Mardi 22 juin. Réveil identique à hier puis départ pour la bergerie de JF pour prendre une douche… La première depuis longtemps… Retour au camp après 1500m de dénivelé, une douche, une lessive et un repas.
Au campement, les oeufs sont l’un des aliments que je prends le plus avec les pâtes. pas un régime très varié donc…
Vers 5h, retour de Jérôme, et nous finissons de déblayer à coup de tronçonneuse le parc. Pour l’installation du parc, il a fallu placer des isolateurs sur les piquets… Les piquets sont en fibre de verre, et les isolateurs en métal, et il faut les tordre pour pouvoir les mettre. Après en avoir mis une dizaine, on a les doigts en compote et plein d’écharde.
Il a aussi fallu monter une batterie au plomb. C’est lourd. Pour la toilette et la vaisselle, j’ai aussi monté de l’eau des réservoirs jusqu’au campement. Le ramassage et le parcage des brebis se fait dans le brouillard ( j’accompagne Jérôme ) Vers 10h, Jérôme s’aperçoit qu’il manque une chèvre. Il me dit que c’est celle qui était enceinte, et il pense qu’elle a mit bas. Il me demande d’aller la chercher le lendemain matin en me disant qu’il l’a entendue vers la lisière de la forêt, tout en haut. Personnellement, je n’entendais strictement rien. Après une soupe aux nouilles à la cabane du Lugo, je remonte ( comme hier ) vers 11h, éclairé par la lampe à pétrole.
L’une des plus formidables expériences que m’ait offert cette estive est certainement l’opportunité d’observer deux mises-bas.
La première c’est déroulée dans des circonstances un peu particulières puisque la chèvre était sortie avec Anne-Catherine et moi le matin alors qu’il aurait été préférable qu’elle reste dans la bergerie. Ce jour-ci, une fois le troupeau positionné, Anne-Catherine nous quitte car elle a fini son estive.
Remarquant que deux chèvres, une malade et celle qui est grosse, ne semblent pas suivre le troupeau, je décide de rester à proximité et m’installe sous un arbre. A peine une heure plus tard, alors qu’elles n’ont toujours pas rejoint le troupeau, par ailleurs assez proche, j’entends un cri que j’ai sur le coup beaucoup de mal à définir. Me levant précipitamment, j’en cherche l’origine et découvre le chevreau en train de sortir et bêlant. A la fois un peu paniqué car ne sachant pas quoi faire, rassuré d’entendre le petit bêler et assez tenté de rester là pour observer intégralement cette venue au monde dans la nature, je décide tout de même de courir à la ferme, heureusement pas trop éloignée, les chèvres n’ayant pas voulu monter très haut, afin d’avertir quelqu’un de plus expérimenté et dévale alors la pente, quittant cette scène fantastique.
Cinq minutes plus tard, je suis de retour avec Samuel et Paco qui ont tôt fait de me rassurer et retrouve le chevreau entièrement sorti et la chèvre qui ne tarde pas à en mettre au monde un deuxième. Après avoir laissé la mère opérer un débarbouillage sommaire correspondant à du ‘grooming’ (phase de reconnaissance entre les individus à travers des léchages, épouillages,..) Paco et Samuel récupèrent les deux petits qui s’avèrent être deux femelles rapidement baptisées Anne et Catherine, ainsi que la mère, non sans quelques petites difficultés, pour pouvoir extraire le colostrum, premier lait d’une chèvre à donner aux chevreaux.
Ludovic B – aide à la surveillance en Mercantour
Photos : Guy Chevalier
A la fin de la journée, le brouillard arrive. « Un temps à loup », ils profitent en effet de la mauvaise visibilité pour contourner les patous. Dans le parc, quelques agneaux « goûtent » au 6000V du parc. En tout cas, Jérôme semble déjà avoir eu pas mal d’échauffourées avec le loup : il a une pile d’environs 300 constat chez lui. Il m’explique que les pertes immédiates sont largement remboursées, mais pas le fait qu’il faut deux ans pour faire devenir une agnelle adulte. Le problème du loup est qu’il ne se contente pas de piquer une brebis de temps en temps : il en tue toujours plusieurs ( et n’en mange qu’une ) et crée des paniques qui aboutissent parfois à des suicides collectifs. Un jour, Jérôme a trouvé 25 de ses brebis mortes dans un éboulis et plusieurs tuées en haut de celui-ci… Dans ces cas-là, en tant que pro-loup, on se tait…
Hervé V – aide à la surveillance dans le Mercantour
Ici les brebis sont en parc mobile et électrifié. Deux chiens de conduite aident aux déplacements du troupeau. Le loup est une préoccupation permanente. Un exploitant voisin a subi plusieurs attaques meurtrières. Pour assurer la sécurité de son cheptel, un parc fixe clos par 6 fils et électrifié de 50ha a été décidé. Un projet intéressant où professionnel (Claude), État (DDA) et société civile (FERUS via PastoraLoup) vont apporter chacun leur contribution.
Pendant 4 jours, hébergés et nourris par les bons soins de notre hôtesse ; Jean-Luc B, Arnaud, 27 ans, titulaire d’une maîtrise d’ethnologie, Jean-Philippe P 32 ans, enseignant, Mathias, 20 ans, préparant un BTS Gestion & protection de la nature et moi-même allons user de la barre à mine, de la masse, pelle, pioche… le tout lubrifié à « l’huile de coude », pour donner forme au parc avec la précieuse aide de Claude. Ni la chaleur, ni la pluie, ni le froid (tout ça en 4 jours !) ne viendront entamer la bonne humeur sur le chantier. Hélas, le temps imparti ne suffira pas pour accomplir la totalité de la tâche, malgré des journées bien remplies. Rendez-vous courant août (une autre équipe succédera à la notre) pour achever « l’œuvre »
Cette collaboration tripartite témoigne de la possibilité de réunir autour d’un projet tous les acteurs de la société, aux intérêts différents mais qui finalement convergent vers un but : permettre la cohabitation homme / prédateur.
Claude et Maryse ne regrettent pas ce geste d’ouverture envers PastoraLoup. A l’heure du départ, Maryse m’a confié sa surprise d’observer avec quel enthousiasme les éco-bénévoles se donnaient à la tâche !
François B – chantier d’aménagement pastoral dans le Bugey (Ain)
L’une des plus formidables expériences que m’ait offert cette estive est certainement l’opportunité d’observer deux mises-bas.
La première c’est déroulée dans des circonstances un peu particulières puisque la chèvre était sortie avec Anne-Catherine et moi le matin alors qu’il aurait été préférable qu’elle reste dans la bergerie. Ce jour-ci, une fois le troupeau positionné, Anne-Catherine nous quitte car elle a fini son estive.
Remarquant que deux chèvres, une malade et celle qui est grosse, ne semblent pas suivre le troupeau, je décide de rester à proximité et m’installe sous un arbre. A peine une heure plus tard, alors qu’elles n’ont toujours pas rejoint le troupeau, par ailleurs assez proche, j’entends un cri que j’ai sur le coup beaucoup de mal à définir. Me levant précipitamment, j’en cherche l’origine et découvre le chevreau en train de sortir et bêlant. A la fois un peu paniqué car ne sachant pas quoi faire, rassuré d’entendre le petit bêler et assez tenté de rester là pour observer intégralement cette venue au monde dans la nature, je décide tout de même de courir à la ferme, heureusement pas trop éloignée, les chèvres n’ayant pas voulu monter très haut, afin d’avertir quelqu’un de plus expérimenté et dévale alors la pente, quittant cette scène fantastique.
Cinq minutes plus tard, je suis de retour avec Samuel et Paco qui ont tôt fait de me rassurer et retrouve le chevreau entièrement sorti et la chèvre qui ne tarde pas à en mettre au monde un deuxième. Après avoir laissé la mère opérer un débarbouillage sommaire correspondant à du ‘grooming’ (phase de reconnaissance entre les individus à travers des léchages, épouillages,..) Paco et Samuel récupèrent les deux petits qui s’avèrent être deux femelles rapidement baptisées Anne et Catherine, ainsi que la mère, non sans quelques petites difficultés, pour pouvoir extraire le colostrum, premier lait d’une chèvre à donner aux chevreaux.
Ludovic B – aide à la surveillance en Mercantour
Photos : Guy Chevalier