Courrier adressé à la Ministre de l’Ecologie Nathalie KOSCIUSKO-MORIZET, au directeur de la DNP et au directeur de l’ONCFS.
Madame la Ministre
Nathalie KOSCIUSKO-MORIZET,
MEDAD
20 Avenue de Ségur
75302 PARIS 07 SP
Le 10 mars 2008
Madame la ministre
Dans un courrier daté du 4 mars 2008, nous exprimions au Ministre de l’Ecologie, du Développement et de l’Aménagement Durables nos fortes inquiétudes concernant l’avenir de l’ourse Hvala et de ses deux oursons. En effet, plusieurs remontées du terrain convergent malheureusement pour affirmer que des individus auraient décidé d’empoisonner ces trois ourses. Des informations concordantes très récentes nous indiquent d’ailleurs que des carcasses empoisonnées seraient préparées.
Nous demandions alors à l’Etat de faire son possible pour assurer la sécurité de Hvala et de ses deux oursons et d’éviter l’irréparable.
Or, nous constatons avec stupéfaction que le répondeur téléphonique de l’Equipe Technique Ours a été réactualisé en ce début du mois de mars et indique de nouveau les localisations communales des trois derniers ours encore équipés d’émetteur (Hvala, Balou et Sarousse). Il est également annoncé qu’il sera réactualisé à chaque déplacement d’un des ours.
Déjà, à plusieurs reprises l’année dernière, nous nous sommes inquiétés de la diffusion de ces localisations qui, de toute évidence, est détournée de son but premier, par des personnes malintentionnées, contre les ours. En annexe, nous vous rappelons la chaîne d’évènements qui prouve (malheureusement) que le répondeur de l’ETO a été utilisé à l’occasion des battues contre l’ourse Franska, qui ont conduit à son erratisme et finalement à sa mort.
En ce qui concerne l’ourse Hvala, son territoire comprend plusieurs communes depuis son arrivée dans les Pyrénées en mai 2006 : Melles, Fos, Boutx (Haute-Garonne), Antras, Saint-Lary, Sentein (Ariège) et Canéjan (Espagne). Pour l’instant encore cantonnés sur leur site d’hibernation, Hvala et ses deux oursons devraient entreprendre d’ici quelques semaines leurs premiers déplacements. Indiquer ne serait-ce que la commune de présence est déjà une information importante et précieuse pour les anti-ours.
Nous n’oublions pas également l’ourse Sarousse, qui a hiberné sur une commune de Haute-Garonne, et qui est susceptible d’être suitée d’oursons cette année. Si tel était le cas, à l’instar de Hvala l’année dernière, il convient d’assurer une protection et une discrétion maximale autour de cette ourse, d’autant qu’elle se trouve dans un secteur du Luchonnais où l’opposition à l’ours est importante.
La plupart des ours actuellement présents dans les Pyrénées ne sont pas équipés de dispositifs de repérage. Il est donc fondamental que les utilisateurs du milieu (éleveurs, bergers, chasseurs, randonneurs…) apprennent systématiquement les bons comportements ; d’autant que la diffusion des localisations n’est pas garante d’une absence de rencontre avec l’ours, puisqu’un ours peut effectuer de longs trajets durant la nuit et donc se trouver dans une zone où il n’était présent et mentionné la veille.
Par ailleurs, en ce début de printemps, la diffusion des localisations n’ont aucune utilité, puisqu’il n’y a pas de battues et puisque les troupeaux ne sont pas encore montés en estive. Nous comprenons et souhaitons que l’on continue à être informé du devenir des ours, notamment ceux équipés d’émetteur, mais ceci peut passer par des informations différées dans le temps et beaucoup moins précises que des localisations à l’échelle de la commune.
Le 5 septembre 2007, nous vous avions déjà écrit pour vous demander l’arrêt de la diffusion des localisations des ours. Dans votre réponse datée du 20 novembre 2007, vous indiquiez : « S’agissant de la situation particulière de l’ourse Hvala, il est vrai que les dommages occasionnés en juillet-août sur des troupeaux ariégeois ont suscité localement une vive émotion. Les démarches de concertation entreprises par l’Administration, avec parallèlement un arrêt des prédations, ont conduit à une situation apaisée. Si la situation devait à nouveau se tendre, l’arrêt de la diffusion des localisations par le répondeur téléphonique serait immédiat. »
De toute évidence, la situation a empiré puisque des individus ont décidé de passer aux actes. Face aux menaces très graves et imminentes qui pèsent sur l’ourse Hvala et de ses deux oursons, nous vous demandons de mettre fin à la diffusion des localisations des ours lâchés en 2006.
Nous vous prions d’agréer, Madame la ministre, l’expression de nos respects les plus profonds.