Nicolas Ughetto, un sympathisant de FERUS, après de longues heures de traque, a finalement réussi à le prendre en photo, le 17 février dernier. Il nous livre ici son ressenti ainsi que la photo tant espérée, en exclusivité.
Enfin, nos regards se sont croisés !
Dimanche 17 février 2013, petit matin, ciel pur, pas de vent. Je décide de ne pas monter le 500 mm sur mon boîtier et de ne prendre que le 100–400 mm.
Cela fait une semaine qu’il a neigé, il en reste 10 à 15 cm, gelés ; ce matin il fait moins 9° C.
Ma seconde fille, Jeanne, sœur de Lou, a ouvert les yeux au monde il y a 2 jours à peine.
Je suis ce matin dans l’autre maternité du monde, le Mont Ventoux et je vais moi aussi essayer d’ouvrir grand les yeux.
Aimera-t-elle, aussi, ce territoire et ces matins de quête? L’arpentera-t-elle avec moi, à la recherche du monde sauvage ? Qu’en restera-t-il quand elle aura mon âge ?…
Cet air froid qui me brûle les poumons et m’engourdit les doigts depuis près d’une heure déjà m’oblige, un moment, à m’arrêter pour reprendre mon souffle. La neige me porte et pétille sous mes pas. C’est mon champagne à moi pour fêter sa naissance.
Il est bientôt 7 h 30, je suis dans mon élément. Non, si c’était le sien…
Soudain, trop tard ! Il m’a vu avant que je ne le vois. Il était là entre les truffiers et les lavandes givrées : enfin j’en croise un !
Pourtant, jusqu’ici des loups j’en ai vu beaucoup. Toute ma vie, j’ai vu des loups. Imaginaires, dans les contes d’enfants, racontés par mes parents. Les autres étaient des loups que j’ai longtemps mais en vain espérés et que jusqu’ici j’avais poursuivis sans réussite.
Pas le temps de se risquer à un réglage ou à un changement d’objectif. Toutes mes photos seront floues, il me fuit en courant à grande vitesse, il est déjà à 80 mètres de moi… Faut-il que je le siffle, que je crie, pour, un instant, le figer de surprise et pouvoir œuvrer à dessein…
Non, je décide de laisser faire le hasard mais surtout la nature. A 90 mètres, il s’immobilise 3 courtes secondes : je croise alors, furtivement, son regard. Quels bonheurs ! C’est mon jour de chance, je peux enfin espérer avoir une photo correcte.
Il reprend alors sa course que j’accompagne avec mon objectif puis il monte vers l’adret déjà ensoleillé pour disparaître dans la chênaie, sans aucun espoir que mon regard croise à nouveau sa route.
Je suis conscient que je viens de vivre un moment d’éternité d’une vingtaine de secondes et je ne suis pas prêt de l’oublier…
Je me jette sur le boitier pour vérifier la qualité des prises… Vous en jugerez par vous même prochainement!
A demi-rassuré, je peux me diriger maintenant vers les traces qu’il a dû laisser dans la neige gelée.
Je suis impressionné par la taille des empreintes qui épousent la paume de ma main.
Pas de doute, ce sont bien les traces du loup du Ventoux !!
Nicolas Ughetto (www.nicolas-ughetto.com)
www.les-silences-du-ventoux.com (site dédié au 3 ème festival de photos animalières et de nature du 17 au 21 en juillet à Sault, où les photos loups seront exposées)
Pour les personnes du Vaucluse, du Gard et de la Drôme qui aimeraient se fédérer autour d’un groupe local, contactez Pierre Peyret (coordonateur loup de FERUS) : pierreetleloup@orange.fr