Une biodiversité contrôlée et choisie : c’est le délire total !
11 octobre 2007, Pleinchamp.com
Dans le cadre de la « Journée nationale des présidents de massifs » organisée par la Fnsea, un manifeste a été signé « pour le maintien de la biodiversité en zone d’élevage »… sans les loups, ni les ours.
Dans ce manifeste, les président de la FNSEA, des JA, de l’APCA, de la FNO (ovins) et de la FNEC (caprins) exigent : l’arrêt de la réintroduction d’ours et son cantonnement dans des zones appropriées ; le retrait des loups dans les zones d’élevage et la régulation des populations de vautour et de lynx.
Ils estiment, en effet, que l’installation durable des prédateurs est incompatible avec l’activité agricole et qu’elle menace la biodiversité des zones d’élevage. D’autant qu’à l’échelle européenne, loups, ours, lynx et vautours ne sont pas, selon eux, des espèces menacées de disparition. « Les contraintes liées à la présence des prédateurs viennent s’ajouter aux difficultés de revenus rencontrés dans l’élevage, dissuadant de ce fait l’installation des jeunes » estiment-ils.
Ce qu’il en est :
Avant l’arrivée des éleveurs, les prairies naturelles étaient créées par des avalanches, des incendies, et entretenues par des gros herbivores (aurochs, bisons) moyens (chevaux sauvages, cerfs) et petits. La moins mauvaise substitution est le mélange de bovins, de chevaux, de moutons et d’ongulés sauvages, cerfs, chevreuils et chamois/isards, le plus important étant la représentation des plus grandes espèces (vaches et chevaux).
L’élevage bovin qui était très représenté dans les Alpes a beaucoup régressé au point que la majorité des alpages ne sont aujourd’hui pâturés que par les grands troupeaux ovins, en particulier dans les Alpes du sud. Et dans les Pyrénées, il n’y a plus que 150 000 vaches et 12 000 chevaux. Le pâturage par des grands troupeaux ovins seulement a des impacts écologiques majeurs.
Les moutons ne bloquent pas la progression d’espèces végétales qu’ils ne consomment pas (fougères, rhododendrons, saules, airelles, genévriers par exemple). Ces plantes envahissent le terrain et favorisent la présence d’insectes qui leurs sont inféodés. A l’inverse le surpâturage des moutons finit par interdire la floraison, la reproduction et finalement la présence de nombreuses espèces végétales, entraînant à sa suite la disparition des insectes qui en dépendaient. Cette tendance s’accroît avec la montée précoce en alpage grâce aux camions, alors qu’autrefois la floraison de printemps intervenait avant l’arrivée des troupeaux. Les produits vétérinaires rejetés par les moutons détruisent les scarabées qui se nourrissent de leurs déjections, et les oiseaux qui mangent ces insectes. Une grande concentration de moutons a déjà provoqué des épidémies de kératoconjonctivite ou de brucellose, mortelles pour les isards et les bouquetins. Enfin les troupeaux laissés libres ne contournent plus les petites zones humides d’altitude, oasis d’une biodiversité rare et concentrée. Leur piétinement et leurs déjections dessèchent les sols et polluent les eaux.
On ne peut donc affirmer que la présence de moutons est dans tous les cas bénéfique pour la biodiversité, cela dépend de la conduite des troupeaux et du nombre de têtes. On ne peut évidemment pas dire qu’éradiquer l’ours, le loup ou le lynx améliorerait la biodiversité, sauf à décréter progressivement que la biodiversité c’est l’ensemble des espèces moins celles qui déplaisent, l’ours pour les uns, le héron ou le renard pour les autres, le frelon ou le moustique pour beaucoup…
Pour favoriser la biodiversité, maintenir un pastoralisme de montagne, oui mais pas n’importe lequel.