Madame, Monsieur,
C’est avec le plus grand intérêt que je souhaite apporte ma contribution à l’association FERUS et au programme Pastoraloup.
Tout l’intérêt que je porte au monde naturel s’inscrit au delà de ma mémoire. Cela fait néanmoins près de huit années que je consacre ma vie « professionnelle » et personnelle, non seulement à la connaissance, à la compréhension et à la préservation du patrimoine naturel, mais également au partage et à la sensibilisation par l’éducation à l’environnement.
Offrir du temps et de l’énergie à un programme d’ecovolontariat est une démarche des plus cohérentes. Qu’il s’agisse de la préservation d’un écosystème ou de l’une des composantes de celui-ci, l’objet en est le respect d’un bien et d’un patrimoine commun. Par conséquent, cela nécessite un engagement de tous, en tenant compte des moyens dont chacun dispose. L’ecovolontariat peut prendre plusieurs visages, mais émanant d’un fond identique : la volonté de faire progresser le respect de notre environnement par une implication active et au-delà des simples convictions.
Si j’ai pu, à de nombreuses reprises, effectuer du bénévolat, réaliser des stages ou m’impliquer dans un tissu associatif, le programme Pastoraloup recèle un aspect particulièrement fort .
La réponse à la question « Une cohabitation entre le loup et une activité pastorale déjà fragilisée est elle possible ? » importe finalement peu. Techniquement, nous en sommes, vous et moi convaincus.
La constitution de se dossier en est la preuve même. Mais cette même question nécessite une réflexion autrement plus profonde et importante à mes yeux, sur la nature des rapports que l’homme entretien avec son environnement et son positionnement dans les systèmes naturels. En prendre conscience, c’est déjà savoir évoluer.
Les programmes de réintroductions ce sont multipliés en France ces dernières décennies : lynx, ours, gypaète barbu, vautour fauve, castor, mouflon, …, avec des résultats plus ou moins concluants. Mais quels enseignements tirer alors lorsque nous éprouvons tant de difficultés à préserver un patrimoine préexistant à l’instar du loup. La biologie de la conservation s’est, et se limite encore trop souvent aux seuls aspects scientifiques et techniques promus par un militantisme écologique non sans conséquences.
Sans la prise en compte de l’ensemble des enjeux et des représentations socio-économiques, culturels, politiques, territoriaux et écologiques, tous les efforts menés jusqu’alors s’effondreront.
C’est par ce que j’ai le véritable sentiment que mes préoccupations sont également les vôtres que ce programme m’apparaît tant formateur.
Deux autres aspects motivent aujourd’hui ma participation au programme Pastoraloup. La première est avant tout écologique, la seconde est plus personnelle. Bien que ma connaissance du pastoralisme se limite à des rencontres intervenues principalement lors de randonnées dans le Jura et les Alpes, Je reste convaincu qu’une cohabitation hommes / animal est possible si tenté est que le dialogue puisse s’instaurer entre acteurs de terrain et écologistes. Mes expériences passées à côtoyer des agriculteurs, des chasseurs, des touristes ou encore des acteurs économiques, m’ont prouvés qu’une collaboration basée sur l’échange permettait d’atteindre des résultats très encourageants. Dès lors que l’on se donne les moyens d’écouter, de connaître et de comprendre ses interlocuteurs, le respect mutuel rend possible des consensus les plus bénéfiques pour notre environnement.
Le pastoralisme, au même titre que le loup, est facteur de biodiversité. Ni l’un ni l’autre ne doit s’incliner. Mon souhait de collaborer auprès de l’association FERUS émane également d’une motivation plus personnelle fondée sur l’expérience. Mon statut d’éducateur à l’environnement et mon orientation vers l’accompagnement en montagne m’amène régulièrement à évoquer et à sensibiliser à diverses problématiques environnementales. Mais la documentation, comme cela a été le cas sur le thème du loup, ne remplacera jamais le vécu et l’expérience.
J’ai fortement à apprendre de cet ecovolontariat, je le souhaite vivement, mais pense également pouvoir apporter beaucoup. Au-delà des objectifs à long terme de préservation des grands prédateurs, je n’en oublie aucunement le rôle de soutient moral, technique et logistique que représente ce volontariat pour les bergers.
Nos convictions écologiques ne doivent pas faire abstraction des réalités économiques et humaines. Je vous prie d’agréer, Madame, Monsieur, l’expression de mes salutations respectueuses.
Charles G