montagnes avec nos pères, les berceaux avec nos enfants. L’ours, part de notre histoire. » Dans le bel écomusée consacré à l’ours, nous avons également lu cette phrase de l’artiste, naturaliste et philosophe suisse, Robert Hainard, qui parraina Artus et le Groupe Loup France, les deux associations à l’origine de la création de Ferus : « Una foresta senza orsi non è una vera foresta ». Sans parler italien, on aura compris qu’« une forêt sans ours n’est pas une vraie forêt. »
Photo : la délégation du Trentin devant la mairie de Spormaggiore (copyright Georges Ribière)