Discours du maire d’Arbas lors de l’annonce des lieux de lâcher
Le 13 mars 2006.
Madame la Ministre,
Je voudrais tout d’abord vous remercier pour l’annonce que vous venez de faire et pour le travail que vous avez entrepris ces derniers mois, sur le terrain notamment, en prenant le temps de la concertation, le temps d’écouter les avis des uns et des autres, pour finalement prendre cette décision – mesurée – de procéder au renforcement par l’apport de 5 ours slovènes dès ce printemps dans les Pyrénées.
Vous avez pris le temps, nous avons pris collectivement le temps, depuis la réintroduction expérimentale faite à Melles il y a 10 ans sous l’impulsion d’André Rigoni, le maire de Melles, mon prédécesseur à la présidence de l’association « Pays de l’ours – Adet ». Réintroduction sans laquelle aujourd’hui nous ne compterions plus que 2 ours dans les Pyrénées. Pendant ce temps, l’Italie a procédé de son côté – et sans polémique – au lâcher de 10 ours en 3 ans.
Cette décision relève bien de la crédibilité de la France à respecter ses obligations morales et ses engagements internationaux. Elle donne sa propre contribution au maintien de la biodiversité. Elle relève aussi de la volonté très majoritaire de la population, de toute la population, qu’elle soit citadine, rurale ou montagnarde. Toutes les études d’opinion l’ont montré : 77 % des habitants des trois départements de montagne de Midi-Pyrénées y sont favorables, 77 % aussi dans les Pyrénées-Atlantiques, et deux habitants sur trois dans les seules communes de montagne.
Cela relève donc de l’image de la France, mais aussi de celle des Pyrénées et des Pyrénéens : Pour notre part, nous ne pouvons imaginer choisir d’abandonner un pan entier de notre patrimoine naturel, d’effacer avec lui cette fierté que nous avons, nous pyrénéens, de prendre en main notre avenir en conciliant tous les enjeux de notre territoire dans une vraie démarche de développement durable.
La sauvegarde de l’ours relève d’une responsabilité collective, mais commence par des responsabilités individuelles : nous prenons donc la nôtre en refusant d’imaginer laisser disparaître l’ours au moment même où nous occupons nos modestes fonctions d’élus locaux.
Nous le faisons, je l’ai dit, avec l’appui sans faille de l’opinion publique. Faut-il rappeler également notre comité de soutien composé de plus de 300 élus de toutes tendances politiques et de professionnels avec lesquels nous avons signé des chartes de qualité ? Rappeler aussi notre pétition qui compte plus de 125.000 signatures ?
Madame la Ministre, Il y a probablement peu de décisions politiques aussi consensuelles !
Pourtant certains dénigrent, condamnent, dénoncent le retour de l’ours au nom de conceptions dépassées opposant l’Homme à la Nature. Nous, nous sommes fiers de ce retour et nous voyons dans cette histoire l’amorce d’un nouveau développement dans les Pyrénées : un développement basé sur la valorisation des atouts et des spécificités d’un territoire remarquable, tant par son environnement naturel que culturel.
D’un point de vue culturel précisément, et conformément à la tradition pyrénéenne, nous lançons dès aujourd’hui les opérations de baptême de ces ours dont les noms seront proposés par la population, par les enfants, en partenariat avec la presse : toutes les précisions sont portées sur notre site internet paysdelours.com. Nous aurons à choisir également pour ces ours des parrains et des marraines issus des personnalités du spectacle, du cinéma et du sport.
Madame la Ministre, Au nom de ceux d’entre nous qui travaillons depuis 10 ans pour sauver les ours dans les Pyrénées, je vous remercie. Je vous remercie de nous permettre aujourd’hui d’écrire ensemble une des plus belles pages de notre histoire pyrénéenne.
Le lundi 13 mars 2006
François Arcangeli, Maire d’Arbas, Président de l’association pour le développement durable des Pyrénées Centrales « Pays de l’Ours – Adet »