Remarques de FERUS sur le plan national de maîtrise du sanglier (projet du 2 juin 2009).
Nous ne ferons aucun commentaire sur la pertinence d’ensemble du plan et sur la plupart des recommandations, la gestion du sanglier ne faisant pas partie des objets de l’association.
Mais nous demandons que soient réécrits et améliorés les paragraphes qui subordonnent la gestion des milieux naturels et des espèces qui ont besoin de tranquillité aux impératifs de la chasse du sanglier. Pour FERUS, il s’agit surtout de l’ours, et dans une moindre mesure du lynx. Mais de nombreuses autres associations de protection de la nature éprouvent assurément des préoccupations semblables.
Le projet de plan préconise fort justement l’adoption d’objectifs départementaux, déclinés par secteurs. Chacun se félicitera de cette primauté donnée à la prise en compte des réalités du terrain.
Mais aussitôt après, on recommande l’établissement d’un diagnostic départemental des « points noirs » (qu’on baptise alternativement zones rouges). Et l’on mentionne explicitement les « réserves et territoires non chassés ». Certes on dira qu’il s’agit d’un constat objectif de surdensité des sangliers (même si écrit au niveau national il s’agit tout de même d’un a priori). Mais assimiler « réserves », « territoires non chassés » à des « points noirs » est en soi gros de menaces dans un pays où la plupart des dirigeants de la chasse estiment qu’un territoire non chassé est une anomalie, et n’apprécient que les réserves créées par eux mêmes aux fins de remise de certains gibiers.
Et le plan continue : » il s’agit de libérer la chasse dans le temps (augmenter le nombre de jours de chasse), dans l’espace (chasse dans les réserves et les espaces protégés) et en pratique (alléger les contraintes sur les battues) ».
Il peut se faire que des pratiques restrictives, généralement voulues par les chasseurs eux-mêmes, aboutissent à ce que des massifs de plaine soient insuffisamment chassés. Nous n’avons rien à dire. Mais il existe également des zones où la chasse est très fréquemment pratiquée, parfois trop, et où les services mêmes du ministère chargé de l’Ecologie recommandent plus de modération. L’ours en est un parfait exemple, puisque tous les rapports des experts ministériels préconisent l’arrêt de la chasse en battue dans les zones d’élevage des jeunes, pendant certaines périodes, et la généralisation de zones de tranquillité notamment pour les femelles. Rappelons que déjà, en échange de quelques restrictions timides, les chasseurs dans ces territoires ont obtenu un allongement des périodes de chasse, et rappelons au passage qu’en fait « d’allongement » le sanglier peut déjà être tiré pratiquement toute l’année partout où il est classé nuisible.
Le plan recommande aussi de « lutter contre la fermeture des milieux ; d’aménager le milieu pour le rendre plus exploitable par la chasse ; de créer des pistes, des sentiers, d’utiliser des coupe-feu pour favoriser l’accès des chasseurs, la pénétration des équipes de chiens et la mise en place des lignes de tir ». On encourage aussi le débroussaillage systématique et la réduction des friches pour empêcher la formation de réserves temporaires.
Nous sommes à des années lumières d’une approche moderne de la protection de la nature et de la prise en compte des exigences complexes de la sauvegarde de la biodiversité. Certes localement ces recommandations peuvent s’avérer pertinentes, comme des centaines d’autres. Mais leur systématisation serait catastrophique. Pas plus que les pompiers, qui dans leur domaine savent de quoi ils parlent mais n’ont qu’une préoccupation, le feu, les chasseurs de sangliers ne doivent devenir les grands architectes de l’aménagement de ce qui reste de nature. Des milieux impénétrables, fermés, inaccessibles notamment aux véhicules sont indispensables et sont très rares dans notre pays, bien plus rares que dans la plupart des autres pays d’Europe. Là encore pour l’ours les ONG luttent depuis des années pour que l’on n’ouvre pas de nouveaux accès en forêt, et qu’on ferme ou interdise ceux qui existent aux touristes et aux chasseurs. D’autres espèces célèbres, d’oiseaux en particulier, ont les mêmes exigences de tranquillité. La « trame verte » ne sera-t-elle qu’une succession de lignes de tir débroussaillées jalonné de miradors ?
Enfin le plan met la pression sur les gestionnaires de réserves naturelles. Le « gestionnaire est responsable de la régulation du sanglier » ; »ces territoires doivent pouvoir faire l’objet d’opérations de prélèvement » ; « les habitudes de gestion sont trop protectrices »…
Comme si les réserves naturelles (et les parcs nationaux, car demain on va réclamer la régulation du sanglier dans les parcs, en attendant celle du loup) n’étaient pas dotées de conseils scientifiques très capables d’évaluer les risques, les avantages et les inconvénients d’actions éventuelles dans le respect des lois. Outre la cage-piège mentionnée, certaines réserves naturelles ont recours à la chasse à l’arc, d’autres peuvent tolérer l’emploi d’armes à feu, d’autres non, les gestionnaires de ces espaces n’ont pas attendu le plan. Qu’au moins ce dernier préconise le recours à des outils classiques du ministère de l’Environnement, étude de l’impact des méthodes préconisées et avis de scientifiques indépendants avant d’ouvrir les réserves à la chasse.
De toute manière, comme le plan le dit justement au début, il s’agit d’infléchir les courbes nationales (d’évolution des populations de sangliers) en tenant compte des expériences accumulées. Si les sangliers sont de plus en plus nombreux, c’est parce que les chasseurs se donnent les moyens d’en avoir. Ce facteur est largement prépondérant sur les considérations relatives aux « zones refuges réserves et friches ». Naguère les réserves existaient déjà et les sangliers étaient moins nombreux, ils étaient quasiment absent des grandes plaines agricoles et y sont maintenant de plus en plus fréquents alors que ni les réserves ni la friche n’y ont beaucoup progressé. Pareil pour les forêts de plaine. Le plan devrait accorder davantage de place aux questions humaines : répugnance à tirer des laies, manque d’accord entre détenteurs des droits de chasse, y compris en zone d’ACCA, qui poussent chacun à surprotéger les laies pour compenser la prétendue mauvaise gestion des voisins. Et ne pas donner l’impression qu’il suffirait de chasser partout et toujours pour faire diminuer le nombre des sangliers. Cela ne se produira que si les chasseurs le veulent et dans ce cas, les temps, lieux et méthodes de chasse actuels ne les empêcheront pas de réduire les cheptels.
Association FERUS
Ours-Loup-Lynx Conservation
5 commentaires sur “Plan national de maîtrise du sanglier : danger pour l’ours !”
la france,est le pays avec le plus de chasseurs en europe,ne n’est pas anodin,en hollande la chasse est interdite,et en allemagne il y a 5 fois moin de chasseurs.
peut être mais sa ne sert a rien de se vouloir protectionniste comme la hollande et perpétrer de tel massacre si s’était le loup ou l’ours qui ferait des dégats il en serait de même pour eux.Finalement en france on a rien a envier au autre pays d’europe.Il vaudrait mieux travailler de concert entre chasseur et asso que de toujours prendre référence sur des directives européennes qui finalment ne valent rien
la france,est le pays avec le plus de chasseurs en europe,ne n’est pas anodin,en hollande la chasse est interdite,et en allemagne il y a 5 fois moin de chasseurs.
bonjour
Vous critiquez les modes de chasse en france que dans les autres pays d’europe ils sont mieux que nous alors que pensez vous de cela 109000 oiseaux ont été détruits en hollande durant la campagne 2007 2008 dont 42000 oies cendrées 40000 oies rieuses et 25000 siffleurs quand au mode de destruction gazage euthanasie au bâton stérilisation des oeufs par piquage ou secouage cela dépasse l’entendement surtout que c’est un pays qui se veut protectionniste alors quand sera t il quand il s’agira de dégats de loups ? comme quoi que la france n’est pas le seul mauvais élève de l’europe
La chasse en battue est la méthode qui amuse le plus les chasseurs , c’est pourquoi ils la défendent , mais c’est la plus mauvaise pour réduire les populations de sangliers . Pour cela il faut appâter les sangliers sur des places d’agrainages où on les tue la nuit . Les chasseurs le savent bien ,c’est pourquoi ils interdisent le tir de nuit … Tant que nous admettrons que les battues sont indispensables , nous n’arriverons à rien . A Genève , où la chasse est interdite depuis plus de trente ans , je crois savoir qu’ils tuent les sangliers de nuit . A vérifier . Yves Bertrand
Rien à rajouter si ce n’est qu’il faudrait aussi interdire l’agrainage au maïs qui permet aux sangliers de se nourrir toute l’année sans se préoccuper de rien.
Fred