Le 8 mars 2006
Monsieur le Président de la République,
A l’approche de l’annonce par la Ministre de l’Ecologie des modalités précises pour le lâcher de cinq ours dans les Pyrénées dès avril 2006, l’association FERUS, composée de 3000 adhérents et de très nombreux sympathisants, souhaite vous redire son soutien pour ce geste oh combien important en faveur de la biodiversité pyrénéenne.
Le renforcement de la population d’ours est fortement plébiscité par les Français et les Pyrénéens comme le montre tous les sondages depuis trois ans. Ils ne comprendraient pas que l’Etat cède devant les actions parfois violentes et délictueuses des adversaires de l’ours.
Une nouveauté : au cœur des vallées béarnaises, dont une large zone est sous l’influence de l’Institution Patrimoniale du Haut-Béarn présidée jusqu’à cette semaine par le député UDF Jean Lassalle, l’ours ne fait pas l’unanimité, ça nous le savions déjà, mais, contrairement à ce que certains hommes politiques aiment faire croire, le Béarn sur le sujet de l’ours ne diffère pas du reste des Pyrénées.
En effet, fin novembre, FERUS a adressé un questionnaire portant sur l’ours à tous les maires, adjoints au maire et conseillers municipaux des 41 communes des vallées d’Aspe, d’Ossau, du Barétous et limitrophes. Nous avons cherché à savoir, loin des polémiques, ce que pensent réellement les élus de ces vallées de la présence de cette espèce.
Les opinions recueillies se répartissent équitablement sur une gamme d’avis allant des plus favorables aux plus hostiles à l’ours. Globalement, FERUS a été plutôt favorablement étonné par les réponses.
- Pour 50 % des élus ayant répondu à la question, le renforcement en femelles d’ours décidé par le Ministre de l’Ecologie et du Développement Durable (MEDD) Serge Lepeltier et confirmé par son successeur Nelly Olin est une action raisonnée pour le maintien de la biodiversité ou un geste en faveur du Béarn.
- Renforcer la population d’ours du Béarn en femelles serait une bonne chose pour l’environnement pour 46,5% d’entre eux, appuyés par les 28% d’autres élus qui pensent que ce serait le juste rétablissement d’une situation connue jadis. Soit au total 74,5 % de réponses favorables.
- 51 % pensent qu’il est normal que l’on restaure cette population d’ours pour les générations futures, 35,5 % sont favorables au renforcement de la population d’ours, et 14,5 % le sont « sous conditions » soit au total 50% d’opinions favorables.
Le questionnaire fait apparaître une peur de l’ours sans rapport avec la réalité (y compris la réalité vécue dans les vallées), et une certitude, l’ours est mauvais pour le pastoralisme. FERUS mesure combien les rumeurs véhiculées notamment sur les ours « slovènes » ont fini par marquer les esprits, alors que ni en France (où les ours « slovènes » n’ont absolument pas confirmé ces craintes), ni à l’étranger (où les deux autres pays européens qui ont entrepris des lâchers d’ours, Autriche et Italie, ont fait appel à la Slovénie), aucune particularité comportementale ou morphologique majeure n’a jamais pu être relevée contre ces ours.
Quant au dossier pastoral, il semble que de nombreux élus connaissent finalement assez mal la réalité des dégâts dus à l’ours (0,03% du cheptel pyrénéen) et celle des procédés qui permettent de les réduire encore ou si nécessaire de les compenser.
Sur tous ces points et bien d’autres comme le coût de ces mesures, FERUS a adressé un argumentaire détaillé et rédigé à partir des commentaires des élus, à toutes les mairies ayant reçu initialement le questionnaire pour mise à disposition des élus municipaux et de tous les habitants pour consultation.
Le 13 mars prochain, FERUS saluera médiatiquement la décision du gouvernement de procéder au renforcement de la population d’ours des Pyrénées.
En espérant pouvoir compter sur une position ferme et clairvoyante de l’Etat en faveur de la biodiversité pyrénéenne, nous vous prions de croire, Monsieur le Président de la république, en notre plus parfaite considération.
Pour l’association FERUS, le Président Jean-François DARMSTAEDTER