Pendant les élections, les opposants à l’ours ont fait monter la pression pour amener l’Etat à capturer l’ourse Franska. Une réunion de crise a été convoquée le vendredi 22 juin par le préfet des Hautes-Pyrénées. FERUS est très inquiet et en appelle au nouveau ministre d’Etat Jean-Louis Borloo comme à la nouvelle secrétaire d’Etat Nathalie Kosciusko-Morizet pour éviter l’irréparable.
Franska n’est pas un « ours à problème ». Un ours à problème, d’après les propres termes du plan de conservation du ministère de l’Ecologie (2006), est un animal ayant un comportement entraînant une situation de conflit aigüe avec l’homme. Ces situations sont de trois ordres : familiarité excessive avec l’homme ; agressivité envers l’homme ; prédation anormale causant des dégâts significatifs sur des animaux domestiques gardés (par des chiens de protection, des clôtures électriques ou des parcs).
Franska est timide et évite les hommes. Elle a attaqué et dévoré quelques brebis, prélevées sur des troupeaux qui sont laissés de jour comme de nuit sans surveillance dans la montagne. Chaque année les ours mangent quelques moutons (rappelons une fois de plus les chiffres, environ 200 brebis sur l’ensemble de la chaîne pyrénéenne qui abrite plus de 600 000 moutons), dégâts qui sont totalement indemnisés et n’auraient quasiment pas lieu si les troupeaux étaient protégés.
Les législatives ont été l’occasion pour les ennemis de l’ours de faire de la surenchère : pour attirer les voix des éleveurs et de leurs familles, des candidats ont promis de combattre « les ours slovènes ». Franska est leur première cible, ils demandent son « retrait » mais les autres ours suivront puisque tous sans exception ont tendance à manger quelques moutons si les troupeaux ne sont pas surveillés.
FERUS rejette catégoriquement cette approche simpliste de la question : l’Etat doit garantir comme promis la tranquillité et la sécurité aux ours, il doit aussi comme promis garantir aux éleveurs des conditions de travail décentes, l’ours n’étant qu’un prétexte, chacun le sait très bien. On doit cesser d’agiter le spectre du risque que courraient les randonneurs (du temps où les ours étaient des dizaines et où ils n’avaient pas d’émetteurs, des randonneurs aussi nombreux qu’aujourd’hui parcouraient la montagne sans y penser). On doit par dessus tout écarter l’hypothèse scandaleuse de captures sans fin des ours pour les transférer et faire baisser provisoirement la pression : les ennemis de l’ours ne seront satisfaits qu’avec l’élimination du dernier représentant de l’espèce.
Enfin FERUS alerte solennellement les nouveaux ministres : la préservation de la biodiversité est au coeur du futur Grenelle de l’Environnement, et la biodiversité ne se divise pas. A moins de considérer, comme les anti-ours qui ne brillent pas par leurs connaissances scientifiques, que l’ours n’en fait pas partie alors que toutes les études montrent qu’il a parfaitement sa place dans les habitats naturels pyrénéens d’où il n’a jamais disparu. Il est facile de parler de la biodiversité en général et de proclamer qu’on va stopper son érosion. Il est plus difficile de le faire vraiment quand cela implique d’affronter des intérêts et des groupes de pression : le succès final n’en sera que plus méritoire.