Plaidoyer pour la région du Grand Ours. Par Florent Nicolas
Article paru dans la Gazette des grands prédateurs n°57 (septembre 2015)
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Encore un réveil aux aurores, au cœur de la région du Grand Ours. Je me lance une fois de plus dans le canoë. Durant l’automne, les saumons remontent les rivières pour se reproduire mais viennent rapidement se heurter à une difficulté majeure : ours et loups attendent patiemment leur met favori. Comme tout passionné de nature, je sais que rencontrer de tels animaux sauvages et non habitués au contact de l´homme relève de la chance et de la patience… L´attente est longue mais je me dois de rester caché derrière ce grand épicéa qui s´est couché durant la dernière tempête. Les ours sont régulièrement observés et une meute de loups évolue aux alentours de cette rivière. Après avoir entendu des centaines d’histoires racontant des rencontres incroyables, mon tour viendra… Patience.
La côte de la Colombie-Britannique, province canadienne qui borde l’océan Pacifique, est constituée de nombreuses îles et bras de mer qui viennent s´engouffrer le long de grandes montagnes dans le continent nord-américain. Au nord de cette province, la région pluviale du Grand Ours est unique en son genre : sa forêt tempérée côtière, l’une des plus intactes de la planète, abrite une relation unique entre l’océan, les prédateurs terrestres et les hommes. En effet, l´environnement marin fournit une nourriture essentielle pour la survie de nombreuses espèces marines et terrestres mais également pour les communautés locales.
Les loups de cette région sont différents de ceux rencontrés sur le continent : plus petits, trapus et de couleur plus claire, ils se sont adaptés à cette côte. Contrairement aux loups continentaux, ils utilisent le littoral pour se nourrir. La majeure partie de leur régime alimentaire provient de l’environnement marin. Saumons, œufs de harengs, invertébrés ou même mammifères marins sont les proies favorites des loups côtiers. Les loups sont présents sur la quasi-totalité des îles de la région. Ils ne sont visibles que lorsqu’ils sortent de la forêt pour se rendre sur le rivage ou dans les estuaires. Même si ces excursions côtières sont les uniques et rares moments où l’on peut les observer, je sais qu’ils ne sont jamais trop loin. Lors de mes premiers treks dans le territoire d´une meute, je me suis rapidement rendu compte qu´ils étaient partout, de jour comme de nuit. Chaque jour apparaissent dans l’estuaire des empreintes, des fèces, des restes de nourriture. La nuit, il n’est pas rare d´être le témoin d´un spectacle sonore unique : les hurlements des loups résonnent dans l´immensité du paysage, apportant encore plus un côté mystique à cet animal timide.
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