Le loup dans le Jura : probable

Le loup dans le Jura : probable

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Préfecture du Jura :

Le Préfet a présenté à la presse les conclusions de l’enquête menée par les services de l’État : le passage d’un loup dans notre département est probable.

Expertise et conclusions :

ATTAQUE D’UN TROUPEAU DE MOUTONS
A GRANDE RIVIERE
Juin 2007
DOSSIER DE PRESSE
I – Rappel des faits.
Un parc situé à la limite des communes de Grande-Rivière et Saint-Pierre a subi une attaque dans la nuit du 31 mai
au 01 juin 2007.
Les éleveurs, M. et Mme Romain Gadiolet, ont déploré la mort de 15 animaux. 27 ont été blessés. Certains sont
morts par la suite ou ont été euthanasies. Le ou les animaux responsables de l’attaque ont consommé en grande
partie une brebis et un agneau.
Les constatations et l’enquête ont été effectuées par la Gendarmerie (BT de Saint-Laurent en Grandvaux) et par les
agents de l’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage (ONCFS). Le rapport descriptif et ses annexes
photographiques ont été soumis à l’expertise du spécialiste du Lynx de l’ONCFS.
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II – L’expertise et ses conclusions.
L’expert a relevé un faisceau d’éléments techniques permettant d’orienter le diagnostic :
– le nombre important de moutons attaqués,
– toutes les proies ont été exclusivement prises au cou,
– absence de laine sur le terrain,
– les perforations sont de taille importante,
– présence de griffures localisées sur les cuisses ou le début du flanc, mais pas sur le dos,
– le taux de consommation très important,
– les viscères abdominales non touchées (panse non consommée),
– les empreintes mesurent de 9 à 10 cm, ce sont celles d’un canidé.
L’hypothèse d’une attaque de lynx a pu être écartée d’emblée.
Les autres hypothèses étaient: – une attaque de chien en divagation
– une attaque de loup
La distinction entre une attaque de chien et une attaque de loup est souvent difficile, la seule preuve incontestable
étant une analyse génétique pratiquée le plus souvent sur des déjections. Aucun indice de ce type n’a pu être
recueilli. Toutefois, les éléments techniques relevés plus haut, ainsi que l’absence de signalement de chiens en
divagation dans le secteur, conduisent à envisager une probable attaque de loup, avec une incertitude qui ne pourra
pas être levée sauf événement nouveau.
Une attaque de loup n’implique pas automatiquement une installation durable de l’espèce, ni a fortiori la colonisation
du département; il peut s’agir du passage d’un ou deux individus.
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III – La gestion du dossier par l ’État et ses partenaires
1) Anticipation : une instance de veille et de pilotage était déjà en place au moment des faits.
Compte tenu de la présence confirmée, mais semble-t-il temporaire, d’un loup dans le nord du département de
l’Ain, une cellule de veille a été mise en place dès juillet 2006.
Elle a eu pour objectifs principaux de :
– dresser une carte des élevages ovins,
– assurer la liaison et de recueillir des informations auprès des départements déjà concernés par la
problématique loup, notamment en ce qui concerne les dispositifs d’indemnisation et de prévention.
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III – La gestion du dossier par l ’État et ses partenaires (suite)
2) Réactions
– dès que les résultats de l ’enquête ont été connus, le Préfet accompagné du Président du Conseil général et
des principaux services concernés (DDAF, ONCFS, gendarmerie) se sont rendus sur place pour faire un point
de situation avec les éleveurs.
– la première décision prise est de convoquer la cellule de veille élargie dans le courant de la semaine prochaine
pour suivre la mise en place des mesures d’indemnisation et de prévention et pour engager une démarche
technique auprès des élevages.
Elle s’appuiera :
– sur deux spécialistes de la DIREN Rhône-Alpes et de la DDAF de Haute-Savoie, qui ont vocation
à intervenir sur le département du Jura en ce qui concerne le suivi du loup et sur la problématique
« pastoralisme et grands prédateurs », et sur trois agents spécialement formés de l’ONCFS du Jura
(correspondants loup) et sur le spécialiste lynx loup du même établissement,
– sur un réseau d’observateurs initialement créé pour le lynx, mais dont la compétence a été
élargie au loup. Ce réseau constitué d’agents de l’ONCFS, de la Fédération des Chasseurs, de
l’ONF, de la DDAF et de naturalistes, a bénéficié à deux reprises de formations sur le loup.
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III – La gestion du dossier par l ’État et ses partenaires (suite)
– une deuxième décision a porté sur la constitution dans les prochains jours par arrêté préfectoral d ’un comité
départemental associant les structures concernées par la gestion du loup, élus, organisations professionnelles
agricoles, gestionnaires de l’espace et de la faune, associations, experts, usagers des espaces naturels, placé
sous la présidence du Préfet et qui se réunira en juillet.
– enfin, il a été décidé d ’assurer une information régulière et transparente de nature à contribuer à une gestion
sereine de ce dossier en étroite concertation avec les acteurs du monde rural.
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III – La gestion du dossier par l ’État et ses partenaires (suite)
3) Indemniser l ’éleveur.
Dès lors que l’expertise ne permet pas d’écarter la responsabilité du loup, l’éleveur peut prétendre à une
indemnisation sur un fonds géré par l’Office national de la Chasse et de la Faune sauvage.
Telle est bien la situation actuelle et l’indemnisation de l’éleveur sera déclenchée dans les jours prochains
avec la transmission d’un dossier comportant :
– le constat signé avec visa de l’expert,
– la carte géographique du lieu de l’attaque,
– la décision et le visa de la DDAF,
– le RIB de l’éleveur,
Le barème d’indemnisation est le suivant (exemples):
– Ovins de moins de 6 mois : 95 € à 130€
– Brebis de 1 à 7 ans, gestante : 160 à 265 €
– Bélier de plus de 6 mois : 285 à 390 €
Les pertes indirectes peuvent également être compensées
L’indemnisation est versée dans un délai qui est de l’ordre d’une semaine après réception du dossier complet
par l’ONCFS.
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IV) Les mesures de protection des troupeaux
L’exploitation touchée ainsi que celles qui se trouvent à proximité, peuvent faire l’objet, en fonction de leur
vulnérabilité, de mesures préventives telles que :
– la surveillance renforcée des troupeaux,
– la mise en place de chiens de protection,
– la pose de clôtures mobiles,
– la mis en place de moyens d’effarouchement,
Un dispositif de financement de ces mesures est en place dans les départements où la présence du loup est
avérée.
En ce qui concerne le Jura un financement d’urgence peut être mobilisé rapidement pour répondre aux
premiers besoins.
Les contacts nécessaires ont d’ores et déjà été pris à cette fin auprès du Ministère de l’Agriculture et de la
Pêche.
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BIOLOGIE, ECOLOGIE DU LOUP 8
DESCRIPTION DE L’ESPECE :
Morphologie :
Le loup a l’allure générale d’un grand chien, ce qui s’explique facilement, vu que ce dernier en est le descendant domestique.
L’impression générale associe puissance et souplesse. Les mâchoires bien développées contribuent à l’impression de force
de la tête. Le poids des animaux adultes varie de 20 à 70 kg selon les régions du monde (loup arctique Canis lupus artic pour
les plus gros). Le léger dimorphisme sexuel en faveur des mâles est rarement discernable en nature. En Europe, le poids
d’un mâle varie de 20 à 40 kg, celui d’une femelle adulte de 18 à 30 kg.
Confusion possible :
Les chiens divaguants sont nombreux en Europe et il n’est pas aisé de distinguer, dans les conditions de terrain, un loup d’un
chien d’une race morphologiquement proche, tel que le Berger allemand ou le Berger Malamut, d’autant que les observations
sont souvent furtives.
L’avant-main du loup est plus puissante, la poitrine plus profonde et la tête plus large et son allure est celle d’un animal « haut
sur pattes ». Les oreilles sont proportionnellement plus petites que celles d’un chien et plus écartées, la queue généralement
plus fournie et plus courte. Il est impossible de distinguer un chien d’un loup à partir d’une seule empreinte laissée dans la
boue ou dans la neige. Une piste suivie sur plusieurs centaines de mètres et sur laquelle les individus marchent
fréquemment à la queue leu-leu, la longueur du pas ainsi que l’alignement de la voie sont de bons critères convergents de
reconnaissance.
Lignée génétique :
Le loup présent en France est issu de la lignée italienne. La population de loup présente dans la chaîne des Appenins est
isolée des autres populations de l’Est de l’Europe depuis plus de deux siècles. Aussi, par voies de mutations, cette
population italienne présente une séquence type sur son ADN mitochondrial qui est retrouvée nulle part ailleurs dans le
monde. Sa caractérisation Canis Lupus lignée « Italie » est donc unique.
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CARACTERISTIQUES BIOLOGIQUES :
Reproduction et structure sociale :
La cohésion sociale est l’élément structurant la vie du loup. Ces groupes appelés « meutes » sont composés de 3 à 8 individus
le plus souvent en Europe occidentale (jusqu’à 12 en Europe de l’Est) avec une hiérarchie marquée entre les membres du
groupe.
La maturité sexuelle est atteinte à l’âge de 2 ans mais, au sein d’une meute, un seul couple dominant (Alpha) se reproduit
(même si des exceptions existent). Les autres femelles du groupe, généralement issues de la descendance propre du couple
Alpha (l’intégration d’une meute par un congénère non apparenté est possible) voient leurs chaleurs inhibées par le
comportement de la femelle Alpha.
Le rut à lieu en février-mars dans les régions tempérées et les naissances en avril-mai, après une gestation de 63 jours.
L’unique portée annuelle comporte en moyenne 3 à 5 jeunes. La louve possède 8 tétines. La mise bas a lieu dans un abri
naturel : terrier récupéré, abri sous roche, buisson épais ou souche renversée. Les jeunes viennent au monde aveugles et
sourds. Leur pelage est alors plus foncé que celui de l’adulte. Ils seront sevrés vers 2 mois et nourris ensuite de viande en
partie régurgitée, rapportée par les adultes. Les louveteaux chassent avec le reste du groupe à partir de l’automne suivant leur
naissance. En moyenne, un jeune sur deux n’atteint pas l’âge de maturité sexuelle.
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Occupation de l’espace, dispersion et colonisation de nouveaux territoires :
Les territoires sont exclusifs entre les meutes et leurs bordures sont des zones de forts conflits avec la meute voisine. De ce fait,
elles ne sont fréquentées que pour le marquage territorial, essentiellement réalisé par les individus Alpha de chaque meute
(laissé majoritairement par le mâle dominant).
Le territoire d’une meute s’étend sur des surfaces allant de 100 à 1000 km2 (de l’ordre de 150 à 300 km2 en France et en Italie)
selon l’abondance et la diversité des proies. Les limites de territoires fluctuent entre années selon les pressions induites par les
meutes voisines. Chaque meute défend son territoire par des marquages olfactifs (urines, fèces) et sonores (hurlements).
Pendant l’élevage des jeunes, les adultes restent cantonnés sur une partie de leur territoire devant la nécessité de nourrir les
jeunes à la tanière, puis sur les « sites de rendez-vous ».
Certains resteront dans leur meute d’origine (individus béta), les autres (à partir d’un an et demi) la quitteront pour chercher un
nouveau territoire pour s’établir. Cette étape du cycle biologique de l’espèce appelée dispersion s’opère sous la pression sociale
des autres individus pour l’accès à la reproduction à l’année n + 1. La dispersion a lieu au printemps (période d’accouplement) et
en automne (période d’intégration des jeunes de l’année à la meute) et concerne principalement les individus sub-adultes (nés
l’année précédente), mâles ou femelles. Ces individus en phase de colonisation peuvent parcourir plusieurs centaines de
kilomètres avant de se fixer et ceci en quelques jours (distance de dispersion variant de 10 à 800 km).
Le système de colonisation par « tâches » est caractéristique du loup. Le nouveau territoire est séparé de la meute d’origine par
plusieurs dizaines voire centaines de kilomètres laissant des espaces interstitiels qui seront comblés par la suite. Ceci explique
certaines observations isolées loin des zones de présence permanentes connues. Ces individus en phase de dispersion peuvent
séjourner plusieurs mois dans un secteur avant de la quitter. Ainsi, les signalements de loups dans une région entre mars et
novembre ne signifient pas qu’une meute est définitivement installée. La rapidité du déplacement d’un point à un autre fait que
l’espèce peut facilement passer inaperçue le long de son trajet de dispersion, notamment si l’abondance en proie domestique
est faible (si par d’attaque, pas de détection).
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Taux de multiplication annuel des populations :
Il faut distinguer deux phases dans la dynamique des populations de loups : une phase de colonisation, une phase de
stabilisation.
Dans un contexte de colonisation des espaces vacants, quelques individus par meutes (sub-adultes en général, mâles et
femelles) se dispersent pour fonder un nouveau territoire. La probabilité de rencontre entre deux animaux de sexe opposé est la
plus forte contrainte à l’installation d’une meute. Par contre, la combinaison d’une forte fécondité (une portée par an avec 4 à 6
jeunes) et de l’immigration intensive des animaux donne un fort potentiel de croissance (ex. : 35 % aux Etats-Unis, 25,5 % en
Scandinavie, 31 % en France).
Les besoins minimaux de connaissance biologique : le suivi de l’aire de répartition par le réseau loup/lynx :
La phase de colonisation actuelle de l’espèce nécessite un suivi de l’évolution de son aire de répartition ainsi qu’un suivi
exhaustif des dommages aux troupeaux domestiques. Les objectifs du réseau loup/lynx, fusionné en 2000, sont de :
– collecter et vérifier l’ensemble des indices recueillis via un système de fiches techniques « indices » qui serviront à mesurer
l’évolution de l’aire de répartition (et de statuer sur son état de conservation),
– constater les dégâts causés au cheptel domestique via un formulaire de constat afin de permettre leur compensation et évaluer
leur volume.
Ces deux objectifs sont réalisés de manière systématique par le réseau grands prédateurs loup/lynx.
Son fonctionnement est basé sur le multi-partenariat avec un pilotage technique et une animation nationale de l’ONCFS qui
assure également la formation des correspondants, et une coordination départementale par les DDAF (chargées d’instruire les
constats).