Allauch, le 1er janvier 2005.
L’association FERUS, qui oeuvre pour la conservation des grands prédateurs en France, formule des voeux pour qu’en 2005 l’ours soit élu « animal de l’année ».
Elle attend avec impatience l’annonce que le ministre de l’Ecologie s’est engagé à faire le 15 janvier. Dans un contexte globalement sombre pour la nature et la faune sauvage en France, la restauration d’une population digne de ce nom du plus grand carnivore d’Europe entretiendrait l’espoir.
FERUS demande que les pouvoirs publics s’assignent clairement une obligation de résultats et non de moyens. Le seul objectif justifiant des manipulations d’ours sauvages, la mobilisation de moyens importants, la protection des moutons contre les attaques des ours et celle des ours contre le braconnage des hommes est l’établissement dans les Pyrénées d’une population viable à long terme. FERUS constate que ni les Espagnols dans les monts Cantabriques, ni les Italiens dans les Abruzzes ne considèrent que des populations d’environ soixante ours sont en état satisfaisant de conservation.
La question n’est pas de savoir combien d’ours seront lâchés mais combien d’ours vont vivre dans les Pyrénées, des deux côtés d’une frontière qu’ils ignorent. Il est possible que des réintroductions en nombre limité suffisent, si le nouveau programme connaît un succès équivalent à l’opération expérimentale de 1996-1997. Mais à l’inverse rien ne garantit qu’une série d’aléas malheureux n’obligera pas à introduire plus d’ours que ce que la plus performante des simulations aura conseillé.
FERUS n’ignore pas que le programme se traduira probablement par plusieurs opérations ponctuelles de renforcement des groupes d’ours existants. Elles seront légitimement entreprises avec l’accord des élus représentant les populations humaines directement concernées. Et, au sein de CAP-Ours, nous comptons sur les associations de protection locales pour faciliter l’acceptation de l’ours. FERUS toutefois veillera à ce qu’aucune dérive n’aboutisse à des caricatures de réintroductions.
La diversité des contextes ne doit pas faire oublier la grande leçon donnée par les ours eux-mêmes ces dernières années : la chaîne pyrénéenne constitue un tout, les ours s’y déplacent facilement, nul ne saurait prévoir où chaque individu se fixera même si certains habitats sont nettement plus favorables que d’autres.
Le découpage en « noyaux » est une fabrication administrative a posteriori, il ne saurait fonder une politique de restauration de la population d’ours sur l’ensemble de la chaîne. Le même sérieux, le même respect des textes et des règles de comportement fixées de longue date par des scientifiques compétents doivent présider à toutes les opérations ponctuelles de lâcher. Accepter des niveaux d’exigence différenciés serait admettre qu’à terme des coupures infranchissables finiront par tronçonner les Pyrénées en deux ou trois sous-ensembles. Dans ce cas mieux vaudrait renoncer immédiatement à la présence de l’ours.
FERUS veillera particulièrement à ce que les manipulations d’animaux soient réduites au strict minimum. Le suivi scientifique des animaux lâchés n’est pas critiquable. Mais il doit être entendu qu’on va reconstituer une population d’ours véritablement sauvages, pas d’individus en liberté conditionnelle munis d’équipements électroniques dont la finalité réelle serait de permettre une recapture à la moindre exigence d’un élu. FERUS rappelle ses prises de positions antérieures sur l’élevage (le retour de l’ours, souhaité par l’ensemble de la société, ne doit entraîner aucune dépense supplémentaire à la charge des éleveurs) ; sur l’interdiction des battues au sanglier dans les zones occupées par des ours et notamment des femelles suitées ; sur la nécessité d’interdire les nouvelles routes et pistes dans les zones favorables à l’ours.
Si les annonces faites le 15 janvier par les pouvoirs publics vont dans la bonne direction, si le respect des besoins vitaux de l’ours et de son habitat est assuré, FERUS mettra tout en oeuvre pour renforcer l’adhésion des Français et des Européens à ce programme et pour faire en sorte qu’il aboutisse dans les meilleurs délais à l’arrivée de nouveaux ours dans les Pyrénées.