Lettre ouverte de FERUS à Madame le préfet de l’Ariège
L’ours, le bouc émissaire d’un dysfonctionnement pastoral
Le 26 juillet 2019.
Madame le préfet,
Une nouvelle fois, nous déplorons la réaction de la préfecture de l’Ariège. Comme vos prédécesseurs, dès lors qu’il y a un dérochement de brebis dans votre département, vous considérez de suite que l’ours est responsable et vous donnez des gages au monde agricole.
Quels sont les moyens de protection mis en place sur l’estive du Mont Rouch ? Quel est le résultat de l’expertise menée par les agents de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) et de la direction départementale des territoires ?
Hier, vous n’étiez semble t‘il pas en mesure de préciser dans l’immédiat si le dérochement avait été causé par un ours. Et quand bien même ce serait le cas : quels moyens de protection ont été mis en place depuis le précédent dérochement de 208 brebis qui a eu lieu il y a 2 ans sur cette même estive ?
Vous avez lancé une procédure d’effarouchement des ours. Cette procédure peut être activée suivant l’arrêté ministériel uniquement sur troupeaux protégés. Cette précipitation est peut-être liée à une volonté, comme vos prédécesseurs, d’acheter la paix sociale. Or, on constate depuis plus de 10 ans que les gages, accordés au monde agricole contre l’ours et son acceptation, ne fonctionnent pas.
Vous noterez que les demandes du président de la chambre d’Agriculture ne sont pas pour optimiser les moyens de protection mais simplement pour le retrait des ours.
Une fois encore, nous déplorons l’absence de discours officiel clair et ferme en faveur de la cohabitation, pourtant seule issue pour respecter nos engagements européens.
Nous vous rappelons également que la France se singularise parmi les états européens par ses très mauvais résultats vis à vis des dégâts dus aux grands prédateurs, ceci par carence de moyens de protection et des méthodes associées. Ces derniers sont donc une priorité pour cohabiter avec la biodiversité européenne. Encore faut-il qu’il y ait une réelle volonté de l’Etat pour leur application, plutôt que de rester figé sur des schémas datés du siècle dernier.
Notons qu’en 2009, l’actuel président de la chambre d’Agriculture annonçait déjà le carnage sur les estives ariégeoises pour l’été 2009 et appelait au retrait des ours. Il n’en fut rien mais nous constatons que l’ours Boutxy a disparu cet été 2009 et que tous les retours terrains vont dans le sens de la destruction illégale de cet ours, entérinée officiellement à posteriori. Nous vous alertons que comme en 2009, les discours actuels qui fleurissent dans la presse excitent l’opposition à l’ours et vos décisions ne font que les renforcer.
Nous vous demandons de rappeler que l’ours est une espèce protégée et que sa destruction est illégale.
Nous vous remercions par avance de votre attention et, restant à votre disposition, nous vous prions de recevoir, Madame le préfet, l’expression de nos sentiments distingués.