Communication de l’ONCFS, 5 juin 2019
Suspicion de prédation sur les petits de l’ourse Sorita
Le suivi quotidien de l’ourse Sorita, assuré par l’ONCFS, laisse aujourd’hui envisager la probable disparition de ses deux oursons. De nombreux éléments recueillis par les agents de terrain ces dernières semaines donnent à penser que l’ourse relâchée en octobre 2018 en Béarn n’est plus suitée et que les deux petits ont été victimes de la prédation d’un ours mâle.
Les deux oursons, nés dans la tanière de leur mère en pays Toy (65), avaient été aperçus pour la première fois le 17 avril dernier par un agent de l’ONCFS. L’annonce de leur présence sur les hauteurs de Luz-Saint-Sauveur avait fait l’objet d’un communiqué de la Préfecture des Hautes-Pyrénées fin avril.
Sorita et ses petits faisaient depuis l’objet d’un suivi des services de l’État et de l’ONCFS. Il s’agissait tout à la fois d’assurer la sécurité des animaux et celle des usagers de la montagne. C’est dans ce cadre que le 1er mai dernier, les agents de l’ONCFS avaient relevé les empreintes laissées par la mère et ses oursons dans la neige. Ce sont les derniers indices de présence des deux petits de Sorita retrouvés à ce jour.
Dans les jours qui ont suivi ces observations, la femelle a effectué des déplacements de grande amplitude, avec de forts dénivelés, sur de courtes durées. Ces mouvements, peu compatibles avec les capacités de déplacement limitées d’oursons âgés de quelques mois seulement, ont aussitôt attiré l’attention de l’ONCFS.
Une enquête des agents de terrain a alors révélé la présence d’un autre ours sur le passage de Sorita, sans doute un mâle adulte, trahi par ses empreintes. Enfin, le 8 mai dernier, ces mêmes agents ont pu observer, à distance et à la jumelle, Sorita accompagnée d’un ours mâle adulte. Aucun indice de présence d’oursons n’a alors été relevé.
Ces éléments permettent d’avancer l’hypothèse de la disparition des deux oursons de Sorita, sans doute tués au début du mois de mai par un ours mâle présent dans le même secteur. Des investigations de terrain sont en cours pour le confirmer.
Pour rappel, dans les Pyrénées, trois oursons sur quatre survivent à leur première année d’existence. Ce taux de survie, plutôt élevé par rapport à d’autres régions, laisse la possibilité à de nombreux accidents pour les jeunes oursons. Parmi les causes de mortalité fréquentes observées dans la nature, la prédation par un ours mâle, différent du père génétique, est une constante chez l’ours (20 % des mortalités d’oursons). Ces infanticides provoquent un retour des chaleurs de la femelle et ouvrent la possibilité à un nouvel accouplement.