FERUS a transmis au Préfet coordonnateur pour le massif des Pyrénées ses observations et propositions sur l’avant-projet « Stratégie Pyrénéenne de Valorisation de la Biodiversité – Documents et annexes – Projet du 21 octobre 2010 » (voir le projet sur le site de la préfecture des Midi-Pyrénées ici).
Monsieur le Préfet coordonnateur pour le Massif des Pyrénées,
FERUS, adhérent du CIAPP, fait évidemment totalement siennes les remarques que ce Comité Inter-associatif vous a adressées sur la Stratégie Pyrénéenne de Valorisation de la Biodiversité.
Nous nous devons d’insister sur plusieurs points développés par le CIAPP : le projet de SPVB manque cruellement de fondements scientifiques et procède essentiellement par affirmations non démontrées, sur les modes d’exploitation forestiers, agricoles et pastoraux. En partant de données partielles, partiales, fragiles, il est impossible de construire un projet d’action publique crédible.
Les considérations sur les espaces protégés sont effectivement très complaisantes. Les Pyrénées françaises souffrent d’un énorme déficit d’espaces correctement protégés, que ne masque pas la multiplication des zones où la nature n’est qu’un élément de discours à des fins commerciales et touristiques.
L’impact des aménagements réalisés au vingtième siècle est très sous-évalué, dans les domaines de l’eau (comme le souligne le CIAPP), du ski, de la desserte routière des forêts et de la haute montagne : la pénétration humaine dans l’ensemble du massif a accéléré l’érosion de la biodiversité que ne doit pas masquer la timide remontée des effectifs de quelques espèces moins chassées ou moins persécutées qu’autrefois. Avec ou sans la SPVB, il est plus que probable que la biodiversité continuera de s’appauvrir globalement dans les Pyrénées si l’on ne change pas radicalement d’approche.
FERUS s’intéresse spécialement à l’ours, qui fait l’objet de débats par ailleurs. Mais cette espèce ne peut pas être traitée isolément du contexte d’ensemble et bénéficiera ou pâtira des mesures globales qui seront mises en oeuvre.
Ainsi, pour prendre un thème sur lequel l’un de nos conseillers scientifiques Vincent Vignon est très actif, les passages à faune qui font défaut dans des endroits stratégiques devraient profiter à la fois à l’ours et à d’autres mammifères de grande taille.
Nous rappelons que l’Etat s’est engagé à en réaliser plusieurs sur la RN 134, adaptés à l’ours, lorsque son aménagement vers le col du Somport a été décidé. Le trafic s’est intensifié, le tunnel du Somport a été inauguré mais aucun passage à faune n’a été construit. Or la circulation des ours de part et d’autre de la vallée d’Aspe reste une des conditions de leur rétablissement dans les Pyrénées-Atantiques sauf si les pouvoirs publics anticipent l’extinction de l’espèce….
Sur deux autres axes au moins, des passages à faune adaptés aux exigences de l’ours seraient indispensables :
Sur la route Lourdes-Argelès-Gazost où est morte l’ourse Franska, tuée lors d’une collision avec un véhicule. Il existe bien deux passages à faune, mais ils fonctionnent mal et les grillages qui orientent les animaux sont défaillants.
Et sur la RN 20 en Ariège, où l’ours Boutxy a lui aussi été heurté par un véhicule.
Nous nous tenons à votre disposition pour contribuer aux réflexions qui conduiraient à la réalisation de tels passages qui feraient honneur à la France, la rapprocheraient du niveau atteint par beaucoup de pays confrontés à ce genre de situation et favoriseraient la libre circulation de la grande faune dans son ensemble.
Puisque nous évoquons la grande faune dans les Pyrénées, nous mentionnons notre intérêt pour la réintroduction dans le massif de bouquetins en provenance d’Espagne, qui viendrait réparer partiellement la grande perte qu’a subie la biodiversité pyrénéenne au niveau d’un de ses symboles lors de la disparition récente de cette espèce. Notre association de défense des grands prédateurs tenait à ne pas rester muette sur le sort de l’une des plus prestigieuses espèces d’ongulés sauvages, d’autant plus que des mesures qui seront prises en sa faveur bénéficieront directement ou indirectement à l’ours et au loup.
Nous vous prions d’agréer, Monsieur le Préfet, nos plus respectueuses salutations.
Le conseil d’administration de FERUS
Lire aussi :
– » Ours : documents présentés au comité de massif par Chantal Jouanno », FERUS (30/07/10)
Voir le courrier de FERUS dans son intégralité :
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2 commentaires sur “SPVB et l’ours, FERUS relance les demandes de passages à faune”
« Il faut respecter toute forme de vie, donc l’animal, non pas parce qu’il est comestible ou divertissant ou utile ou amusant à poursuivre et à massacrer, mais parce qu’il existe ». Professeur Théodore Monod.
Nous en sommes très loin… Certains élus d’Europe Ecologie Les Verts , sont, au mieux, des environnementalistes, au pire, des opportunistes…
Effectivement si on ne change pas d’approche , dans les Pyrénées comme ailleurs , la nature deviendra vite un écomusée où on ne verra plus que des espèces en voie de disparition. La biodiversité ne se résumera alors qu’à une flore et à une faune choisies par l’homme et pour l’homme dans des espaces formatés à des critères sociaux et économiques . Nous devrons nous contenter définitivement d’une biodiversité consensuelle à visage humain , influencée et préservée par les mondes agricole et cynégétique . Nous devrons vivre nos évasions dans une biodiversité Jardiland , faite de pots de fleurs , de parcs , de zoos et d’écosystèmes domestiques …. Triste monde que celui de ce sauve qui peut où ne survivront dans des réserves que quelques Mohicans et des boucs émissaires !… La nature par définition, essence et originellement ne peut être fondamentalement que sauvage et se doit d’échapper à l’exploitation , à l’emprise et à la volonté des usages humains. Si un jardin s’entretient , la nature , elle , n’a besoin que de respect et rien de plus . Halte au » désauvagement » ! Il impératif de définir d’autres approches , d’autres dynamiques et d’autres cohabitations où l’homme , interventionniste autoritaire , cessera d’influencer à son propre profit la biodiversité . La seule la vraie valeur de la nature , celle qu’on ne peut comptabiliser et qui n’a pas de prix est sa valeur intrinsèque … » Ce n’est pas la nature qui a besoin de l’homme mais au contraire l’homme qui a besoin de la nature » ( J.C Génot ) … A méditer , car la différence est essentielle !