Vous aussi, opposez-vous à ce projet d’extention qui menace l’habitat de l’ours mais aussi celui du grand tétras, du desman des Pyrénées (espèce endémique) et du lagopède en exprimant votre mécontentement au ministère de l’Agriculture :
- michel.barnier@agriculture.gouv.fr ou
- Monsieur Michel Barnier, Ministre de l’Agriculture et de la Pêche, 78 rue de Varennes, 75700 PARIS
Monsieur le Ministre
Le 22 mars 2007, le Préfet de la région Midi-Pyrénées a signé un arrêté d’Unité Touristique Nouvelle, permettant l’extension de la station de ski de Mijanès-Donezan (commune de Mijanès), en Ariège, au cœur de la zone à ours du noyau de population oriental.
Ce projet prévoit une augmentation de 40% du domaine skiable, sur une zone totalement vierge d’installations humaines : la vallée de la Maure. Le prolongement d’un téléski et les réalisations de cinq kilomètres de terrassements, de talus, de bétonnages et d’enrochements viendront saccager cet espace naturel remarquable.
En 1998 déjà, un projet de jonction des deux stations de ski d’Ascou et de Mijanès était à l’ordre de jour. L’Etat avait finalement refusé ce projet à l’époque, pour des raisons financières mais aussi une étude d’impact jugée insuffisante. Bien qu’officiellement il ne s’agisse pas du même projet, dans la réalité, la jonction des deux stations de ski sera effective et le domaine skiable convoité reste le même qu’en 1998.
D’ores et déjà, deux associations (Comité Ecologique Ariégeois et Nature Midi-Pyrénées) ont déposé deux requêtes devant le tribunal administratif pour annuler le Plan Local d’Urbanisme de la commune de Mijanès et l’arrêté signé par le Préfet de région.
Mais pour gagner du temps, les aménageurs ne veulent pas attendre le jugement de ces recours et souhaitent commencer le plus rapidement possible les aménagements. Ils sollicitent donc votre signature, pour autoriser des travaux de « défrichement » en forêt domaniale, avant tout examen sur le fond des recours engagés.
FERUS s’associe aux nombreuses autres associations pour vous demander de ne pas signer cet arrêté de défrichement qui aboutirait au saccage d’une zone naturelle des plus riches. En effet, en dehors du coût et du risque d’avalanche – qui intéresseront sans doute diverses associations – l’impact de ce projet sur le milieu naturel est énorme.
La vallée sauvage convoitée abrite un réseau de tourbières, avec plusieurs espèces végétales rares et protégées (dont la célèbre droséra).
Les forêts de montagne du vallon de la Maure, qui seront ouvertes par des buldozers pour créer des pistes, constituent une des plus importantes zones d’hivernage des Pyrénées pour le grand tétras. Un rapport du spécialiste M. Ménoni (ONCFS) indique que ce projet entraînerait une destruction à 67% de cette zone d’hivernage et contribuerait à la destruction de l’espèce au niveau pyrénéen en isolant encore un peu plus les populations locales.
Enfin, ce qui nous implique plus particulièrement, la vallée concernée par cet aménagement se trouve au cœur de la zone à ours de la Haute-Ariège (noyau oriental de la population d’ours des Pyrénées). Depuis 2005, deux ours différents occupent ce noyau oriental, entre la Haute-Ariège, le sud de l’Aude et l’ouest des Pyrénées-Orientales : l’ours Boutxy (mâle adulte, fils de Mellba, né en 1997 en Haute-Garonne) et un ours indéterminé.
Comme les données de terrain le prouvent, les montagnes du Donézan sont régulièrement occupées par l’ours. Cette année encore, les analyses génétiques ont révélé la présence de l’ours Boutxy, au mois de juillet, sur la commune de Mijanès.
Lorsque Boutxy était équipé d’un émetteur intra-abdominal (de septembre 1999 à juin 2002), son suivi télémétrique a révélé qu’il a hiberné, trois hivers consécutifs, dans le Donézan et plus précisément sur la commune de Mijanès. C’est dire l’importance de ce massif ariégeois pour l’ours.
Est-il nécessaire de rappeler que la Directive « Habitats » (concernant la conservation des habitats naturels ainsi que des espèces de faune et de la flore sauvages) place le milieu de vie de l’ours brun en annexe II. Cela suppose que son milieu de vie soit strictement protégé.
On le sait, la survie à long terme de la population d’ours dans les Pyrénées passe, nécessairement, par la protection et le respect de la tranquillité de son territoire, notamment lors de certaines phases clefs de son cycle de vie : élevage des jeunes, hibernation…
Enfin, outre ces deux espaces emblématiques, d’autres espèces animales, rares mais plus méconnues, sont concernées par ces travaux dans la vallée de la Maure, comme le lagopède ou le desman des Pyrénées (insectivore aquatique endémique des Pyrénées).
Pour toutes ses raisons, à l’heure où le réchauffement climatique devient une réalité et où les stations de moyenne et basse altitude connaissent des enneigements très aléatoires (la station de Mijanès n’a ouvert que 2 semaines lors de la saison 2006/2007), on peut s’interroger sur l’opportunité d’un tel aménagement, extrêmement coûteux et destructeur pour la Nature.
Au lendemain du Grenelle de l’Environnement, qui concluait à l’impérieuse nécessité de protéger la biodiversité en France, nous espérons que la raison l’emportera et que vous ne signerez pas cet arrêté destructeur, notamment pour l’habitat de deux espèces emblématiques des Pyrénées : le grand tétras et l’ours brun.
Veuillez agréer, monsieur le Ministre, nos salutations respectueuses