Communiqué de FERUS, 1 er juin 2006
Le gouvernement vient d’autoriser le tir de six loups en 2006. Un « protocole » particulièrement complexe, publié au Journal Officiel du 1er juin, en fixe les modalités. Gageons qu’il ne suscitera que des critiques !
Ferus estime qu’avec une centaine d’individus présents en France (à plus ou moins 30% près) le loup (espèce protégée) est encore très fragile. Dans bien des cas, les « zones de présence permanente » mentionnées par le protocole n’abritent que deux animaux…En tuer un revient à éliminer le loup de tout un massif.
Ferus, l’association nationale qui protège les loups, les ours et les lynx, ne s’oppose pas, au terme d’un récent débat en assemblée générale, à quelques tirs ponctuels de défense des troupeaux sous strictes conditions : quand le nombre de loups est assez élevé, et quand toutes les mesures de prévention des attaques et d’effarouchement ont été mises en place et ont échoué.
En aucun cas ces tirs de défense ne doivent mettre en péril la bonne santé de l’espèce ni empêcher son installation dans de nouveaux habitats favorables.
On peut se résigner à quelques tirs légaux. Leur justification ne doit pas être la « régulation de l’espèce » (objectif inepte s’agissant du loup qui adapte ses effectifs au potentiel de proies sauvages disponibles en hiver), mais d’une part, de ne pas laisser aux éleveurs un profond sentiment d’impuissance si les attaques continuent alors qu’ils protègent bien leurs troupeaux et d’autre part, d’apprendre au loup que les moutons sont une proie « à risque ». Mais il faut que ces tirs remplacent le braconnage. C’est pourquoi Ferus dénonce l’absence, dans le protocole, d’une disposition qui déduirait automatiquement les loups tués illégalement du total autorisé.
Par ailleurs Ferus n’admet pas la notion de troupeau « impossible à protéger », porte ouverte à tous les abus. Dans le futur on verra les loups venir se faire tuer les uns après les autres près de tels troupeaux.
Ferus rappelle que depuis des années il réclame que les indemnisations des brebis tuées par les loups soient progressivement supprimées aux éleveurs qui refusent de protéger leurs troupeaux, notamment par les moyens financés sur fonds publics. Lorsque tous les troupeaux d’une zone sont correctement protégés, on s’aperçoit que les dégâts dus au loup chutent considérablement et que la cohabitation loup/élevage est possible, comme ailleurs dans le monde.
Mais le protocole comporte malgré tout des éléments positifs : le tir sans autre motif que de « faire du chiffre » et le tir en hiver ne sont plus possibles, puisque même les tirs dits de prélèvement ne sont autorisés que « près des troupeaux ». Et les tirs ne concernent pas les zones de colonisation avérées du loup, Pyrénées Orientales et depuis peu Massif Central. Ferus veillera à ce que ces acquis (dus pour partie à sa force de persuasion) ne soient pas remis en cause