Gilbert Simon, vice président de FERUS, a été reçu à sa demande par Philippe Caron, conseiller de la ministre de l’Ecologie.
L’ association avait plusieurs points à faire valoir avant l’été. S’agissant des suivis télémétriques de l’ours et plus généralement des trois grands prédateurs, Ferus a rappelé qu’il préconisait l’adoption par le MEDD d’un corpus de règles de conduites que devrait précéder un débat en CNPN.
D’un côté nous comprenons l’intérêt pour la connaissance de certains suivis (il ne serait pas inutile de savoir par exemple par où passent les loups qui vont des Alpes dans le Massif Central ou les Pyrénées). D’ailleurs la plupart des pays modernes pratiquent plus que la France le suivi de nombreux animaux, avec de gros moyens. Ces méthodes révèlent en général pas mal de choses sur le comportement des animaux même s’il faut veiller à ne pas « redécouvrir » ce que d’autres ont déjà publié et validé.
De l’autre il n’est pas question que les techniciens manipulent les animaux protégés sans raison, ni qu’on prenne des risques inutiles avec leur santé, ni surtout que les adversaires de ces espèces prétendent qu’on sait où sont les causeurs de dégâts et donc qu’on peut et qu’on doit les éliminer.
S’agissant de Balou, FERUS n’est certainement pas favorable à une capture inutile et périlleuse pour lui. Toutefois s’il ne retrouve pas la zone où sont les autres ours et se cantonne définitivement là où il n’a pas d’avenir il faudra aviser, on ne lui souhaite pas le sort de Bruno*…
La question des risques de dégâts d’ours aux troupeaux a bien sûr été le plat de résistance. Il est probable que dans les mois à venir ils vont être supérieurs à ceux de l’an dernier par l’effet mécanique de l’augmentation du nombre d’ours. Il est important que le MEDD forme ses agents, les préfets, les DDAF et les autres porte-paroles potentiels de l’Etat à répondre vite et correctement aux médias, en rapportant toujours les dégâts à l’ensemble des moutons, aux autres causes de pertes d’ovins. Ils devront surtout relativiser les affirmations non fondées sur les dérochements. Il est bien entendu essentiel que les indemnisations soient effectuées sans retards et que ceux qui les refuseraient par principe se fassent dire publiquement que les sommes sont à leur disposition.
Les décisions à prendre et les éléments de langage recommandables en cas (infiniment peu probable, mais gouverner c’est prévoir) de rencontre « difficile » avec un homo sapiens ont été abordés.
Ferus a demandé que les services de l’Etat à commencer par les préfets marquent sans délais leur soutien à ceux qui sont insultés ou agressés par les anti-ours. Le climat de « petite terreur » qui s’apparente à un fascisme rampant dans certaines vallées ne peut que s’alourdir si les anti-ours savent qu’ils peuvent impunément menacer, déposer des brebis agonisantes, crever des pneus, bousculer des enfants, et demain faire pire. Nous apprécions que Nelly Ollin ait téléphoné à certaines victimes, mais les appuis publics compte énormément et surtout les services locaux de l’Etat et …la justice doivent montrer qu’ils sont du côté de ceux qui soutiennent dans la légalité un programme officiel.
Nous avons évoqué le Tour de France ; nous ne voulons pas que les anti ours obtiennent par le chantage une déclaration des organisateurs (ou assimilés comme Gérard Holz qui l’an dernier a apporté soutien et compréhension aux éleveurs). Il est possible qu’une étape soit perturbée dans les Alpes ou les Pyrénées par les éleveurs. Ce n’est surtout pas une raison pour céder au chantage.
Ferus espère évidemment que le cinquième ours prévu sera bien lâché à la fin de l’été, si possible au plus près des ours déjà sédentarisés. Il l’a dit très fort, de même qu’en cas de braconnage, un nouvel ours devait remplacer l’ours éliminé.
S’agissant du loup nous avons mentionné le conflit qui nous oppose au préfet et au DDAF dans le 06, avec des risques d’extension à d’autres départements : il s’agit des projets de tirs de l’ONCFS sur loups qualifiés de « à proximité des troupeaux » alors qu’il s’agirait de traquenards tendus « dans la zone d’estive ». Si des décisions individuelles violent l’esprit et la lettre d’un protocole déjà critiquable, elles seront attaquées.
Dans l’ensemble Caron a confirmé que la ministre était ferme, calme et déterminée sur l’ours malgré la bonne campagne de communication des « anti ». Mais il n’ a pas caché qu’il s’attendait à un été chaud sur le loup, les éleveurs étant partagés plus que jamais entre légalistes et jusqu’au-boutistes, tous poussés à la surenchère par la proximité des élections aux chambres d’agriculture.