Selon une nouvelle étude, environ la moitié des louveteaux naissant chaque année dans le Minnesota (USA) meure de la parvovirose, une maladie hautement contagieuse. La maladie a stoppé la croissance de la population de loups de l’état alors que les loups augmentent rapidement leurs effectifs et étendent leur territoire dans le Wisconsin, le Michigan et les états de l’ouest. « Mais ce n’est pas le cas dans le Minnesota parce qu’il y a juste assez de naissances pour maintenir la population » explique David Mech, expert du loup et auteur principal de l’étude. La population de loups du Minnesota est d’environ 3000 individus et augmente de 4% par an alors qu’elle augmente de 16 à 58 % dans d’autres états.
La parvovirose n’est pas nouvelle dans le Minnesota mais c’est la première fois que son effet sur les loups est étudié en profondeur. L’étude conclue que 40 à 60 % des louveteaux succombent à la maladie. Le virus a été découvert dans la fin des années 1970. Il affecte les chiens, les loups et les coyotes en attaquant l’appareil gastro-intestinal et en causant perte d’appétit, fièvre, vomissements et sévères diarrhées. Les animaux deviennent déshydratés et peuvent mourir en quelques jours.
Selon Mech, les louveteaux de moins de 12 semaines sont particulièrement vulnérables. « Le virus attaque presque toujours les tissus à croissance rapide ; c’est la raison pour laquelle il attaque les jeunes animaux. Si les adultes sont exposés, ils ne montrent pas de réels symptômes la plupart du temps ». Pour les louveteaux, la maladie est généralement fatale. Si la mère est exposée, les anticorps sont transmis aux jeunes mais cette immunité disparaît après 8 à 12 semaines. Les louveteaux peuvent alors être infectés par les autres membres de la meute. Si la mère n’est pas exposée à la maladie, les louveteaux sont saufs pour environ 3 semaines, le temps de leur séjour en tanière, généralement fin avril / début mai. Après, ils sortent pour rejoindre la meute et peuvent être infectés. Le virus se diffuse à travers les excréments que les loups et autres canidés sentent, lèchent ou ingèrent. Il peut être transmis entre chiens, loups et coyotes et peut être renards.
Mech a utilisé les données d’un recensement hivernal de la population de loups dans une aire d’étude à l’est d’Ely (Minnesota), des estimations du taux de survie des louveteaux dans un plus larde secteur de l’état et la présence des anticorps de parvovirose chez plusieurs centaines de loups capturés et testés. Les données ont été tirées des recherches entre les années 1970 et 2004 et publiées dans le Journal des Maladies de la Faune Sauvage (Journal of Wildlife Diseases).
Un expert pas convaincu
Dan Stark, spécialiste du loup pour le Département des Ressources Naturelles du Minnesota, indique que l’étude a certains mérites mais que ses conclusions sur la mortalité des louveteaux auraient besoin de davantage d’investigations. Pour tous les scientifiques qui ont étudié la biologie et le comportement des loups, très peu est connu au sujet du taux de survie des jeunes louveteaux. « C’est l’une des choses très difficiles à obtenir parce qu’il faudrait aller dans les tanières et manipuler les louveteaux » explique t il.
C’est vrai que la population de loups du Minnesota a solidement augmenté jusqu’à la fin des années 1990 et s’est stabilisée pendant la dernière décennie ; mais Stark indique que la maladie ne joue peut être pas le rôle le plus important. Les louveteaux meurent aussi de faim ou sont tués par des ours noirs et des rapaces. L’augmentation de routes et d’interactions avec les humains limite aussi probablement l’expansion des loups dans les zones agricoles à l’ouest et au sud. Mech est d’accord que les louveteaux meurent d’autres causes mais dit que la maladie joue un rôle plus important que ce qu’on pensait.
La vaccination n’est pas possible pour les louveteaux en milieu naturel.
Alerte sur l’Isle Royale
La parvovirose est bien connue des chercheurs du parc national de l’Isle Royale (île des Grands Lacs appartenant au Michigan), dans lequel les scientifiques étudient les interactions loups / élans depuis 50 ans.
John Vucetich, chercheur à l’Université du Michigan, indique que quelqu’un a enfreint les lois du parc en 1980 et a amené un chien sur l’île. En 2 ans, la population de loups a chuté de 50 à 14 animaux. Les loups survivants ont développé une immunité et la maladie a disparu pendant des années avant de réapparaître en 2007 chez 2 des 6 loups testés. Jusqu’ici, la maladie n’a pas affecté les taux de naissance ou de mortalité des 23 loups de l’île mais la surveillance reste de rigueur.
Sources :