Les différentes espèces d’ours s’échangent leurs gènes

Les différentes espèces d’ours s’échangent leurs gènes

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Un pizzly, hybride entre un ours brun et un ours polaire

Les chercheurs du Senckenberg Research Institute and Natural History Museum (Allemagne) viennent de séquencer les génomes entiers de quatre espèces d’ours, rendant désormais possible d’analyser leur évolution. Avec ces nouvelles données sur l’ours malais, l’ours à lunettes, l’ours lippu et l’ours à collier, les génomes de toutes les espèces d’ours sont dorénavant disponibles. Leur étude a été publiée dans Scientific Reports.

Ce séquençage a révélé que les échanges de gènes par l’hybridation étaient possibles entre la plupart des espèces d’ours, pas seulement entre l’ours polaire et l’ours brun.

Grolar et pizzly sont les noms communs données aux oursons dont les parents sont un ours polaire (Ursus maritimus) et un ours brun ou grizzly (Ursus arctos). D’après Axel Janke, l’un des chercheurs, « ces hybrides parmi les ours ne sont pas aussi rares que ce que nous avions supposé jusqu’à présent ». On supposait que l’augmentation des hybrides ours polaires / ours bruns était due au changement climatique, les ours bruns remontant vers le nord et les ours polaires se déplaçant sur la mer de glace plus tard que d’habitude. Mais les nouveaux résultats montrent que les échanges de gènes entre les différentes espèces d’ours étaient déjà importants dans le passé. L’hybridation n’est donc pas nécessairement liée au changement climatique.

Les ours peuvent s’hybrider de différentes manières comme on a pu le voir dans les zoos. A l’état sauvage, jusqu’ici, ça n’a été observé qu’entre ours polaires et ours bruns et entre ours à collier et ours malais. Les nouvelles données montrent aussi un échange de gènes entre ours polaires et ours malais. Cependant, ces deux espèces vivent dans des régions géographiques complètement distinctes et ne peuvent pas se rencontrer. Les chercheurs peuvent expliquer cette contradiction en suggérant un « hôte intermédiaire », l’ours brun étant le candidat idéal vu que sa répartition géographique chevauche celles de toutes les autres espèces d’ours et que son génome contient des gènes d’ours polaires. L’ours brun peut ainsi transmettre des gènes d’ours polaires aux autres espèces d’ours asiatiques.

Les échanges de gènes entre ours posent questionnent également sur le concept biologique de base des espèces. Selon la définition biologique d’une espèce, les différentes espèces ne peuvent produire des portées dans la nature ou les hybrides sont stériles. L’exemple le plus connu est celui de la mule et du mulet, des hybrides (stériles) entre un âne et une jument. Cependant, les hybrides entre les ours bruns et les ours polaires sont souvent fertiles. Le concept d’espèce biologique tel que nous le connaissons est-il donc toujours d’actualité ?

Source : Bears breed across species borders