Réponse par voie de presse au ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, suite à ses propos tenus lors du comice de Pontarlier ce samedi 22 octobre (article France 3 Bourgogne-Franche-Comté)
Signataires : FERUS, Pôle Grands Prédateurs, FNE Doubs, FNE Bourgogne-Franche-Comté
Merci Monsieur le Ministre !
Merci Monsieur le Ministre d’être venu à Pontarlier dans ce contexte délicat. Il est important, comme vous l’avez dit « d’apaiser la situation » et « d’ouvrir le dialogue ». Par contre, nous associations, nous nous interrogeons : ouvrir le dialogue avec qui ? Ceux qui partagent votre point de vue ? Nous vous avons sollicité pour ce dialogue que vous espériez mais vous aviez certainement d’autres urgences… Votre cheffe de cabinet a bien voulu nous écouter. Nous sommes rassurés : elle nous a rappelé que vous n’étiez pas opposé au loup !
Merci Monsieur le Ministre, de permettre aux « associations qui viennent attiser la colère des agriculteurs » de vous répondre : nous sommes, pour la grande majorité, des bénévoles, des habitants de ce territoire que vous dîtes protéger. Nous donnons notre temps pour défendre ce que la population, dans son ensemble, réclame : une vraie prise en compte de la biodiversité dans les décisions politiques. Nous ne souhaitons la colère de personne. Simplement un débat démocratique.
Merci Monsieur le Ministre de nous mettre en garde sur la tentation de devenir des « yaqu’àfautqu’onistes » qui disent que « c’est facile de protéger les bovins ». Nous avons pourtant cherché : nous n’avons trouvé aucun propos de la sorte dans nos communications. A la place nous avons proposé de tous trouver des solutions efficaces pour limiter les prédations. (devons-nous rappeler que l’efficacité des tirs n’a pas été prouvée ?).
Merci Monsieur le Ministre de nous faire part de vos conclusions techniques : « les troupeaux du massif jurassien sont « à l’évidence non-protégeables ». Pouvez-vous nous fournir les études scientifiques dont vous disposez à ce sujet ? Encore une fois, lors de notre rencontre avec votre cheffe de cabinet quelques heures plus tôt, nous avons été rassurés d’entendre que vous n’envisagiez pas de dire que le massif du Jura n’était pas protégeable. Peut-être est-ce simplement un manque de communication entre vous ?
Merci Monsieur le Ministre de condamner la violence des éleveurs sur les journalistes. Sur ce point, nous sommes unanimes. Nous sommes plus étonnés de votre condamnation des « personnes qui viennent sur des propriétés entraver une action décidée par le Préfet et qui est une décision légale ». L’arrêté de tir est peut-être légal*, mais nous ne sommes pas sûrs que les actes de la brigade Loup le soient (cf. carcasse pour appâter les loups !). Les tribunaux se chargeront d’en juger.
Enfin, Monsieur le Ministre, nous ne cesserons pas d’appeler les éleveurs à participer à des échanges, certains nous ouvriront leurs portes pendant que d’autres les claqueront. Ce qui est certain c’est que claquer les portes ne peut être le comportement d’un ministre. Les JA (Jeunes Agriculteurs) de Rodez ont invité M.Jancovici pour que le président de Shift Project leur dise comment il voyait le monde agricole du Roussillon horizon 2050. Ils ont eu le courage de s’informer en l’invitant et ne l’ont pas agressé.
Nous avons des éleveurs sensibles à la biodiversité. Ceux-là comprendront que la compréhension de ce qu’est la biodiversité est basée sur la science tout comme l’agronomie. Ces sciences doivent être modernes, actualisées et inclure toutes les formes de vie. Nous sommes sincèrement prêts à travailler avec eux pour concilier leur activité à la préservation du loup. Il doit bien y avoir sur notre territoire des individus ou des organisations désireuses d’établir des échanges sincères et constructifs
Nous serons à leurs côtés.
* d’un point de vue administratif mais il n’est pas sûr que les tribunaux l’entendent de la même manière