Les mœurs « étranges » des loups biélorusses. Par Roger Mathieu
Article paru dans la Gazette des grands prédateurs n°71 (mars 2019)
Quelques réflexions à propos du livre de Vadim Sidorovich et Irina Rotenko : Biologie de la reproduction chez le Loup gris Canis lupus en Biélorussie : des croyances à la réalité.
En préambule, nous devons saluer l’énorme travail de terrain réalisé par Vadim Sidorovich et Irina Rotenko, aidés par tous leurs amis naturalistes dans les forêts de Biélorussie. Plus d’un tiers de siècle consacré à suivre les loups dans ce pays et à recueillir une multitude de données sur la biologie de cette espèce en lien avec les conditions de milieu et les activités humaines. Il n’existe probablement pas de publication équivalente concernant les loups du continent eurasiatique ou d’Amérique du nord.
La lecture de l’ouvrage, publié en 2018, va surprendre plus d’un naturaliste intéressé par le loup et nourri de publications en provenance d’Amérique du nord ou d’autres pays européens.
En comparant la biologie des loups du Nouveau Monde à celle des loups de Biélorussie, les auteurs notent sept « anomalies » (abnormalities) présentes chez les loups biélorusses.
1 – Les reproductions multiples au sein d’une même meute semblent être un phénomène courant.
2 – La survie des louveteaux peut être extrêmement faible, voire nulle (en dehors des destructions directes d’origine anthropique).
3- 5 à 8 % (au minimum) des femelles de 1 an (1+) se reproduisent(1).
4 – Si une majorité de mises bas se produisent dans la période 20 avril – 15 mai, certaines peuvent survenir très tôt (janvier) ou très tard (fin du mois de mai).
5 – Les lynx (en pénétrant par exemple dans les tanières pour tuer les louveteaux) et les ongulés sauvages (par piétinement volontaire des individus jeunes et/ou vulnérables) sont responsables d’une part non négligeable de la mortalité des loups (louveteaux essentiellement, mais aussi très jeunes femelles et louves gravides, proches du terme).
6 – La composition des meutes varie depuis la forme « familiale nucléaire » (tous les individus sont apparentés et dirigés par le couple fondateur) jusqu’à la meute dominée par un couple fondateur dit « alpha » allié à des individus subordonnés non apparentés.
7 – Les couples mixtes (toujours loup-chienne) peuvent se former, même dans des populations de loups à densité « assez élevée ».
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