Après 2 ans d’absence, un nouvel ours a atteint les Grisons en Suisse, en provenance du nord de l’Italie. Il a d’abord été aperçu dans le Val Münster par un policier le 17 juin dernier avant que sa présence soit authentifiée par des poils et des empreintes retrouvés dans le Parc national des Grisons. Dans la nuit du 21 au 22 juin, 4 moutons été tués dans le Val Plavna (Grisons) par un ours, probablement le même. Le petit troupeau d’une soixantaine de bêtes n’était pas protégé et a été redescendu en plaine. L’éleveur sera indemnisé. Deux jours plus tard, un cinquième mouton était tué en Basse-Engadine dans le Val d’Uina, toujours dans les Grisons.
Ce retour de l’ours intervient 2 ans après l’abattage par les autorités grisonnes de l’ours JJ3 en avril 2008, un ours venu lui aussi d’Italie. Quoique non agressif, il avait été jugé trop familier au vu de sa fâcheuse habitude d’aller se nourrir dans les poubelles et donc de s’approcher des habitations humaines. Ce tir avait été critiqué par les associations de protection de la nature, le WWF notamment qui avait estimé que la population aurait dû être davantage sensibilisée à la gestion des déchets dans la région et qui avait présenté dans la foulée des poubelles anti-ours.
Aujourd’hui, les 5 moutons tués rappellent que le pays n’a pas fait grand chose pour préparer le retour inéluctable de l’ours. D’après Nicolas Wüthrich, porte-parole de Pro Natura, la Suisse n’a pas profité de ces 2 ans pour mettre les mesures nécessaires en place : «Ce retour de l’ours est en soi une excellente nouvelle, mais il repose la question de la cohabitation avec lui ; «Nous avons pris du retard. On ne peut pas liquider les ours à coups de fusil à mesure qu’ils entrent en Suisse.» Pour Nicolas Wüthrich, une des clés réside dans le gardiennage des troupeaux mais le Conseil fédéral vient d’annoncer qu’il ne subventionnerait plus l’engagement de bergers sur les alpages …
Un non-sens pour Nicolas Wüthrich, car la présence d’un berger protège des prédateurs et limite aussi les pertes de bêtes. «Le tribut prélevé par les loups, les lynx et – éventuellement – les ours est assez négligeable par rapport aux 10 000 ovins qui disparaissent chaque année.» (www.24heures.ch, 24 juin 2010)
Toutefois,
Dès l’arrivée du plantigrade connue, trente poubelles spécialement conçues pour résister à ses attaques ont été installées sur la route du col de l’Ofen. Les apiculteurs ont également été avertis et ont monté des clôtures électriques autour de leurs ruches. Depuis quelques années, les éleveurs de moutons de la vallée rassemblent leurs bêtes en un seul grand troupeau, gardé par des chiens spécialement formés. «Nous n’avons perdu aucune bête en 2008 lors du dernier passage de l’ours», a déclaré un paysan à la Südostschweiz. «Un ours ne doit en aucun cas établir un lien positif entre les hommes et la nourriture. Car il est un opportuniste. S’il sait qu’il peut trouver à manger quand il sent leur présence, il va toujours revenir. Car il doit gagner 20 à 30 kilos de graisse en un été», explique Hannes Jenny, biologiste au service de la faune du canton des Grisons. (www.letemps.ch, 22 juin 2010)
Nicolas Wüthrich préconise aussi d’informer davantage la population : le régime alimentaire de l’ours principalement végétarien ou sa discrétion :
«L’ours n’est pas un animal dangereux. Il est farouche et très discret. Même JJ3 restait invisible lorsqu’il s’approchait des habitations» (www.24heures.ch, 24 juin 2010)
Le Plan Ours, adopté en 2006 par l’Office fédéral de l’environnement, classe les ours en 3 catégories. Actuellement, le nouvel ours des Grisons est considéré comme « farouche ». Les rares personnes qui ont pu l’observer témoignent d’un animal craintif qui a pris la fuite. S’il devenait « problématique », il serait capturé pour être équipé d’un collier émetteur. Le tir intervient quand l’animal est considéré comme « dangereux ».
En 1904, un ours était abattu en Basse-Engadine. D’autres animaux y avaient été vus jusqu’en 1923. En 2005, l’ours refait officiellement son retour dans les Grisons après des décennies d’absence. Au moins 3 ours, venus d’Italie, y ont fait des incursions dont JJ3 abattu en avril 2008. Le nouvel ours des Grisons est dont le 4ème ours connu à revenir en Suisse.
Sources :
– L’ours est de retour, la Suisse n’est pas prête (24 heures, 24 juin 2010)
– Un ours tue quatre moutons en Engadine (Swiss Info, 22 juin 2010)
– Il y a bien un ours dans les Grisons (TSR info, 21 juin 2010)
3 commentaires sur “Suisse : l’ours de retour dans les Grisons”
Oui, mais là MJ4 quitte un territoire où se trouve une dizaine de femmelles. Arrivé à maturité sexuel, je pense qu’il s’est fait chassé par un ours concurrent et plus fort. Jose et Gasper sont les mâles dominant du Trentin depuis 10 ans…et doivent encore l’être vu que les autres mâles sont à peine âgés de 5-6ans comme MJ4.
avec l’époque du rut, c’est la saison des balades des jeunes mâles en quête de femelles et de nouveaux territoires !!! Mais c’est vrai qu’il faudra encore attendre pour que les femelles suivent …
Ca se ballade actuellement en Italie et aux frontières. Car au delà de cet ours et de Dino (qui se trouve actuellement du cote de Tarvisio) dont nous parlions il y a quelques semaines, un troisième ours a quitté le Trentin à la recherche d’un nouveau territoire.
il est aisni possible que tous les méfaits dont on accablait l’ours Dino depuis deux mois ne soit pas que de son fait. En effet, suite à un dégât occasionné sur une ruche le 28 mai des traces et poils on été découverts du côté de Soffranco. Le coupable auquel tout le monde pensait n’était pas Dino mais MJ4, un ours de 5 ans issu de la population du Trentin, qui avait visité la Suisse il y a 2-3ans avant de revenir dans le Trentin en 2009.
La connexion entre les populations de slovénie et d’italie semble donc se faire … mais elle n’est le fruit que de jeunes mâles. Les distances de dispersion des femelles sont beaucoup plus faible … et il faudra plusieurs (dizaines?) d’années pour voir une femelle slovène revenir en Italie (ou vice versa) naturellement …