Jusqu’à présent, on pensait que lorsque loups et ours partagent le même territoire, les loups étaient obligés de tuer plus de proies pour compenser la nourriture volée par les ours. Cette hypothèse venait notamment du fait que lynx et pumas abandonnent rapidement leurs proies aux ours charognards.
Une étude portant sur ces espèces en Scandinavie et en Amérique du Nord (Yellowstone) vient de montrer le contraire : en présence d’ours, les loups tuent moins souvent.
On ne sait pas bien encore pourquoi mais Aimee Tallian, biologiste de l’Université de l’Utah et principale auteure de l’étude, évoque quelques hypothèses.
Tout d’abord, en hiver, lorsque les loups tuent de grands animaux comme des orignaux, il y a assez de viande disponible sur la carcasse pour que la meute se permette d’attendre quelques jours que l’ours voleur ait fini de se servir, au lieu d’aller chasser une autre proie. Ils préfèrent attendre leur tour.
Ensuite au printemps, lorsque les ongulés mettent bas. Les nouveaux-nés sont des proies faciles pour les ours. Cette compétition sur une ressource finie pourrait rendre ainsi plus difficile la recherche et la chasse des jeunes ongulés par les loups, vu qu’il y en a moins.
C’est probablement une combinaison des deux, explique Aimee Tallian.
Les interactions entre super-prédateurs peuvent donc soit relâcher soit renforcer leurs effets sur les populations de proies. Les résultats de cette étude suggèrent qu’on a pu ainsi surestimer l’impact des prédateurs multiples sur les populations de proies.