Communiqué de FERUS, 8 avril 2015
Depuis le retour du loup en France en 1992, on constate un taux d’accroissement moyen de la population de 19 % par an (ONCFS, 2014). Pourtant, l’espèce est toujours en phase de colonisation, notamment hors des Alpes, et ce taux devrait être plus élevé.
Si l’on considère ces 10 dernières années, mathématiquement, ce taux d’accroissement chute même à 12,3 %, bien loin des 19 % annoncés (population estimée de 94 individus en 2004 ; 300 en 2014).
20 ans après le retour du loup, le seul noyau reproducteur est situé dans les Alpes. L’unique couple reproducteur des Vosges ne constitue pas quant à lui un noyau de population. Alors que des loups sont signalés dans le massif Central et les Pyrénées depuis les années 1990, aucune reproduction n’y a jamais été détectée. Par comparaison, l’Allemagne, où le retour du loup date de 2000, compte un nombre de meutes similaires : 31 en 2015 contre 29 en France (à l’issue de l’été 2014, ONCFS).
Accompagnant cette croissance en demi-teinte en France, nous constatons la forte augmentation des arrêtés d’autorisation de tir des loups, qui vient s’ajouter à une pression de braconnage importante limitant déjà l’expansion du loup. Sur toile de fond d’une progression spatiale présentée comme un indice de bonne santé de la population, cette position occulte le fait que plus de la moitié de l’aire de répartition du loup présente des densités faibles voire seulement des individus isolés. Il est normal qu’il y ait de vastes zones où les densités de loups sont faibles, mais il n’est pas normal qu’il n’y ait pas encore d’autres noyaux de populations reproducteurs en France. Un discours tente de se bâtir sur le principe d’état de conservation favorable de la population de loup en France, ce qui est loin d’être évident.
L’état de conservation ne se décrète pas. La France a pour obligation de permettre la croissance spatiale et démographique de l’espèce, notamment hors des Alpes.
Tant que cet objectif d’avoir plusieurs noyaux de reproduction n’est pas atteint, nous pouvons considérer que l’état de conservation du loup n’est pas encore favorable en France et que l’augmentation des demandes de tirs n’est pas conforme aux réglementations européennes.
D’après l’article de Vincent Vignon, écologue « Une expansion difficile du loup en France » (la Gazette des grands prédateurs n°55, février 2015)
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1 commentaire sur “Une expansion difficile du loup en France”
[…] Depuis le retour du loup en France en 1992, on constate un taux d’accroissement moyen de la population de 19 % par an (ONCFS, 2014). Pourtant, l’espèce est toujours en phase de colonisation, notamment hors des Alpes, et ce taux devrait être plus élevé. […]