Madame Nelly Olin Le 21 avril 2006
Lettre ouverte
Madame OLIN, tenez bon !
En cette période de démagogie et de violences orchestrées par des opposants au programme de renforcement de la population d’ours des Pyrénées, l’ensemble des associations membres de la coordination CAP-Ours souhaite vous rappeler son soutien.
La coordination CAP-Ours représente des centaines de milliers d’adhérents et sympathisants. Les défenseurs de l’ours étaient plus de 1 000 à manifester en mai 2000, plus de 2 000 à Oloron-Sainte-Marie le 28 novembre 2004, et près de 125 000 personnes ont signé la pétition pour le renforcement de la population d’ours … Les récents rassemblements d’opposants de l’ours ne dépassent pas les 300 personnes et ne suscitent l’intérêt des médias que grâce à l’exhibition de brebis mortes et à des actes de violences.
Cessons d’opposer l’homme à l’ours, et rappelons que les toutes premières aides pour la cohabitation ont pour origine non pas les chambres d’agriculture ou syndicats agricoles mais une association de protection de la nature : le Fonds d’Intervention Eco-Pastoral. C’est grâce à la présence de l’ours que des avancées sociales ont eu lieu, ainsi que la consolidation et le développement de certains métiers.
Chaque année, le Ministère de l’Ecologie consacre la moitié du budget « Ours » à l’aide au pastoralisme, soit environ 700 000 Euros par an. Par ailleurs, c’est dans le cadre du « programme Ours » que l’on a pour la première fois imposé que les bergers soient déclarés. Des aides pour une valorisation du salaire sont proposées afin de reconnaître la difficulté qu’engendre la présence de l’ours ; de plus, des aides sont aussi proposées pour le remplacement des bergers lors de leurs congés, ainsi que pour l’embauche d’un deuxième berger sur les estives difficiles.
Les opposants au programme de renforcement de la population d’ours se trompent d’ennemi. L’ours ne met pas le pastoralisme en péril. Les chiffres officiels sont là pour le démontrer. En moyenne, chaque année dans les Pyrénées, 150 à 200 brebis sont tuées par les ours, alors que la mortalité globale des ovins sur la chaîne oscille entre 15 000 et 25 000 bêtes, entre les dégâts causés par les chiens errants, les maladies, la foudre, les vols … Qui plus est, ces brebis sont largement indemnisées alors qu’elles ne bénéficient d’aucune mesure de protection pourtant largement subventionnées.
De manière générale, l’agriculture a beaucoup régressé en montagne car les spécificités du milieu naturel ne permettent pas aux moyens techniques mis en œuvre d’offrir la même rentabilité que dans les plaines. L’élevage ovin français, principalement subventionné par l’Etat et l’Europe, connaît aussi divers problèmes comme celui de la concurrence avec des pays dont les coûts de production sont inférieurs. Le maintien du pastoralisme dans des montagnes déjà touchées par la désertification rurale est difficile ; ainsi, des aides directes au revenu viennent soutenir les éleveurs, par une volonté politique d’aménagement du territoire.
L’ours n’est pas responsable de la disparition de l’élevage. Au contraire il met en évidence que la tendance productiviste, dans laquelle l’agriculture de montagne est engagée, mène à une impasse. L’ours peut contribuer au maintien de pratiques pastorales induisant des produits de qualité (fromage, agneaux) par des exploitations adaptées qui, aujourd’hui et dans le contexte actuel, disparaîtraient sans ces aides.
La coordination CAP-Ours dénonce les exactions répétitives des opposants au programme de renforcement de la population d’ours dans les Pyrénées et demande au gouvernement de tout mettre en œuvre pour que les responsables de ces actes graves soient identifiés et poursuivis.
Tenez bon Madame la Ministre, la très grande majorité des Français et des Pyrénéens attend que les ours promis soient rapidement lâchés. Il s’agit de ne pas les décevoir. L’ours est un élément essentiel, naturel et culturel des Pyrénées et plus largement de la France.
Protéger l’ours, c’est à la fois conserver notre patrimoine, respecter l’environnement, répondre aux attentes des Français, et participer au développement durable des Pyrénées.
Les associations membres de CAP-Ours
Association pour la Cohabitation Pastorale (ACP), Action Nature, Association Pyrénéenne des Accompagnateurs en Montagne du département Pyrénées-Orientales (APAM 66), Associations Départementales Pyrénéennes des Accompagnateurs en Montagne des départements Ariège et Haute Garonne (ADPAM Ariège et ADPAM Haute Garonne), Les Amis du Pic du Gar, Les Amis de la Terre Midi-Pyrénées, Les Amis de l’Ours en Pyrénées Centrales (AMOPYC), Association des Naturalistes Ariègeois (ANA), Association Nature Comminges (ANC), Association de Promotion des Initiatives des Habitants de Mijanès (APIHM), Collectif Ax 24 mars, Comité Ecologique Ariégeois (CEA), Conseil International Associatif pour la Protection des Pyrénées (CIAPP), Connaissance de l’ours, FERUS (Groupe Loup France/ARTUS), Fonds d’Intervention Eco-Pastoral – Groupe Ours Pyrénées (FIEP), France Nature Environnement (FNE), L’œil aux aguets, Mille Traces, Nature Midi-Pyrénées (NMP), Nature Midi-Pyrénées comité local Hautes-Pyrénées, Pays de l’Ours-ADET (Association pour le Développement Durable des Pyrénées centrales), Société d’Etude de Protection et d’Aménagement de la Nature dans le Sud Ouest-Béarn (SEPANSO), Société Française d’Etude et de Protection des Mammifères (SFEPM), Sours, Société Protectrice des Animaux (SPA), Union Midi-Pyrénées Nature et Environnement (Uminate), Union Midi-Pyrénées Nature et Environnement – Hautes Pyrénées (Uminate 65), WWF France.
Créée en l’an 2000, la Coordination Associative Pyrénéenne pour l’Ours est composée d’associations de bergers, d’éleveurs, de comités d’habitants, de professionnels du tourisme ainsi que des associations de développement économique durable, de protection et d’éducation à la nature…