Pastoraloup vu par un éleveur

Pastoraloup vu par un éleveur

Photo site internet Cravirola
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Le bénévole Tanguy à Cravirola. Photo site internet Cravirola

Cravirola est une ferme isolée à 1200m d’altitude sur la commune de La Brigue à la périphérie du Parc National du Mercantour, à quelque centaines de mètres de la frontière italienne. La ferme est gérée par un groupe de six personnes sous forme coopérative.Elle organise aussi des activités socio-culturelles, artistiques , des Chantiers de Jeunes pour la reconstruction du lieu. Notre principale activité et quasi-unique ressource économique est l’élevage laitier. Nous transformons le lait et vendons sur les marché des produits issus d’un cheptel de 7 vaches, 15 brebis et 45 chèvres.

Le pâturage est la principale source d’alimentation du troupeau pendant 8 mois de l’année, complété par un important apport en foin de Crau surtout en hiver.L’élevage a été mis en place depuis 1985 avec un système de pâturage libre, non gardé, sur une surface non limitée de 300 à 400 ha environ. Ce système nécessite peu d’intervention humaine, sauf par moment, surtout à l’automne, pour reconduire les chèvres à la bergerie pour la traite du soir.

Notre intérêt étant une production laitière stable sur toute l’année, nous travaillons avec des mise-bas décalées et une alimentation complémentaire en matière protéïque à faible dose mais tout au long de l’année, favorisant ainsi des lactations prolongées. Le fourrage d’ excellente qualité assure le maintien d’un bon niveau de lactation pendant l’automne et l’hiver, l’herbe fraîche du printemps provoquant une augmentation de la quantité de lait. Le principal problème est la période estivale avec ses fortes chaleurs, le troupeau restant sur des parcours entre 1200 et 1500 mètres d’altitude . Pour arriver à un temps de pâturage effectif d’au moins 7 à 8 heures par jour correspondant au besoin des animaux pour une lactation suffisante, nous avions pris l’habitude de les laisser manger la nuit entre mi-juin et mi-septembre.

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L’arrivée des loups

Ce système est devenu impossible avec l’arrivée du loup dans notre secteur. En juillet 1993 nous avons subi une première attaque de nuit et depuis nous avons supprimé le pâturage après la traite du soir ( sauf pour nos vaches adultes, qui n’ont jamais été victimes du loup). La conséquence fut une chute catastrophique du lait dès l’apparition des premières grosses chaleurs et un important manque à gagner chaque année au moment de l’arrivée des touristes sur les marchés. A partir de 1995 nous avons eu aussi des attaques en plein jour, en moyenne 2 à 4 animaux tués tous les deux ans, nous obligeant chaque fois à accompagner le troupeau pendant plusieurs semaines, le temps d’être plus ou moins sûrs que les loups aient quitté notre secteur.

En juin 2002 nous avons pour la première fois vu le loup de nos propres yeux. A dix heures du matin les chèvres revenaient en courant vers la bergerie, pourchassés par Deux jeunes loups, qui se sont éloignés seulement en entendant nos cris et ceci à moins de 100 m de la maison !

Les bénévoles Pastoraloup à la ferme Cravirola

Durant l’été notre charge de travail est intense et l’obligation à ce moment pour une personne de rester toute la journée avec le troupeau aurait vraimen posé des difficultés. Nous avions entendu parler des « éco-volontaires », mis à disposition des bergers par le « Groupe Loup France » et cela nous semblait une solution intéressante à notre problème. Après un contact pris avec la personne responsable, une jeune femme est arrivée chez nous trois jours plus tard pour accompagner nos chèvres pendant 3 semaines, d’autres éco-volontaires se sont succédés pendant tout l’été.

Nous avons renouvelé cette expérience en 2003, mais avec un système de garde amélioré. Cela nous à permis de limiter la chute de lait en période estivale dû à la suppression du pâturage de nuit. Cette fois-ci les éco-volontaires ont accompagné le troupeau le matin jusqu’ au lieu de chôme. Après, ils sont rentrés à la maison où ils ont pu se reposer ou participer aux autres activités de la ferme. En fin d’après-midi, ils partaient récupérer les chèvres pour les amener à la bergerie juste au moment de la traite . Ils accompagnait le troupeau ensuite pour un pâturage d’après-traite jusqu’ à la tombée de la nuit.

De cette façon le temps effectif où les animaux ont pu manger à été rallongé d’environ deux heures, la traite a pu se faire à l’heure exacte chaque jour. Aussi les éco-volontaires ont pu échanger d’avantage avec les autres personnes présentes sur la ferme.En somme une démarche très intéressante pour les deux parties, un véritable soulagement pour les éleveurs qui doivent faire face à une difficulté de plus avec la présence du loup, mais aussi une expérience utile pour les jeunes éco-volontaires, citadins pour la plupart, qui nous expliquent leur motivation pour la défense du loup et qui apprennent de cette façon concrète la réalité du terrain.

PS : Visitez le site internet d’Axel. Vous y retrouverez le témoignage de Tanguy, éco-volontaire Pastoraloup en 2003.