Mr le Président, nos communes soutiennent le programme de restauration de l’ours

Mr le Président, nos communes soutiennent le programme de restauration de l’ours

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Courrier de Pays de l’Ours-Adet adressé au Président de la République.

A Arbas, le jeudi 9 mars 2006

Monsieur le Président,

Dans quelques jours, Madame Nelly OLIN, Ministre de l’Écologie et du Développement Durable doit annoncer les détails du programme de renforcement de la population d’ours dans les Pyrénées, notamment les sites retenus pour les lâchers. Les opposants à ce programme ont donc logiquement choisi ce moment pour rappeler leur désaccord.

En cette période sensible pour l’avenir des Pyrénées, je tiens à vous rappeler notre soutien et celui de la majorité des Français et des Pyrénéens sur ce dossier.

Le bruit et l’agitation que vont créer les opposants à l’ours ne doivent pas occulter la réalité de l’état de l’opinion sur cette question. Les occasions de la mesurer ont été nombreuses et ont invariablement conclu dans le même sens : les Français, comme les Pyrénéens, y compris les montagnards, soutiennent massivement la restauration de la population d’ours des Pyrénées et les lâchers nécessaires pour y parvenir. Vous trouverez ci-joint à ce sujet les résultats des différents sondages réalisés. Depuis 15 ans, aucune étude d’opinion n’a jamais conclu à une opposition significative à l’ours dans les Pyrénées. De même, les occasions de constater la mobilisation des Pyrénéens et des Français en faveur de l’ours n’ont pas manqué : en mai 2000, alors que l’Assemblée Nationale venait de voter le retrait des ours, plus de 1.000 personnes ont défilé à Saint-Gaudens. En novembre 2004, c’est plus de 2.000 personnes qui se sont réunies à Oloron-Sainte-Marie suite à la mort de Cannelle, la dernière femelle ours pyrénéenne. La pétition que nous avons ensuite lancée a recueilli plus de 125.000 signatures en faveur du renforcement de la population d’ours.

Au delà de l’état de l’opinion, je souhaite également insister sur le fait que le programme mis en œuvre par l’état n’est pas seulement une opération écologique. En effet, depuis 1994, le programme « Ours » consacre chaque année plus de la moitié de son budget au soutien du pastoralisme, en particulier pour le financement de postes de bergers en montagne, la protection des troupeaux et l’amélioration des conditions de vie et de travail des bergers. Il s’agit donc bien d’un programme équilibré, favorisant la conciliation des enjeux écologiques et économiques, dans l’esprit même du Développement Durable. Les faits montrent d’ailleurs l’efficacité de ces mesures favorisant la cohabitation élevage – ours. Une récente étude, dont vous trouverez ci-joint la présentation démontre que les chiens de protection mis en place dans le cadre du programme « Ours » permettent de réduire en moyenne de 90% la prédation sur les troupeaux. En plus du bénéfice de pouvoir embaucher des bergers, ces actions mènent à une conclusion sans appel sur le terrain : la mortalité dans les troupeaux pyrénéens a significativement baissé depuis dix ans, et ceci grâce à la réintroduction de l’ours !

L’enjeu de cette opération n’est donc pas seulement écologique. Le retour d’une population viable d’ours dans les Pyrénées est également un enjeu patrimonial et socio-économique. La culture pyrénéenne a depuis longtemps intégré le voisinage de l’ours. Selon certaines légendes pyrénéennes, le premier ours serait un homme déchu ; d’autres expliquent à l’inverse que l’homme descend de l’ours. Ainsi un proverbe basque dit : « Ne tue pas l’ours, c’est ton père ! ». Toujours complexe, souvent houleuse, la relation Homme – Ours est donc un élément fondamental de la culture pyrénéenne.
Il serait tout à fait paradoxal, incompréhensible, que nous choisissions l’époque où nous avons enfin les moyens techniques et financiers de cohabiter de manière apaisée avec l’ours, pour décider ce que n’ont jamais fait nos ancêtres : faire disparaître l’ours des Pyrénées.

Enfin, l’ours dans les Pyrénées est un enjeu majeur pour le développement durable de ce massif. Comment imaginer en effet de laisser disparaître sciemment un des plus beau fleuron du patrimoine naturel français quelques années seulement après avoir défini et adopté comme principe d’action fondamental la conciliation des enjeux écologiques et économiques. D’autant que la présence de l’ours est un atout fort pour le développement durable montagnard : il est à la fois un élément mobilisateur d’énergies et de moyens, et le garde-fou garantissant que l’on gère le patrimoine de manière respectueuse et responsable pour les générations futures.
L’ours est en effet une espèce biologiquement exigeante. Intégrer sa présence dans les stratégies de développement impose d’adapter les activités humaines afin de concilier les approches écologiques, économiques et socioculturelles. C’est sans doute ce qui dérange le plus les opposants à l’ours. Ils savent que la conservation de cette espèce les limite dans leur vision seulement économique de la montagne. De notre point de vue, ce n’est pas le moindre des intérêts de ce programme.

Pour toutes ces raisons, Monsieur le Président, je tiens à vous renouveler le soutien de nos communes et des membres de notre association, de la grande majorité des Pyrénéens et des Français pour le maintien et la poursuite du programme de restauration de la population d’ours dans les Pyrénées.
L’ours est à la fois notre histoire et notre espoir, l’âme des Pyrénées. Nous vous demandons et vous remercions par avance pour votre soutien à ne pas le laisser disparaître.

Je vous remercie de l’attention et des suites que vous accorderez à la présente, et vous prie de recevoir, Monsieur le Président, l’expression de ma plus haute considération.

François ARCANGELI
Maire d’Arbas,
Président de l’association pour le développement durable des Pyrénées Centrales « Pays de l’Ours – Adet ».