Une étude vient de paraître, montrant une nouvelle fois le rôle bénéfique des loups pour les écosystèmes et particulièrement pour les milieux forestiers. Les populations de loups et de cerfs interagissent de manière complexe avec leur environnement, entre elles et avec les humains. Les auteurs de l’étude « Deer, wolves, and people: costs, benefits and challenges of living together » ont examiné ces interactions pour en évaluer les coûts et les avantages, tant biologiques qu’humains, et en ont tiré des conclusions.
L’augmentation conséquente des populations de cervidés entraîne plusieurs problèmes. Elle empêche notamment la régénération des jeunes arbres, est à l’origine de nombreux accidents routiers (en Europe chaque année, le coût des réparations est estimé à plus d’un milliard d’euros, sans compter les morts et les blessés) et favoriserait la propagation des tiques et donc de maladies comme la maladie de Lyme. En France, les dégâts à l’agriculture étaient de 20 millions d’euros en 2004.
Enfin, la densité importante de cervidés en forêt est néfaste pour la biodiversité : avec la disparition de la végétation du sous-bois, on peut assister à la disparition ou à la raréfaction de nombreux invertébrés, insectes pollinisateurs inclus.
C’est là que le loup intervient.
Le retour de l’espèce en Europe est du à plusieurs facteurs notamment l’augmentation des populations d’ongulés sauvages, proies principales des loups.
Contrairement aux effets négatifs induits par ce retour qui sont visibles et largement médiatisés (les attaques sur les troupeaux domestiques), les « effets positifs existent, mais ils sont souvent indirects et donc difficiles à mettre en évidence », souligne Jean-Louis Martin, co-auteur de l’étude.
Le loup réduit ainsi les effets délétères occasionnés par les trop grandes populations d’ongulés sauvages. La simple présence du loup obligerait les herbivores à investir du temps et de l’énergie pour gérer le risque de prédation : c’est « l’écologie de la peur ». Ce temps investi pour échapper aux prédateurs minimiserait alors l’impact des herbivores sur la quantité et la diversité de la végétation.
Pour les auteurs de l’étude, le passage du conflit à la coexistence nécessitera donc une prise en compte plus équilibrée des effets directs et indirects de la présence de ces espèces.
Source : Des loups, des cerfs… et nous (Journal du CNRS)
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