Ce lundi 6 août, un excellent article est paru sur France Soir, signé Jean-Marc Neumann, juriste chargé d’enseignement en droit de l’animal. A lire absolument !
Plan Ours: difficile conciliation entre préservation de l’espèce et maintien des activités humaines
Le sujet de la protection de l’ours des Pyrénées éveille en nous un bouquet d’émotions et de sentiments qui illustrent parfaitement tous les enjeux et difficultés auxquels l’Etat et les acteurs locaux sont confrontés.
« Tendresse », lorsque par miracle on peut observer une ourse et ses petits;
« Colère », lorsque certains individus armés et cagoulés déclarent ouverte la chasse à l’ours en Ariège;
« Empathie », à l’égard des bergers qui aiment leur métier, leurs animaux et les estives;
« Tristesse », lorsqu’un ourson orphelin baptisé Mellous décède prématurément;
« Incompréhension », lorsque l’Etat ne respecte pas ses obligations de conservation de l’espèce;
« Admiration », lorsque l’on a la chance d’apercevoir un ours évoluer dans les vallées du Béarn;
« Joie et espoir », lorsque nait un ourson;
« Agacement », lorsque certains acteurs locaux s’opposent au lâcher d’ours permettant de renforcer et ainsi de garantir la survie de la population de plantigrades;
« Sceptique », quant à la détermination de l’Etat à s’imposer face aux opposants à l’ours.
Après l’annonce au printemps d’un lâcher de deux ourses à l’automne et la publication du plan ours 2018-2028, un tour d’horizon du sujet pour en comprendre les enjeux parait nécessaire.
Une population restreinte au massif pyrénéen
L’ours brun (Ursus arctos arctos) était très largement présent en France jusqu’au Moyen Age puis, progressivement sous la pression en particulier de la chasse et des activités sylvicoles, dut trouver refuge dans les vallées montagneuses (dans les Alpes, le Jura, les Vosges et les Pyrénées).
Après avoir progressivement disparu des Vosges à la fin du 18ème siècle, du Jura autour de 1860, des Alpes en 1937, l’ours brun ne survit désormais que dans le seul massif Pyrénéen et plus précisément dans cinq départements: Pyrénées-Atlantiques, Hautes-Pyrénées, Haute-Garonne, Ariège et Pyrénées Orientales.
Au début du 20ème siècle, on y dénombrait autour de 150 ours puis, en raison de la chasse (qui ne fut officiellement interdite qu’en 1962), sa population déclina à une vitesse vertigineuse au point de mettre le plantigrade en péril imminent d’extinction avec une population de seulement cinq individus en Béarn en 1995. Désormais la population après renforcement par importation d’ours de Slovénie, s’établit en 2017 à 41 individus dans le noyau Centro-oriental et 2 dans le noyau occidental le plus fragile soit un total de 43 plantigrades sur l’ensemble du massif.
Il est utile de rappeler que l’ours brun n’est pas l’animal assoiffé de sang souvent dépeint par ses opposants mais un omnivore dont l’alimentation est constituée à environ 80% de végétaux (selon les analyses de fèces réalisées).