Pour justifier les tirs de loups légaux, les autorités ont longtemps avancé l’argument que ces mesures d’abattage permettaient de faire baisser le braconnage : en tuant quelques loups par-ci par-là, on achète la paix sociale en calmant les ardeurs des opposants au loup les plus vigoureux, susceptibles de se faire justice eux-mêmes. Exemple avec la Finlande : Quota de chasse de 46 loups en Finlande… pour soi-disant faire baisser le braconnage !
Une étude vient de démontrer que cet argument ne tenait pas et que c’était même l’effet inverse qui se produisait. Autoriser les abattages de loups est bien plus susceptible d’augmenter le braconnage que de le réduire !
Deux universitaires ont mené une étude concernant les Etats du Wisconsin et du Michigan entre 1995 et 2012. Pour savoir si les tirs légaux faisaient vraiment baisser le braconnage, ils ont analysé parallèlement la mise en application de lois sur la protection du loup et la manière dont la population de loups en était impactée.
Durant ces 17 années, il y a eu six périodes où la loi protégeait complètement les loups, et six périodes au cours desquelles le gouvernement pouvait légalement les abattre.
Ils ont constaté qu’alors que la population de loups n’a jamais cessé de progresser, la croissance de la population ralentissait d’un tiers durant les périodes où les abattages étaient autorisés. La diminution de la croissance de la population ne pouvait pas être uniquement due aux abattages légaux, parce que le nombre de loups abattus a été inclus dans leurs calculs. Ils ont également exclu d’autres facteurs, tels que les loups qui disparaissaient car ils avaient quitté le territoire. Le braconnage est donc bien le seul facteur qui explique cette réduction de la croissance.
Un petit film mettant en scène des Playmobil a été réalisé pour expliquer les résultats de l’étude :
Et oui, quand les autorités s’octroient le droit d’abattre une espèce protégée, les braconniers y voit un encouragement à leurs basses besognes : « Lorsque le gouvernement tue une espèce protégée, la valeur perçue de chaque individu de cette espèce recule ; donc la démocratisation des abattages peut envoyer un signal négatif concernant la valeur d’un loup ou l’illégalité du braconnage . »
A Ferus, nous n’avons jamais été dupes : en autorisant une chasse aux loups de grande ampleur dans les départements alpins, en allant jusqu’à recruter des emplois jeunes pour venir en aide aux chasseurs, on envoie un très mauvais signal et on créé forcément la confusion dans les esprits. Si le gouvernement tue des loups, nul doute que certains vont penser que ce n’est finalement pas si illégal que ça et que donc eux aussi peuvent le faire…
Source : Légaliser la chasse au loup accroît le braconnage, Le Monde (11/05/2016) / When you start killing wolves, something odd happens (BBC)