Lors du dernier groupe national loup qui s’est tenu à Paris le 8 novembre dernier, 3 groupes de travail ont été créés :
- Gestion de la population de loups (réunions les 18 décembre 2007 et 15 janvier 2008)
- Moyens de protection (réunions les 19 décembre 2007 et 15 janvier 2008)
- Suivi de la population de loups (réunion le 6 février 2008)
Le groupe « Gestion du loup » s’est donc réuni hier après-midi.
Compte-rendu de FERUS :
Deuxième réunion du groupe de travail « gestion du loup » à Lyon, mardi 15 janvier
La réunion a été courte (de 14 h à 16h) et a rassemblé en gros les mêmes participants que la précédente et celle du matin consacrée à la protection contre la prédation.
L’administration a présenté comme Ferus le lui avait demandé un avant projet de plan loup nouvelle version, partie « gestion de la population de loups ». Ce document part du plan loup 2004-2008 en vigueur et intègre des propositions de rédaction nouvelle.
Le document a été distribué en séance, ce qui est regrettable et n’a pas permis aux uns et aux autres de faire des commentaires écrits. Il est de plus encore à l’état d’ébauche, et comporte sur de nombreux points des sous-titres qui renvoient à des textes encore non écrits (les principes de gestion adaptative, que doit écrire l’ONCFS, le bilan des tentatives de prélèvements, que doivent écrire des inspecteurs généraux, les critères permettant de définir pour les préfets les contextes de « cohabitation » loup/troupeaux, que doit écrire la DNP).
Il est donc inutile de s’attacher au mot à mot, d’autant plus que les auteurs ont sans cesse précisé qu’il s’agissait d’une ébauche. Toutefois il faut être attentif et ne pas laisser s’installer l’idée que « qui ne dit mot consent »…
Ainsi l’APCA a à plusieurs reprises demandé que les tirs de défense des éleveurs soient considérés comme des « moyens de protection » alors que le texte oppose partout la mise en oeuvre des moyens de protection aux tirs. Comme les moyens de protections doivent être déployés au plus vite en cas d’attaque ou de menace d’attaque, et que les tirs ne sont acceptables en dernier recours que si les troupeaux on été préalablement bien protégés, on voit que cette confusion est plus qu’une querelle sémantique.
De son côté Ferus est intervenu pour qu’on n’emploie plus l’expression « destruction de loups » qui certes était déjà dans l’ancien plan. Mentionner partout la « destruction » comme moyen de gestion (elle se subdivise en prélèvements, c’est à dire les tirs des gens assermentés, et tirs de défense des éleveurs), c’est inciter le monde de la chasse à assimiler le loup aux « nuisibles » qu’il convient de détruire presque systématiquement. Symboliquement, la destruction ne paraît pas compatible avec le statut d’espèce protégée…
Nous devrons être particulièrement attentifs aux points suivants, qui constitueront les éléments nouveaux et sensibles du prochain plan dans ce volet « gestion ».
La distinction entre espaces où le loup pourra s’installer et espaces où on ne souhaite pas qu’il s’installe. Il ne s’agit pas de zonage (l’administration a eu le bon sens d’écrire que de toute manière on ne pouvait pas instituer des zones sans loups, uniquement qu’on pouvait s’efforcer de contrarier son installation). Bien entendu les éleveurs estiment souhaitable qu’il ne s’installe nulle part. L’administration songe à publier des « critères » qui guideraient le choix des zones où le loup n’est pas du tout le bienvenu (cf après)…
Ce point a aussitôt suscité un débat sur le nombre de loups « qu’on voulait avoir en France » (demande des éleveurs, qui estiment en gros que 150 loups, population dite en bon état, c’est bien suffisant). L’administration n’écrira jamais rien là dessus et n’a pas d’avis, elle se borne à rappeler la Directive. Nous devrons discuter à FERUS pour savoir si, médiatiquement, c’est une bonne ou une mauvaise chose d’exprimer un objectif chiffré (calcul théorique à la louche facile à faire, il y a 30 départements au moins avec d’importants habitats forestiers et des ongulés sauvages abondants ; un département fait 5000 km2 ; si seulement moins d’un tiers est réellement favorable au loup, cela fait 1000 km2 multiplié par 30 = 30 000 km2, or une meute occupe en gros 300 km2 ; divisez 30 000 par 300, comptez deux à trois loups par meute pour rester modestes et vous avez un chiffre qui en effraiera ou réjouira plus d’un).
L’administration a pour objectif principal de glisser dans le plan et dans les esprits de forts garde-fous financiers, en gros les coûts dérivent et elle a reçu pour consignes de limiter voire d’arrêter cette dérive. C’est pourquoi elle met en avant le principe de proportionnalité, qui consiste avec la bénédiction du juge européen et français à conserver un rapport raisonnable entre les moyens investis et les résultats escomptés. Ce sera sans doute un des points durs du futur plan (rappelez vous notre mise en garde, « on ne tond pas une population de loups comme une pelouse, en fonction des crédits disponibles »). Mais la DNP a lourdement insisté, 100 loups = 5 millions d’euros, et les coûts qui sont liés à la prévention sont proportionnels, nous avons les loups les plus chers du monde.
Le nouveau document devrait faire nettement la distinction entre tirs de prélèvement (ONCFS, louvetiers) et tirs de défense (bergers), ce qui en soit est un progrès. Restera à dire quand on peut les mettre en oeuvre, et à quelles fins (surtout les premiers).
Les pouvoirs publics vont s’efforcer d’écrire des critères pour éclairer les préfets, pour leur permettre d’orienter leur éventuel « quota de loup » au mieux, de manière que les tirs soient « utiles ». Ce n’est pas le plus simple à écrire et nous devrons être très attentifs, même s’il n’y a rien de très nouveau par rapport à la réalité actuelle. Attention, il s’agit d’anticiper sur l’installation des loups en plaine…
FERUS a demandé que le gouvernement organise des séances de concertation avec le monde de la chasse, qui n’est pas présent et s’est à plusieurs reprises signalé par son hostilité envers le loup.
FERUS a aussi rappelé qu’il demandait des informations crédibles et précises sur le braconnage, l’ONCFS peut les fournir : quel est l’impact estimé du braconnage, combien d’hommes-jours ont été et seront consacrés à le combattre, sous quelle forme, quel lien sera fait entre une éventuelle recrudescence du braconnage et les attributions de « quotas » ?
Le prochain groupe loup se tiendra le 30 janvier mais ne devrait pas apporter de nouveautés techniques, et les travaux de rédaction finale auront lieu en février/ mars.