Le 23 août 2022, l’ONG Center For Biological Diversity a entrepris une action en justice contre l’Agence Fédérale de la Faune Sauvage (USF&W), jugeant que l’Agence était en violation de la loi sur les espèces en danger (Endangered Species Act) car elle n’a pas développé de plan national de restauration du loup. En 2010 le Centre avait déjà déposé une injonction à ce sujet. Jusqu’à présent l’Agence s’est concentrée sur des populations individuelles de loups dans des zones géographiques séparées, au lieu d’examiner à la fois l’habitat actuel et l’habitat potentiel, ainsi que toutes les populations de loups existant dans les 48 états du groupe continental. En 2018 la requête fut rejetée. La nouvelle action en justice fait appel de cette décision et demande à l’Agence de préparer un plan national et d’en effectuer régulièrement l’examen tous les cinq ans comme prévu par la loi. Le dernier ayant en effet eu lieu il y a plus de dix ans…
MONTANA ET WYOMING
Pour rappel, l’an dernier le Montana a voté des lois anti-loups pour le moins extrêmes, autorisant le prélèvement par tous moyens (appât, piège, collet, chasse de nuit avec utilisation de lumière artificielle, lunettes de vision nocturne, infrarouge, thermale, etc). Des méthodes qui ne sont autorisées pour aucun autre animal sauvage. A la fin de la saison, 299 loups avaient été tués. A noter que la population est officiellement estimée à 1160 loups, un chiffre qui est contesté par les organisations environnementales.
De plus, alors que depuis des années la zone adjacente au parc de Yellowstone bénéficiait d’un quota très bas, l’an dernier tout quota a été totalement éliminé, conduisant à la mort de 21 loups du parc. Cela avait déclenché la fureur des associations de protection de la faune, et le découragement des responsables du parc de Yellowstone, qui œuvrent pour la restauration du loup depuis plus de 25 ans.
Le 25 août 2022 la Commission de la Faune Sauvage et des Parcs du Montana a tenu une audience publique pour décider des quotas de chasse pour la saison 2022-2023. Plus de 100 défenseurs du loup ont témoigné en personne, et une centaine de personnes ont soumis un commentaire virtuellement. Les opposants étaient en minorité. En conséquence, la Commission a voté pour rétablir un quota de 6 loups dans la zone qui jouxte le parc. Un petit point positif dont les associations environnementales se réjouissent, mais qui ne fait pas oublier que la Commission a également fixé un quota de 456 loups à abattre cette saison dans le reste de l’État.
Un chasseur possédant un permis de piégeage peut donc légalement tuer jusqu’à 20 loups (10 par chasse,10 par piégeage).
En ce qui concerne le Wyoming, un quota de 22 loups a été fixé pour la zone qui borde le parc au sud. Donc entre le quota du Montana et celui du Wyoming, il ne fait aucun doute que les loups de Yellowstone continueront à disparaitre cette saison. Comme nous le savons, l’éclatement des meutes conduit à une augmentation des prédations. Ces mesures ne font donc pas preuve d’une gestion responsable, et tendent plutôt à considérer le parc de Yellowstone comme une réserve de loups renouvelable conservée à la seule fin de pouvoir l’éliminer à loisir la saison suivante.
Les scientifiques ont noté un changement de comportement parmi les loups de Yellowstone depuis les chasses intensives de l’hiver dernier. En effet, d’ordinaire, les loups dominants d’une meute sont les seuls à se reproduire. Mais la hiérarchie des meutes ayant été bouleversée par le nombre record de morts, certains loups ont abandonné leurs habitudes de reproduction sélective. Doug Smith, Directeur du Wolf Project pour le parc, a commenté : “Cette saison, de multiples femelles ont été gestantes dans au moins deux meutes, Junction et Wapiti – et cela pourrait être dû à la hausse de la mortalité. Cela a rompu la structure sociale, cela a dérangé la hiérarchie, et en fait a produit davantage de louveteaux. Bien sûr ce n’est qu’une hypothèse mais c’est ce que j’appellerais une stimulation artificielle de la capacité des loups à se reproduire. En allant les tuer, on stimule la reproduction. Ça n’est pas ce que nous voulons car cela ne correspond pas à la mission des parcs nationaux. Notre mission est de protéger les processus naturels”.
Enfin, le 9 août dernier un nouvelle plainte a été déposée contre l’Agence Fédérale de la Faune Sauvage par une coalition d’associations environnementales (Center for Biological Diversity, Humane Society, Sierra Club) dans le but d’arrêter les chasses qui ont lieu dans les Rocheuses du Nord. La coalition demande que la protection fédérale soit rétablie, les pratiques actuelles étant une menace pour la conservation de l’espèce dans la région.
ISLE ROYALE (MICHIGAN)
La population de loups de l’Isle Royale a atteint le chiffre de 28 individus. Après que les loups aient presque disparu de l’ile en 2018, de nouveaux individus avaient été réintroduits et ont bien progressé depuis. L’ile comporte une large population d’élans, qui étaient en surnombre sans prédateurs et endommageaient la forêt. La population d’élans est maintenant estimée à 1346 individus (soit 28% de moins qu’en 2020 où ils étaient plus de 1800).
CALIFORNIE
Onze nouveaux louveteaux sont venus s’ajouter à la population de loups de l’état de Californie cette année, cinq pour la meute Lassen (la plus ancienne en Californie) et six pour la meute Whaleback. La meute Lassen comprend maintenant douze individus, et la meute Whaleback treize.
OREGON
Le département de la Faune Sauvage de l’Oregon a annoncé avoir des images de ce qui pourrait être une nouvelle famille de loups dans le sud ouest de l’Oregon. C’est la première fois de l’ère moderne qu’un loup de Californie se disperse dans l’Oregon et fonde probablement une famille. Ces loups sont la femelle de l’Oregon OR-115 et le mâle de Californie LAS013, qui a quitté sa meute natale Lassen et a migré dans l’Oregon fin 2020.
Catherine Frizat pour FERUS
