Communiqué de FERUS, 13 juin 2007
Le 11 juin, la Chambre d’Agriculture, la FDSEA et les Jeunes Agriculteurs des Hautes-Pyrénées, ont demandé « le retrait immédiat de Franska », actuellement présente entre les vallées de l’Adour et d’Aure. Pour justifier cette mesure excessive, ils estiment que « les agissements de cette ourse relèvent d’un comportement anormal ».
Ceci est faux. Franska n’a, en aucun cas, un comportement anormal.
Voici ce que l’on peut lire dans le Plan de restauration et de conservation de l’ours brun dans les Pyrénées 2006 – 2009, rédigé à l’occasion du renforcement de 2006 par le Ministère de l’Ecologie (p. 135) :
« Un ours à problème peut être défini comme un ours ayant un comportement entraînant une situation aiguë de conflit avec l’homme. Cette définition recouvre les trois situations suivantes :
- un ours trop familier vis-à-vis de l’homme […] ;
- un ours anormalement prédateur – cette situation correspond au cas où l’ours cause des dégâts significatifs et clairement identifiés sur des animaux domestiques gardés et des produits correctement protégés (parcage nocturne des animaux, chien de protection, clôture électrique…) ;
- un ours agressif envers l’homme […] »
Franska ne requiert à aucune des 3 conditions qui peuvent définir un ours à problème.
Et quand bien même cette ourse manifesterait un de ces 3 types de comportement, le protocole élaboré par le Ministère prévoit d’abord des opérations d’effarouchement.
Son comportement envers les humains a toujours été tout à fait normal. Très discrète, ses observations sont rares et n’ont jamais montré la moindre familiarité et encore moins agressivité envers l’homme.
Son seul tort est de faire preuve d’opportunisme, en causant des dégâts réguliers dans des zones où les troupeaux ne sont pas protégés. En effet, depuis son lâcher en avril 2006, Franska a toujours fréquenté des zones d’élevage extensif, sans protection des troupeaux : hautes vallées de Bigorre au printemps 2006, massifs du Pibeste et de l’Estibète pendant l’été 2006 et maintenant massifs des Baronnies et de l’Arbizon.
Les prédations de Franska ne sont pas à mettre sur le compte d’un comportement individuel particulièrement prédateur, mais essentiellement sur le mode de gardiennage des troupeaux des zones qu’elle fréquente.
Quant à ceux qui voudraient faire croire à un supposé comportement de prédation surélevé des ours slovènes relâchés en 2006, nous rappellerons que le jeune mâle Balou a causé des dégâts très limités depuis son lâcher (dans la moyenne des dégâts causés par les ours dans les Pyrénées) ; tandis que l’ourse Sarousse n’a encore jamais touchée aux moutons …
Il n’est pas non plus inutile de nous replonger quelques années en arrière.
Durant l’année 2000 et le début de l’année 2001, Néré a causé de nombreux dégâts sur les estives de Barèges, puis entre le massif de l’Estibète et la vallée d’Ouzoum. Jugé indésirable, on était à deux doigts de le capturer pour l’équiper d’un émetteur. C’est alors qu’il se déplaça vers le Haut-Béarn, dans une zone où les troupeaux sont protégés.
Depuis cette date, Néré ne fait plus parler de lui, bien qu’il y soit toujours présent. Les dégâts sur les troupeaux sont restés stables et ont même diminué depuis son intégration au reliquat de population des Pyrénées occidentales.
Quelques années plus tard, un nouvel ours fait parler de lui pendant plusieurs années dans la vallée de Luz. Immédiatement, on parle d’un fauve slovène à la dent longue… Finalement, lors de la capture de cet ours pour l’équiper d’un émetteur, en 2004, on se rend compte qu’il s’agit en fait du vieux mâle Papillon… Cet ours est un vieux mâle autochtone, connu de tous dans le Haut-Béarn, son territoire natal, d’où il a dû se faire chasser par un jeune mâle plus vigoureux.
C’est donc bien un ours d’origine pyrénéenne qui fut à l’origine de nombreux dégâts dans cette zone en Bigorre, de 2001 à 2004, alors qu’il était très calme dans le Haut-Béarn.
Par ces exemples, FERUS tient à rappeler que les dégâts imputables à tel ou tel ours sont d’avantage dus au mode de gardiennage des troupeaux, plutôt qu’à l’origine ou l’identité de l’animal.
Un ours au comportement « anormal » serait un ours qui ne montre aucune crainte vis-à-vis de l’homme, qui manifesterait des signes d’agressivité envers lui ou qui causerait des dégâts importants sur des troupeaux protégés.
Franska n’a jamais manifesté ces types de comportement. Il est donc, pour FERUS, absolument hors de question qu’on procède à sa capture.
Photo : lâcher de Franska en 2006