On tire, on dissimule, et on se tait : évaluation des impacts cumulés de la mortalité cryptique due au braconnage et aux tirs de prélèvements sur la dynamique de la population de loups en France. Par Fabrice Roda.
Article paru dans la Gazette des grands prédateurs n°62 (décembre 2016)
Abonnez-vous à la Gazette !
Après être réapparu naturellement dans le Mercantour à la fin des années 1980*, le loup est aujourd’hui essentiellement présent dans les massifs montagneux de la moitié nord-est de la région PACA (Landry, 2006 ; Roda, 2016a). Les loups vivant en effectifs relativement réduits (ONCFS, 2007a ; Mech et Boitani, 2003), les populations sauvages sont particulièrement vulnérables à toutes causes de mortalité, en particulier le braconnage (Boitani, 2003a ; Liberg et al., 2011). Estimer et modéliser le braconnage en même temps que les autres sources de mortalité demeure un problème difficile à appréhender de manière scientifique, car les données ne sont pas facilement accessibles (Gavin et al., 2010 ; Vignon, 2009 ; Vignon, 2015a).
En France, les estimations sur le sujet sont surtout le fait de particuliers et d’associations (Vignon, 2009 ; Vignon, 2015a). La politique de gestion du loup (telle que définie par les responsables du programme loup à l’ONCFS et rapportée par Marescot, 2012) a pour objectif affiché de faire en sorte que la croissance moyenne de la population de loups soit d’environ 7,5% et n’excède pas 15%. Ce chiffre est à mettre en relation avec les nombreuses études qui montrent que le taux de croissance moyen des populations non persécutées de loups en phase de colonisation sont en général compris entre 20 et 30% (Fuller et al., 2003). Ainsi, en fonction des choix politiques retenus (= taux de croissance jugé acceptable par les autorités françaises), des plafonds de tirs sont décidés afin de parvenir à l’objectif fixé par le ministère de l’Environnement. L’année 2014 marque une nette inflexion dans la politique de gestion du loup, avec des prélèvements officiels passant de 3 en 2013 à 12 en 2014, puis 20 et 34 en 2015 et 2016.
L’objectif de la présente étude était donc de déterminer avec le plus de précision possible l’impact cumulé des tirs de prélèvement et du braconnage sur la croissance de la population de loups. A partir d’une étude bibliographique, nous avons recensé les taux de survie et de mortalité des populations de loups en Europe et dans le monde (Boitani, 2003 ; Fuller et al., 2003 ; Liberg et al., 2011), et nous les avons comparés avec ceux estimés empiriquement pour la population de loups française (Marescot et al., 2012, Duchamp et al., 2012). A partir de ces données, nous avons formalisé un modèle de croissance de la population de loups pour la période 2000-2016. Une fois le modèle mathématique établi, nous avons joué sur les divers paramètres du modèle de façon à produire différentes simulations ou scénarios (S), correspondant à différents choix politiques possibles. Ces différents scénarios permettent de prédire l’évolution des populations de loups à l’horizon 2020.
Lire la suite en téléchargeant l’article en pdf :
S’abonner à la Gazette des Grands Prédateurs / les anciens numéros !