Le Conseil National de Protection de la Nature (CNPN) a rendu son avis concernant le projet de plan loup 2018-2023.
Le CNPN note des avancées positives quand à la protection des troupeaux, l’indemnisation des dégâts ou encore le suivi biologique du loup.
Concernant la mesure phare (et approuvée par le CNPN) de la conditionnalité des indemnisations à la mise en place des moyens de protection, le CNPN recommande toutefois la généralisation de cette mesure et que les moyens de contrôle soient mis en œuvre sur le terrain.
Sur le reste du plan, les réserves sont nombreuses.
Le CNPN regrette tout d’abord que le plan soit particulièrement orienté sur les activités d’élevage alors que la conservation d’une espèce dans le cadre d’un plan national d’action devrait s’inscrire dans une approche plus globale.
L’objectif de 500 loups marque une volonté de régulation de la part des pouvoirs publics et constitue un « manque d’ambition », dont le seul but est d’apaiser les conflits. Il occulte par ailleurs la possibilité de l’installation de l’espèce dans les nombreux endroits favorables non encore colonisés.
S’agissant des « pratiques d’élevage incompatibles » avec le loup mentionnés par le projet de plan loup, le CNPN s’étonne que le principe du pastoralisme soit systématiquement considéré comme bon pour la montagne et regrette qu’aucune modification ne soit envisagée pour les pratiques néfastes (surpâturage par exemple).
Le CNPN demande urgemment une étude sur l’efficacité des tirs de loups sur la prédation des troupeaux, étude qui aurait du être réalisée AVANT l’intensification des tirs.
Les principales réserves du CNPN concernent l’objectif clairement affiché de régulation du loup. Notamment :
- Le CNPN cite une « politique de régulation et de limitation à la libre circulation de l’espèce et non d’un dispositif dérogatoire à la protection. »
- Le nombre de tirs est trop élevé annuellement.
- « L’objectif du plan à 6 ans d’atteindre un nombre de loups constituant un minimum absolu conjugué à celui de freiner l’expansion de l’espèce par des tirs de régulation ne paraît pas de nature à permettre à l’espèce d’atteindre, puis de maintenir un niveau de conservation favorable. »
- Les tirs de défense sont banalisés et sont« très inquiétants pour la conservation de la population du loup ».
L’association FERUS adhère à toutes les remarques et recommandations du CNPN. Si FERUS dit non au projet de plan loup 2018-2023, le CNPN y donne toutefois un avis favorable (13 voix pour et 9 voix contre), avec les réserves et recommandations qu’il indique.
Voir l’avis du CNPN ==>> ICI
Voir l’avis de FERUS == >> ICI
Le projet de plan loup 2018-2023 ==>> ICI
Les arrêtés loup 2018
En revanche, le CNPN donne un avis défavorable sur les projets d’arrêtés 2018 (nombre de tirs de loups et modalités). Sont soulignés notamment :
- Le nombre maximum d’individus à prélever est très élevé par rapport aux possibilités d’amortissement d’un accident démographique.
- Le quota retenu en 2018 frôle la croissance zéro. En effet la croissance annuelle du loup est de 12%. L’arrêté prévoit un abattage de 10% de la population de loup auxquels peuvent se rajouter 2 % en fin d’année.
- Le recours plus large aux tirs létaux alors que leur efficacité sur la protection des troupeaux n’est pas prouvée.
- Le non-respect des conditions d’octroi des dérogations à la protection des espèces. Les dérogations à la protection des espèces ne peuvent en effet être accordées que pour prévenir des dégâts importants à l’élevage lorsqu’il n’y a pas d’autre solution satisfaisante et à la condition que la dérogation ne nuise pas au statut de conservation favorable de l’espèce.
- La période de reproduction de l’espèce (trêve hivernale du 1er mars au 31 avril) n’est plus épargnée contrairement aux arrêtés précédents.
L’association FERUS adhère à la totalité des remarques formulées par le CNPN.