Pour les années 2002 et 2003, l’aire de présence connue du lynx en France est d’environ 14 580 km² ; cependant, les données relevées en 2004 achèveront de dresser la carte de répartition de l’espèce pour la période 2002-2004 et permettront de comparer la distribution du lynx en France par rapport à la période précédente (1999-2001). En 2003, 9 cas de mortalité ont été recensés : 2 dans les Vosges (un braconnage et une collision) et 7 dans le Jura (5 collisions, 1 jeune mort d’épuisement dans l’Ain et 1 jeune de 4.2 kilos tué accidentellement par des chiens de chasse dans le département du Jura (Sarrogna) ; parmi les collisions, une femelle adulte de 20 kilos présentait un taux élevé d’anti-coagulant (bromadiolone) dans les tissus du foie, un empoisonnement pouvant être du à une malveillance comme à la lutte contre les campagnols.)
11 cas de reproductions ont également été relevés : 1 dans les Vosges, 7 dans le Jura et 3 dans les Alpes. Dans les Vosges et les Alpes, ces reproductions ont eu lieu dans des zones de colonisation récente : versant lorrain des Vosges, montagne du Vuache (Haute-Savoie), montagne de l’Epine (Savoie) et massif de la Chartreuse (Isère).
Pense-bêtes : chez les jeunes lynx, le taux de survie annuelle est d’environ 50 % (comme l’ours brun et le loup) ; les causes de mortalité sont essentiellement d’origine biologique comme la malnutrition ou les maladies. Chez les adultes, le taux de survie annuel est de 80 % ; les causes de mortalité sont essentiellement d’origine humaine (braconnage, accidents routiers…).
Massif alpin
Pour les années 2002 et 2003, l’aire de présence détectée couvre une superficie de 4347 km², soit environ 105 % de l’aire détectée pour les années 1999 à 2001 (4131 km²). La synthèse des données relevées en 2004 confirmera ou non la légère expansion de l’espèce dans les Alpes.
Les 6 départements alpins concernés sont (dans l’ordre d’importance décroissante) : la Savoie, l’Isère, la Haute-Savoie, les Hautes-Alpes, les Alpes-de-Haute-Provence et les Alpes-maritimes. Ainsi, les ¾ de l’aire détectée est située au nord de la latitude de Grenoble. Les données sont de plus en plus récurrentes sur le massif Bornes-Aravis (Haute-Savoie), la Chaîne de l’Epine et la Basse et Haute Maurienne (Savoie). Dans le massif de la Chartreuse (Isère), la présence de l’espèce est confirmée en janvier 1990 mais les données de présence de l’espèce seront isolées jusqu’en 2003 où elles deviennent plus conséquentes et où d’ailleurs une première reproduction est attestée. Des données avérées plus ponctuelles ont été relevées sur le Vuache et dans le Chablais (Haute-Savoie), en Tarentaise et sur les contreforts des Bauges (Savoie) et de manière plus éclatée dans le sud de l’Isère (Valjouffrey) et dans le Champsaur-Valgaudemar (Hautes-Alpes). Par contre, aucun indice de présence avéré n’a été relevé dans le Vercors (Drôme et Isère) en 2002 et 2003 et les indices relevés dans le Var sont pour l’instant classés « douteux ».
Massif jurassien
Pour les années 2002 et 2003, l’aire de présence détectée couvre une superficie de 7371 km², soit environ 90 % de l’aire détectée pour les années 1999 à 2001 (8217 km²). La distribution du lynx concerne ici la grande majorité du massif jurassien des départements de l’Ain et du Jura des premiers reliefs (Petite Montagne) jusqu’au Haut-Jura. Elle est moins compacte dans le Doubs, la majorité des données étant récoltée sur une bande d’une trentaine de kilomètres de large située le long de la frontière suisse.
Massif vosgien
Pour les années 2002 et 2003, l’aire de présence détectée couvre une superficie de 2862 km², soit environ la même superficie que l’aire détectée pour les années 1999 à 2001 (2970 km²). Cette aire est toujours composée d’un noyau de présence principal (Vosges du sud, de Masevaux jusqu’à la hauteur du massif de Taennchel, dans la région de Ribeauvillé) et présente des prolongements côté lorrain dans le département des Vosges (région de Plainfaing, Valtin et Cornimont jusqu’en Haute Saône dans la région de Plancher-les-Mines ; Territoire de Belfort vers Auxelles-Haut et Bas et Lepuix). Dans le Bas-Rhin, aucune donnée récente n’a été enregistrée dans les Vosges moyennes bien que la présence de l’espèce a été confirmée côté mosellan, dans le secteur du Donon. Dans les Vosges du nord, des données confirmées sont par contre à nouveau recueillies (région de la Petite Pierre dans le département du Bas-Rhin et Bitche en Moselle).
En 2002 et 2003, des indices « douteux » ou « non confirmés » ont été recueillis dans les Pyrénées et dans le Massif Central (Ardèche, Puy-de-Dôme).
D’après le bulletin d’information du Réseau Lynx n° 10
Cet article est paru dans La Gazette des grands prédateurs n°14