De grandes quantités de nourriture fournies par les hommes aux animaux sauvages ont le potentiel d’altérer les comportements de ces derniers, notamment l’hibernation des ours.
Dans une étude parue en novembre 2016 dans Journal of Zoology, des chercheurs ont étudié le comportement d’hibernation des ours bruns en Slovénie, où le nourrissage intensif avec du maïs est pratiqué toute l’année, y compris en hiver. Dix-sept ours équipés de collier GPS ont été suivis afin de connaître leurs mouvements lors de l’hibernation et les résultats comparés aux données provenant d’autres populations ursines en Europe, en Asie et en Amérique du Nord.
En compilant les données à travers le monde, les chercheurs ont d’abord remarqué une corrélation entre la latitude et le temps d’hibernation des ours bruns à travers leur distribution géographique. Pour chaque degré de latitude vers le nord, la période d’hibernation augmente de 3,1 jours ; par ailleurs, les mâles passent en moyenne 10,3 jours de plus en tanière que les femelles.
Mais en Slovénie, l’étude a montré que la période d’hibernation est en moyenne de 82 jours pour les femelles et de 57 jours pour les mâles, soit 45 et 56 % respectivement moins longue que ce qui était attendu pour cette latitude. D’autre part, l’abandon régulier des tanières en période hivernale a été noté pour 61 % des ours avec une moyenne d’abandon de 1,9 fois par hiver.
Enfin, toujours en hiver, l’utilisation des sites de nourrissage augmente de 61% par rapport au reste de l’année.
Les chercheurs concluent que la disponibilité en aliments apportés par les hommes est un facteur important altérant l’hibernation de ours. La réduction de l’hibernation augmente de ce fait le potentiel d’interaction des ours avec les autres espèces animales et les humains notamment. « L’hibernation est une part importante du cycle de vie des ours. Nos recherches montrent que fournir de la nourriture aux ours peut perturber ce cycle et augmenter les périodes pendant lesquelles les ours vont interagir avec les hommes » explique Miha Kofel, auteur principal de l’étude. « Ces effets secondaires mettent en garde contre l’utilisation des pratiques de nourrissage et d’appatâge des ours, régulièrement utilisées à diverses fins de gestion des ours dans le monde entier ».