Le loup en Europe : d’une protection nécessaire à une acceptation hésitante. Par Fanny Marocco
Article paru dans la Gazette des grands prédateurs n°68 (juin 2018)
Persécuté jusqu’au XXe siècle et presque exterminé, le loup a su reconquérir une partie de l’Europe. Son retour naturel sur le vieux continent crée un véritable désaccord, notamment dans des pays d’où il avait complètement disparu. Les opposants (éleveurs, chasseurs, quelques élus) et les partisans du loup entrent alors dans un conflit relayé par les médias escamotant les questions de fond pour ne développer que les faits divers et déchaîner les passions. Que l’approche soit territoriale, sociétale, politique ou économique, l’ampleur du phénomène « Canis lupus » en Europe dévoile la crise « à l’intérieur de la cité, la polis, d’où l’importance du politique. »
Face à ce constat, les discours de protection du loup ne sont-ils pas dérisoires ? Au contraire : parce que la survie du loup est fragile, sa protection devient indispensable. Étant donné le recul avancé du territoire naturel du loup par la présence humaine, la protection apparait alors, non pas comme un luxe, mais bien comme une nécessité. Puisque l’homme et le loup sont deux grands prédateurs, la concurrence de territoire, au-delà de la concurrence de chasse, doit être encadrée afin d’y atteindre un semblant de cohabitation.
À ce titre, la recolonisation du loup sur le territoire européen a contraint les autorités à déterminer le statut juridique de ce grand carnivore. Le Droit en Europe est-il le vecteur d’une cohabitation harmonieuse entre l’homme et le loup ?
L’Europe comprend les États du Conseil de l’Europe (47 membres), dont parmi eux figurent les États de l’Union européenne (28 membres). La forte diminution de la population lupine en Europe a conduit les États à prendre des normes protectrices en faveur du loup. Cette approche est donc commune pour les États destinataires. Quant à l’acceptation du grand carnivore dans chaque État, l’approche devient alors inégale.
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