Vivre avec le loup en Lozère. Par Rémi Destre, président de l’Association lozérienne pour l’étude et la protection de l’environnement.
Article paru dans la Gazette des grands prédateurs n°58 (décembre 2015)
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Le Loup est un élément de notre biodiversité, il appartient à notre patrimoine biologique naturel autant que culturel. C’est une espèce protégée par la loi, au niveau européen et national, parce qu’il a failli disparaître et parce qu’une volonté majoritaire de nos concitoyens aspire à préserver cet animal fascinant… Et, pour les grands équilibres écologiques comme pour l’équilibre psychique de notre société humaine, c’est tant mieux.
Le loup est un animal qui accompagne l’homme depuis la nuit des temps et qui est ancré dans l’inconscient collectif de tous les peuples de l’hémisphère nord. Personnage incontournable de notre littérature enfantine, il devient pour l’homme adulte objet de crainte ou de fascination… Mais il est là toujours dans les têtes… Et, après quelques courtes décennies d’absence de nos paysages ruraux, il réapparaît dans nos campagnes.
FAUT-IL ACCEPTER SON RETOUR OU LE CHASSER?
Revenu spontanément dans les Alpes du Sud au début des années 1990, le loup poursuit son expansion à travers le pays et reconquiert lentement une partie du territoire d’où il a été éradiqué il n’y a pas si longtemps. D’abord, parce que ce prédateur (de 25 à 35 kg) trouve un garde-manger naturel conséquent en faune sauvage… Depuis la loi de 1976 sur la Protection de la Nature et la mise en place de plans de chasse efficaces dans tous les départements, les populations d’ongulés sauvages, bovidés (chamois, bouquetins et mouflons), cervidés (cerfs et chevreuils) et sangliers se sont considérablement développées. Pour l’illustrer, en Lozère, le plan de chasse du chevreuil est passé de quelques individus en 1980 à plus de 3 000 en 2015 et le cerf, après sa réintroduction réussie en Margeride et dans le Parc national des Cévennes, ne se chasse que depuis 1981 et ce sont entre 800 et 1 000 individus qui sont aujourd’hui prélevés annuellement. Un garde-manger bien rempli, accompagné de toute une petite faune comme les lièvres mais surtout des rongeurs comme les campagnols.
Le loup ne met pourtant en péril aucune de ces populations d’animaux sauvages parce qu’il a un régime éclectique et s’adapte aux ressources de son environnement.
Le loup joue ainsi ce rôle bénéfique de tout prédateur en favorisant la régulation de ses espèces proies avec notamment l’éclatement des noyaux de populations d’ongulés. Sa présence évite les concentrations et les transmissions de maladie, les animaux les plus faibles ou malformés étant chassés et consommés en priorité. Le loup participe ainsi directement à la santé de la faune sauvage.
Et en maintenant un état de veille permanent chez ses proies, il diminue la pression d’abroutissement favorisant en cela la régénération forestière mais aussi la production fourragère là où la présence en surnombre d’ongulés sauvages (mouflons ou cervidés) affecte la production de certaines parcelles en herbes ou en céréales.
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