Les résultats de deux consultations publiques fin 2023 parlent d’eux mêmes : une majorité écrasante de contributeurs a fait part de son opposition au « Plan National d’Actions » (PNA) sur la conservation du loup et au projet d’arrêté de simplification des protocoles de tirs.
Le nouveau PNA 2024-2029 sur la conservation du loup censé renforcer la coexistence du loup et des activités d’élevage a été publié le 23 février 2024. Le même jour paraissait au Journal Officiel l’arrêté fixant les conditions et limites dans lesquelles des dérogations aux interdictions de destruction de loups peuvent être accordées par les préfets.
Ces deux documents confirment une chose : l’État choisit non seulement d’ignorer l’avis du Conseil National de la Protection de la Nature (CNPN) et du Conseil Scientifique mais aussi celui d’un grand nombre de Français. Les résultats des consultations publiques ouvertes du 14 novembre au 7 décembre 2023, portant respectivement sur le PNA Loup et le projet de simplification des protocoles de tirs, démontrent le choix alarmant de l’État de faire la sourde oreille et de fermer les yeux sur l’avis des personnes consultées.
Les résultats des deux consultations publiques sont formels : 97,19 % des 13058 contributeurs sont défavorables au PNA contre 2,81 % favorables. Concernant les protocoles de tirs : 98,58 % des 4377 contributeurs sont défavorables au projet d’arrêté contre 1,42 % favorables.
Les personnes ayant manifesté un avis défavorable au projet d’arrêté et au Plan Loup regrettent l’absence de bilan du précédent plan, déplorent le manque d’études scientifiques évaluant les protocoles de tirs, leurs effets et leur efficacité sur les prédations, demandent plus de contrôles pour s’assurer de la responsabilité du loup (et pas d’un chien divagant) et rappellent :
- que le PNA a reçu un avis défavorable du CNPC,
- que la cohabitation loups-humains et la coexistence loups-pastoralisme sont possibles,
- que l’état de conservation du loup est encore fragile,
- que les autorisations de dérogations de tirs ne respectent pas le statut protégé de l’espèce,
- que les tirs déséquilibrent les meutes ce qui peut mener à des dégâts plus importants.
Parmi les arguments des contributeurs défavorables au PNA énoncés dans les résultats, on retrouve notamment une forte volonté de mettre l’accent sur les solutions de protection non létales (effarouchement, protection des troupeaux…)
Malgré un souhait de l’État d’accentuer le volet scientifique avec de nouveaux programmes de recherche, les personnes consultées insistent sur un point : il faut absolument prendre en compte les services écosystémiques rendus par le loup dans ces programmes de recherche. En effet, ni les bienfaits de l’espèce lupine, ni les conséquences de sa disparition sur les écosystèmes et la biodiversité n’y sont évalués.
Certains contributeurs ont également demandé la suppression de notion de non-protégeabilité et d’autres encore ont exprimé un avis défavorable :
- au déclassement du statut du loup,
- à l’autorisation de recourir à des tirs de défense simple à deux, voire trois tireurs,
- au recours au matériel de vision nocturne pour les chasseurs et les éleveurs,
- au droit de ne plus recourir à l’éclairage de la cible avant le tir pour les agents de Louveterie et de l’OFB,
- au maintien du tir de défense renforcé après le prélèvement d’un loup.
FERUS déplore une nouvelle fois l’attitude de l’État qui n’a absolument pas pris en compte l’avis des personnes consultées, des scientifiques et des associations de protection de la nature et de l’environnement.